tag:blogger.com,1999:blog-74000770805138557162024-03-21T06:29:01.945+01:00Rebel WaltzPauline Espagnohttp://www.blogger.com/profile/17406982288866432244noreply@blogger.comBlogger31125tag:blogger.com,1999:blog-7400077080513855716.post-65801396061977812582014-12-03T21:53:00.001+01:002014-12-03T22:36:41.879+01:00Pour qui sonne le glasAu début des années 2000, quelques-uns de mes potes avaient un groupe de rock à Toulouse. Ca s’appelait Seaside, je les ai déjà évoqués il y a quelques temps, et pour une gamine, connaître un groupe c'était la grande aventure. On était une bande de potes soudée autour d'eux, ça a duré quelques années, jusqu'aux prémices de l'âge adulte, celui qui amène les questions qui fâchent et font prendre les premières décisions difficiles. Ce que je vais évoquer remonte à plus de dix ans maintenant, et si ma mémoire ne me joue pas des tours, mes potes de Seaside s'étaient réunis un soir pour mater "Some Kind Of Monster",le docu-thérapie de groupe de Metallica.<br />
<br />
De leur propre aveu, ils ont splitté quelques jours après.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
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<iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.youtube.com/embed/xqgsHTjSvPY?feature=player_embedded' frameborder='0'></iframe><br />
<br />
<br />
Yohan aura sans doute du mal à me confirmer ça, officiant maintenant à la batterie de Cats On Trees, je ne pense pas qu'il aura le temps de lire ce post. Peut-être JB, alias<a href="https://www.facebook.com/martimusique" target="_blank"> Marti</a>, si tu passes par là garçon: légende urbaine que cette anecdote, ou bien la vision des Four Horsemen, méta-millionnaires, empereurs de la musique saturée, et pourtant incapables de passer le stade anal, vous avait-elle bel et bien convaincus à l'époque que faire de la musique était un aller simple vers l'enfer?<br />
<br />
On l'a rematé il y a peu. Mon homme a une certaine tendresse pour St Anger, l'album conçu pendant ce documentaire, je l'ai pour ma part toujours détesté. Manque d'empathie, il est vrai. Quand j'ai vu ce film il y a dix ans, les mecs de Metallica m'étaient apparus dans toute leur connerie, l'alcoolique, le control freak, l'autiste. Pas de quatrième puisque le déclencheur de la crise amenant "Some Kind Of Monster", c'est le départ de Jason, le bassiste, lassé de devoir s'excuser d'exister à la place de Cliff Burton.<br />
<br />
Cliff Burton était LE bassiste de Metallica, et plus franchement, était aussi son âme. Metallica est devenu titanesque grâce à lui, et a payé le prix fort de ce succès: à quoi bon te rouler dans les billets et la dope si ton meilleur pote n'est pas là pour en profiter avec toi?<br />
<br />
Ce qui est raconté dans Some Kind Of Monster, c'est la lassitude de ces gars de cinquante ans, à la tête d'un empire financier, se croyant obligés de rester ensemble, d'un pour la thune, jamais assez de thune, de deux, sans doute pour que Cliff Burton ne meure pas une deuxième fois. Je le comprends en l'écrivant. Comme quoi tu peux avoir touché les étoiles et ne toujours pas savoir lâcher prise.<br />
<br />
<br />
Camille, avec <a href="https://www.facebook.com/pages/Jamestown-FR" target="_blank">Jamestown</a>, vit ce moment intéressant de la carrière d'un groupe où tout est encore possible. Se planter, marcher, tout changer, ne toucher à rien, pas encore de réseau, peu de potes dans ce milieu, ils ne font de la musique que pour la musique. Je reste marquée pour une discussion d'il y a quelques mois. Camille est punk. Bien plus punk que la plupart des grandes gueules à tatouages apparents que je connais. Je m'inquiétais des effets de son tic de scène favori, à savoir se jeter sans prévenir dans un public pas assez remuant à son goût, puisqu'il fait quand même quasi deux mètres et n'est pas taillé dans un bâton de sucette non plus.<br />
Réponse parfaite, cinglante: "Je m'en fous. On s'en fout. On vend pas des churros, on fait du rock. C'est le public, pas nos CLIENTS."<br />
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.youtube.com/embed/jm7iVc2ReP8?feature=player_embedded' frameborder='0'></iframe></div>
<br />
<br />
Je l'ai vu faire exploser de rire son public, ce mec-là, je l'ai vu aussi envoyer chier les classiques relous trop pintés, en s'inquiétant peu qu'ils se tirent ou n'achètent pas le CD. Il est chez lui sur scène, mais il ne joue jamais la comédie. Son maître à penser, c'est Devin Townsend.<br />
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.youtube.com/embed/3f20L0msLsM?feature=player_embedded' frameborder='0'></iframe></div>
<br />
<br />
En voilà un qui les mériterait, les millions de Metallica, tant la totalité de son oeuvre est sincère, sa créativité impossible à juguler. Quand Metallica accouche péniblement d'un St Anger, après la détox de James, Devin arrête de prendre les médicaments soignant son trouble bipolaire, précisément pour accoucher d'Alien, avec Strapping Young Lad. Devin Townsend est le Robin Williams du metal. Toujours la bonne vanne, le bon riff au bon moment, conscient d'être fragile, et se déversant sans fard dans ses compos. Punky Brüster, son gros glaviot parodique racontant le destin d'un groupe qui se vend et se pervertit pour le succès? Un des meilleurs albums de punk rock de l'histoire. Les femmes autour de lui? Anneke Van Giesbergen, ex-The Gathering, Dominique Persi de Stolen Babies, qu'il magnifie, à qui il confie des rôles et des lignes de chant sublimes<br />
<br />
. Devin était un gamin taré, drogué, la fin de SYL, il l'a voulue pour s'occuper d'abord de lui,et de sa famille. Résultat? il est maintenant quadra et papa, toujours aussi fou, il pète le feu et il fait deux fois plus de musique qu'avant.<br />
<br />
L'avenir pour Metallica serait d'arrêter les frais. C'est pas grave les mecs. Lars tu n'as plus envie de jouer. Ca ne t'intéresse plus, je te vanne sur Facebook une fois par semaine en prétendant que le prix du billet pour le Hellfest a monté pour te payer des cours de batterie alors qu'au final vous n'y serez même pas, on va se taper Slipknot et Scorpions à la place, Kirk, tu veux refaire des solos, fais donc mec, remonte un truc et sois le patron pour une fois.<br />
<br />
James, arrête, arrête, tonton, arrête avec ce groupe, arrête d'aller buter des ours pour compenser. Laisse partir Cliff. Lui t'aurait dit d'aller envoyer tout ça se faire foutre, et de faire de la country. Ou de ne plus rien faire si c’est ce que tu veux. Mais ça serait dommage. Tu ne dois rien à Cliff, ni à Metallica, ni à nous.<br />
<br />
On n'est pas tes clients.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.youtube.com/embed/rbaXAV56e7c?feature=player_embedded' frameborder='0'></iframe></div>
<br />
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<br /></div>
Pauline Espagnohttp://www.blogger.com/profile/17406982288866432244noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7400077080513855716.post-67970627096775952172014-10-20T21:07:00.000+02:002014-10-20T21:07:40.528+02:00Vingt ans de réflexion.<div style="margin-bottom: 0cm;">
Ce que je préfère dans le fait de me
lever à trois heures du matin pour aller travailler en ce moment,
c'est l'impact de ce rythme de grande sportive sur ma sensibilité
artistique. En me retrouvant, ce matin, à écouter France Gall et
Moustaki dans le même quart d'heure, ça a fait boum dans mon
cerveau: oui, les goûts évoluent en vieillissant. Quand je me
mettrai à Zaz c'est qu'il sera aussi temps de me coller une
curatelle et une pompe à diabète, ceci dit, c'est vrai, c'est un
peu fou, de tous ces artistes que je croyais être partie pour aimer
à la vie à la mort, ceux qui restent, mettons, vingt ans plus tard,
ils ne sont pas légion.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Silverchair. Comme j'ai pu les aimer.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Vous vous rendez pas compte, comme
c'était fou pour une gamine de treize ans, d'apprendre que de
l'autre côté de la planète, des gosses, à peine de trois ans de
plus, avaient fait un premier album en neuf jours, pétaient les
charts et se faisaient couronner nouveaux monstres du rock aussie,
derrière AC/DC et Midnight Oil. A cette époque, un album me coûtait
trois semaines d'argent de poche, et j'étais persuadée qu'une basse
était une guitare à quatre cordes. A moi la fange, à eux l'Olympe. </div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.youtube.com/embed/RZD982yrmx4?feature=player_embedded' frameborder='0'></iframe></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /><br />J'étais tarée, folle d'amour de la bande à Daniel Johns.
Plus précisément de Ben, le batteur, Ben Gillies follement sexy
avec ses longs cheveux bruns et gras juste comme il fallait et ses
quelques bubons d'acné le rendant si authentique. Le premier qui
haussait les épaules en parlant d'eux, je l'empaillais.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Ça serait génial de vous retrouver
mes journaux intimes de l'époque. Je ne les écrivais pas avec un bic
six couleurs à encres parfumées et je n'ai jamais fait de petits
cœurs sur mes i, mais le jour du concert de Silverchair au Bataclan
en 1997, je suis à peu près sûre de trouver une entrée à cette
même date: "Ils respirent le même air que moi, ils marchent
sur le même sol, et j'ai pas le droit d'être à leur concert, je
HAIS mes putains de parents, ils comprennent RIEN, le jour de mes
dix-huit ans je me casse vivre à Paris, je serai journaliste dans
Rock Sound et je ferai ce que je VEUX".Ce journal tenu sur
quasiment cinq ans est, me concernant, le pire objet de chantage qui
existe au monde. Si vous entendez parler d'un cas de combustion
spontané à Toulouse dans quelques semaines, vous saurez: c'est que
je viendrai de relire le récit de cette session d'Action ou Vérité
de juin 1996 où j'ai eu droit à mon premier roulage de pelle avec
Sebastien F., de la 3ème C, ceux qui avaient pas pris option latin mais
qui étaient bons en sport. Sébastien, nous nous sommes compris:
pendant que nous nous abreuvions mutuellement de nos baves , tu
pensais certainement à Ophélie Winter, frémissant dans ton jogging à trois bandes et ton sweat-shirt Oxbow, moi, yeux clos, je t'ai
transformé en Ben Gillies.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
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<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
A cette époque, je croyais aussi que
c'était cool de singer les garçons pour passer pour une fille
originale et rebelle. Six mois plus tard, fin de la vague grunge,
frémissement du style néo: Daniel Johns a commencé à changer de
style, et de coiffure. Là aussi j'ai voulu suivre. Maman, si tu me
lis, je sais que tu me lis: pour m'avoir empêchée, alors que
j'avais un appareil dentaire et des lunettes, de me faire moi aussi
des dreadlocks, je t'aime pour toute la vie.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Avec le recul, Silverchair, c'est pas
bon. En écrivant cela, je viens de sacrifier mon moi adolescent.
Sous tes yeux, ingrat public, je délivre enfin cette gosse blonde,
aux joues roses et aux dents bardées de fil de fer, qui sentait son
âme défaillir et sa puberté déferler tambour battant à la
mention des petits australiens, à en éclater le rayon disque de la
Fnac et une brassière Miss Helen par semaine. </div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />Daniel muait à
moitié sur le premier album qui dégageait toutefois une colère
intéressante. Ils se tapaient des trips inutiles au sithar sur le
deuxième pour tenter de frôler du doigt le génie créatif du Zep,
leurs idoles, sans comprendre que pour faire aussi bien que le Zep,
il faut avoir déjà couché avec quelques filles. Entre temps j'avais
couché avec quelques garçons,aux cheveux courts qui plus est, et
Ben Gillies me semblait déjà moins irrésistible. Le troisième
album était le pire: planqués sous trois tonnes d'orchestrations
coûteuses, gisaient les lyrics les plus insipides et creux de toute
leur carrière. Disparus les reliefs et bords tranchants de leur
musique, pour toujours. Et à l'époque il ne fallait pas me parler
de pop. Jamais.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Alors j'en ai profité pour donner plus d'attention
aux disques de hip-hop de mon mec de l'époque, soudain j'avais
dix-huit ans, je n'étais pas montée à Paris, je n'étais
certainement pas journaliste et pas prête d'y arriver, j'étais
souvent en colère et j'ai tranquillement abandonné Silverchair.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Mais ils m'ont marquée à vie, ces
trois petits australiens. Je ne pouvais certes pas me faire piercer
le sourcil comme Daniel, mais je pouvais écouter ce qu'il avait à
dire quand il arrêtait de se prendre pour Eddie Vedder.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Ils portaient des t-shirts de Primus,
de Minor Threat? Ils parlaient de Get in the Van, d'Henry Rollins, de
leur toute première répète où ils avaient bossé du Black
Sabbath? Je suivais à la lettre ces indications occultes, celles qui
allaient me rendre vraiment méga cool, et je passais tout mon argent
de poche dans des cds et des livres qui allaient au final me marquer
bien plus durablement que Silverchair.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
J'ai eu des nouvelles de Ben Gillies. Il
ressemble au fils caché de Danny Trejo et de Paul Rudd, ce qui non,
n'est pas alléchant.Sa femme, médium de profession, du genre qui mime des
guillemets avec ses doigts, est au casting d'une une émission de
télé réalité australienne nommé "Real Housewives of
Melbourne". Elle est toute en talons aiguilles, robes moulantes
dorées,Majimèches, telle une Miss Cavaillon 1992. Ils s'exhibent
régulièrement dans ce show, et viennent de créer une gamme de
cocktails alcoolisés trop sucrés. Ben a le regard éteint. Il ne
fait pas trop de musique. Il marne un peu. Pour être franche, il
fait un peu beauf. Je n'écoute plus sa musique.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Mais en repensant à Silverchair,
j'espère avoir une fille adolescente un jour. Ça sera à pleurer de
rire. </div>
Pauline Espagnohttp://www.blogger.com/profile/17406982288866432244noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7400077080513855716.post-57082606709516013942014-10-08T20:16:00.000+02:002014-10-08T20:33:19.322+02:00L'âge d'or du grotesque<div style="margin-bottom: 0cm;">
Il y a quelques mois, en contrat à
Limoges, je rentrai quelque soirs de suite dans mon appart avec une
certaine impatience, me lover dans une couverture, “Apparences”
en main. Deux soirs pour être exacte. J'ai dévoré le livre de
Gillian Flynn, un polar étourdissant, dont l'adaptation ciné est
sortie aujourd'hui.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.youtube.com/embed/esGn-xKFZdU?feature=player_embedded' frameborder='0'></iframe></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Je l'ai vu ce matin; c'est beau
d'assister à une telle réunion de talents. En général le principe
même de blockbuster, de supergroupe, de projet au casting de brutes, a tendance à me faire un peu rigoler. Le foie gras et
le saumon ça bute, mais pas ensemble sur la même tartine.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Un couple se rencontre, s'aime aux
premières secondes, de cet amour complice dont nous avons tous rêvé.
Lui, c'est Nick, parfait guy next door, elle, c'est Amy, belle
brillante et riche, ridiculisée par des parents l'ayant transformée
en héroïne pour la littérature jeunesse. Lui, prêt à la sauver,
elle, de sa super vie et à lui offrir une vraie vie en retour. Ils
sont beaux, si bien assortis, marrants, on les adore. Jamais seuls à
l'apéro, c'est ce couple invité à tous les mariages de l'année,
ceux dont on espère en les fréquentant qu'un peu de leur grâce
déteindra sur nous.<br />
<br />
Le couple affronte avec grâce toujours, toutes
les étapes du mariage, puis toutes les scories d'une époque de
crise, puis ils perdent leur boulot, quittent Manhattan pour le trou
du cul du monde du Midwest, pour s'occuper de sa mère à lui,
malade. Quelques soucis s'installent, ils s'aiment peut-être un peu
moins, pas de quoi s'affoler. Mais pourtant, un matin, elle
disparaît. Et ça sent fort le roussi pour lui.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
L'amour, tiens.... Nous avons tous rêvé
de cet amour qui nous transcende et nous révèle à nous-même, qui
nous apprend qu'être imparfait est normal, et qu'on ne sera vraiment
aimé qu'en l'admettant. C'est une saine leçon. Perso ça m'a
rapporté un jules qui est encore et toujours là malgré mon
tatouage de Star Wars et mes vieux cds de Limp Bizkit. Il est jeune
et fauché, je le suis un peu moins. Nous avons eu notre lot de
petits et gros, voire très gros problèmes. Mais nous ne jouons pas
l'un avec l'autre. Interdit. On s'est vus chialer, hurler, exploser
de colère, être tristes, paniqués, on se frite, on n'est pas
d'accord, on trouve les compromis,on fait comme on peut. Ca c'est
entre nous. Et en public, nous nous fichons un peu de la
représentation sociale de notre couple, ce qui est sans doute une
bonne chose, en tout cas, cela nous correspond. Nous ne sommes ni
charmants ni sortables partout. Et nous n'avons aucune pression des
autres, aucune attente sur nos épaules. Je suis beaucoup moins dans
le rôle du clown de service, lui n'en a jamais rien eu à carrer.
Pas de représentation. </div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
Apparences, ou Gone Girl au cinéma,
c'est l'histoire d'un couple qui se prend soudain cette notion
d'apparence en pleine poire. Le paraître, ce qu'on donne à voir de
nous, dans notre couple, puis en public, et ce qu'en font les gens.
Comment une histoire d'amour se retrouve sous les projecteurs, les
actes et les personnalités de l'un et l'autre jugés et discutés
par un pays tout entier, au fur et à mesure que les jours passent
sans nouvelles d'Amy, mais avec un lot de révélations accablantes
chaque jour au sujet de Nick.<br />
<br />
Il serait criminel de ma part de vous
en dire plus sans spoiler comme une catin, mais je peux quand même
vous dire ceci: vous allez remettre en perspective toutes les rumeurs
qui vont ont régalés au comptoir, sur le Net, dans les téléphones
arabes dont ont fait les frais toutes les petites gens que vous
connaissez, après avoir vu ce film.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
De très bonnes critiques de Gone Girl
sont déjà parues sous des plumes plus intelligentes que la mienne,
notamment le Monde.fr, parlant du discours politique de Fincher, qui
effectivement, lamine sans complaisance la société américaine dans
son ensemble via son film. Et tous ses personnages. La toy girl de
service, c'était celle de Blurred Lines, de Robin Thicke. Les
parents d'Amy? Pompeux et grotesques comme des télévangélistes.
Tous à baffer, tous interprétant ces gens qui s’avilissent
volontiers dès qu'une caméra se fixe sur eux. C'est à frémir et
c'est pourtant notre quotidien.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
J'ai subi plus qu'apprécié la
confession de Valérie Trierweiler, lue parce que mes auditeurs la
lisent aussi. Loin de moi l'idée de contester la légitimité de ce
livre: le fond se comprend, la forme est juste assommante, voilà le
seul reproche à lui faire. Loin de moi l'envie de plomber les mecs
de Mastodon pour avoir fait twerker des meufs dans leur dernier clip:
si, malgré leurs déclarations désolées, la manip consistait juste
à les faire buzzer, ils restent dix mille fois moins injurieux envers les femmes que
ce groupe de reprises vu au before du Hellfest, dont le chanteur
avait soudain éructé au début de <i>Girls, girls, girls</i>: “allez les
nanas là, on veut monter sur scène? on montre ses nichons, je veux
des nichons!”<br />
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Reste qu'ils ont dû avoir des sueurs froides,
Valérie, les pauvres barbus d'Atlanta, en se voyant ainsi dézingués.
Quelle plaie, en 2014, que de devoir gérer et contrôler son image
publique quand les tirs de scuds s'affichent en un quart de secondes
sous une vidéo ou un article. De ne jamais avoir droit à
l'erreur....</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Gone Girl parle de notre obscénité,
tout ce qu'on ferait pour avoir le contrôle de notre image, de ceux
qui y arrivent, et ceux qui se plantent. Ce n'est pas la première
fois que Fincher parle d'obscénité: son serial killer la
pourfendait dans Se7en. Son Zuckerberg l'exploitait dans The Social
Network. Là c'est plus simple encore.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Là, mes amis, nous avons droit à une
partition jouée avec précision, intelligence et respect de l'oeuvre
originale. Ducasse, le grand chef, après des années d'effets de
manche et de poêlons, ne jure plus pour le dessert que par de
simples figues à peine brossées de leur poussière, Fincher devient
quant à lui un véritable Ducasse du cinéma: un scénario désossé
de ses aparté, et les acteurs parfaits. Choisis avec cruauté
tellement Ben Affleck est le bonhomme terre-à-terre et trop doux
pour n'être pas un peu veule. Tellement Rosamund Pike, trop vite
classée blonde polaire, incarne avec précision son
personnage de femme à la dérive.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
Ah vous voulez vous montrer? Vous
voulez faire parler de vous à tout prix? Allez voir le dernier
Fincher. Il vous rappellera de choisir soigneusement ceux à qui vous
vous montrez sous votre vrai jour. Ou d'assumer d'être imparfait, mais dans l'obscurité seulement.Pauline Espagnohttp://www.blogger.com/profile/17406982288866432244noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7400077080513855716.post-67680291029758647222014-05-07T18:14:00.003+02:002014-05-07T19:36:34.478+02:00Hole in my soul<div style="margin-bottom: 0cm;">
Salope. Junkie. Menteuse. Meurtrière.
Imaginez donc entendre et lire ces mots-là à votre sujet depuis
vingt ans. Demandez-vous quel impact ces mots, de simples mots,
peuvent avoir sur un être humain, répétés comme une invocation
diabolique, pendant vingt ans, sans discontinuer. Que pourrait-il se
produire?</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Courtney Love a très certainement de
mauvais côtés au naturel, amplifiés par sa toxicomanie, certes,
mais pas moins par la pression monstrueuse qu'elle subit depuis que
Kurt Cobain a été retrouvé mort.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Ce jour de 1994, j'avais onze ans, et
l'écran de télé reflétait quasi non stop un visage perdu, d'un
blond angélique, celui d'un jeune homme qui venait de connaître une
fin tragique dans sa maison de Seattle. Quelques mois après, mon
parrain m'a offert<i> In Utero,</i> l'album testament d'un mec qui allait
incontestablement mal. En vieillissant, en ayant le même âge que
Kurt, puis en devenant plus âgée qu'il ne le serait jamais, c'est
une certaine pitié qui a pris le dessus sur ma nostalgie de l'ère
grunge: Kurt s'était foutu en l'air au sommet de la gloire et en
étant un jeune papa.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
C'est un point de vue éminemment
personnel que j'exprime ici,mais parmi les choses qui valent la peine
de s'accrocher à la vie, figurent l'art, les copains, le sexe, le
gaspacho et les enfants. Une pitié immense, parfois mêlée de
colère pour sa gamine orpheline avant même d'avoir pu profiter de
son père, me prend quand je pense à Kurt Cobain. Et partout sur la
planète,des gens qui aimaient Nirvana ont sûrement ressenti ce
sentiment mitigé, mixé d'incompréhension, voire peut-être de
mépris.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Quand on est face à un événement
aussi injuste, le plus facile à faire c'est encore de trouver un
coupable tout désigné, parce qu'admettre qu'une idole, un mec qui
nous donnait le sentiment d'être moins seuls, puisse avoir des pieds
d'argile et nous résumer brutalement, en un coup de fusil, à nos
propres failles, c'est parfois trop difficile.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Quoi de plus évident que de s'en
prendre à Courtney Love?</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Courtney a passé toutes les années
qui ont suivi à esquiver les balles, la presse, les fans, les
accusations de meurtre. Ça ne pouvait être qu'elle, elle qui avait
poussé Kurt à se tuer, elle qui avait chargé le fusil. La rumeur
voulait que le couple soit au bord du divorce avant le suicide de
Kurt. On retrouve des documents privés par-ci, des photos volées
par-là. Le suicide de Kurt est le supplice de Sisyphe de Courney:
jamais elle ne fera oublier ce drame. Il la suivra jusqu'à la fin de
sa vie. A la moindre connerie, voire le moindre geste humain, c'est la mort de Kurt qui planera sur tout ce qu'elle dira, sortira, chantera, crachera. </div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Sauf qu'elle n'a pas précisément eu
l'attitude d'une veuve de marin. Elle a sorti "Live Through
This", énorme album de Hole, quelques jours après la mort
de Kurt. Elle a passé les dix années suivantes à travailler sa
musique avec tous ses amants, Billy Corgan, Evan Dando. A suivi
"Celebrity Skin", curieuse production aux arrangements
naïfs,sucrés,mais dans lequel la hargne, l'amertume d'une veuve,
transpirait non stop. Courtney avait enterré un mari, mais elle
n'avait pas demandée à être ensevelie avec le pharaon. Elle avait
choisi de rester debout, les narines pleines de coke, l'injure en
permanence à la bouche, mais vivante, et bruyante, tellement
bruyante. Et tellement en colère.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Je ne m'identifierai jamais à la
Courtney qui blaste tout ce qui passe sur Twitter, celle qui n'a plus
le droit d'approcher sa fille. Quand on y pense, elle se suicide elle
aussi, mais différemment de Kurt: à petit feu, socialement, à la
face du monde. Mais je garderai toujours le souvenir de la Courtney
de mon adolescence: ces yeux de chat, cette voix de catin
lettrée,cette certitude d'avoir une putain de place dans le monde et
de la défendre coûte que coûte. C'est après une interview dans Rock n' Folk en 1998 que je me suis mise à écouter Leonard Cohen, après qu'elle y ait exposé son amour profond pour cet autre sale gosse du rock n'roll. C'est grâce à Courtney que j'ai arrêté de complexer de mon manque d'argent face aux autres filles de mon lycée bourgeois, que j'ai commencé à me pointer en cours avec des vestes en fausse fourrure, à passer l'épreuve de musique du bac avec une guitare électrique et à rire à gorge déployée des absurdités de l'adolescence. Courtney est impossible à vivre,
brutale, déchirée. Oui c'est une vraie salope. Elle ose s'attaquer
à Dave Grohl, le si sympathique pote de Kurt, pour mieux le prendre
dans ses bras devant les caméras pendant le concert hommage des
vingt ans de la mort de Kurt. Personne n'était dupe de la manip, du
plan com' derrière cette embrassade. Surtout pas Courtney, trop
cynique pour ne pas retourner une situation de sur-exposition à son
avantage: je sais que vous me regardez, je sais que vous savez que
c'est du flan, vous savez que je m'en tape, et j'en tire de la force.<br />
<br />
Je me demande ce qui se passerait si jamais on apprenait que Dave Grohl, par sa qualité de simple être humain, est lui aussi pétri de défauts, et que Courtney ait des raisons privées mais légitimes de vouloir lui péter la gueule. Allez savoir. Puisque nombreux sont ceux qui s'érigent en juges du procès Courtney Love vs. le monde, autant que ledit procès soit équitable et bien mené. </div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Malgré toutes les conneries qu'elle a
pu faire ces dernières années, je persiste et je signe: j'admire
Courtney Love. Si j'avais l'opportunité de lui tendre mon micro un
jour, je sais que je m'exposerais à une possible incartade de sa
part. Peu importe. Vous vouliez du rock n' roll, du grand spectacle,
du sang? Courtney est là. Avec tout ce qu'elle veut dégobiller
depuis vingt ans, depuis qu'elle se fait traiter de meurtrière tous
les jours sans discontinuer. Ça foutrait la cervelle de n'importe qui
en compote, même de la plus gentille et patiente des femmes.
Qu'elle n'a jamais été et que personne n'a le droit de lui demander
d'être. Elle est droguée, malade, mais elle
n'a pas lâché la musique, ni la vie. Personne ne la contrôle, personne ne la tient en laisse, elle est sublimement seule. Et rien que pour ça, je la
défendrai toujours. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<object class="BLOGGER-youtube-video" classid="clsid:D27CDB6E-AE6D-11cf-96B8-444553540000" codebase="http://download.macromedia.com/pub/shockwave/cabs/flash/swflash.cab#version=6,0,40,0" data-thumbnail-src="https://ytimg.googleusercontent.com/vi/Rg_ECFpSceA/0.jpg" height="266" width="320"><param name="movie" value="https://youtube.googleapis.com/v/Rg_ECFpSceA&source=uds" /><param name="bgcolor" value="#FFFFFF" /><param name="allowFullScreen" value="true" /><embed width="320" height="266" src="https://youtube.googleapis.com/v/Rg_ECFpSceA&source=uds" type="application/x-shockwave-flash" allowfullscreen="true"></embed></object></div>
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br /></div>
Pauline Espagnohttp://www.blogger.com/profile/17406982288866432244noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7400077080513855716.post-85839286945947961392013-11-10T23:53:00.001+01:002013-11-10T23:53:43.774+01:00Into the Void<span lang="">Un de mes principaux problèmes dans la vie de tous les jours, c'est de ne pas supporter le vide.<br />
<br />
Je réfléchis comme je fume, à la chaîne, en retirant le plus grand plaisir des plus grosses flambées. Je suis en surchauffe permanente. Donner du sens à tout ce que j'apprend et tout ce que je fais, c'est vital pour moi. C'est dur parce qu'il m'est impossible de supporter le néant et la médiocrité trop longtemps, sans réagir violemment, regimber, voire être en rupture avec bon nombre de gens que je ne peux pas, au final, m'empêcher de juger. <br />
<br />
Dans une semaine j'ai 31 ans. Et j'aurai la confirmation de que je pense depuis bientôt un an: ma crise de la trentaine consiste à accepter totalement qu'il y a des trucs chez moi, des traits de caractère, que je ne maîtrise pas, que je n'ai pas vus s'installer... et que je ne veux pourtant pas changer, jamais. L'intégrité n'a rien à voir avec le fait d'être pétri de vertus. C'est peut-être même d'être fait à 99% de défauts, et de ne pas lutter contre ça. J'aime pas le vide. J'aime pas les formules toutes faites. J'aime pas Nabilla, j'aime pas non plus les sociologues qui font des piges dans le Nouvel Obs sur le dos de Nabilla, j'aime pas les hipsters qui placent tellement au-dessus de Nabilla, j'aime pas qu'elle devienne une muse de couturier ou un objet de moqueries systématiques, tout simplement parce que pour moi, ce mécanisme d'adoration/répulsion pour une personne qui n'a rien fait, rien créé, suivi par des millions de gens, revient à alimenter le néant. Le néant et son pouvoir dévastateur. A croire que tous les mômes de ma génération en disant avoir eu peur devant l'Histoire Sans Fin, ont tous menti. <br />
<br />
Le grand RIEN. Celui, béant, des programmes télé que je fais défiler lors des rares fois où j'allume le poste. Donc maintenant, on finance de la télé-réalité sur tous les sujets possibles? Excusez-moi, n'ayant rien suivi depuis 2007 pour cause de punk rock, je viens de découvrir toutes ces émissions pour trouver des apparts, pour apprendre à récurer une maison, pour devenir le meilleur pâtissier, ou ébéniste ou chauffeur de bus ou que sais-je encore. Ou celle qui envoie des ch'tis en Californie. A noter qu'on n'envoie pas encore des mecs de South Central à Lens. Je ne sais pas si vous vous rendez bien compte du choc que j'ai reçu, à voir débarquer Anémone dans un de ces programmes; Anémone, en train de chercher un appart pour son grand dadais de fils, baladant sa mauvaise humeur et un caniche nommé Turlutte devant les caméras de M6, le tout sur un morceau de Maroon 5. Je remercie le ciel que Desproges soit mort il y a longtemps. Face aux torrents de connerie validés chaque jour en télé, en presse et en radio, même lui n'aurait plus pu lutter. <br />
<br />
Stephen King, dans le volume 2 de "Ca", présentait le personnage secondaire de Patrick Hockstetter, un gamin perturbé, future cible du clown tueur. L'esprit du petit Patrick était décrit comme "un désert glacé rempli de fumerolles". C'est là que j'atterris quand le néant se présente. Dans un désert glacé où j'entrevois la fin de tout ce qui est juste, sincère et intelligent. Selon mes critères. Et à bientôt trente et un ans, j'ai appris à les considérer comme très valables. En gros, ça y est, je deviens une vieille conne. Et c'est génial, que n'ai-je commencé plus tôt, on se le demande. Maréchal, nous voilà. Bring out the gran. <br />
<br />
Dans mes résolutions de toute nouvelle vieille conne, j'ai décidé de ne plus lire MadMoizelle.com. Le webzine féminin jusque là frais et lol, savait proposer des articles fins, qui remettaient en cause ma vision du monde, puisqu'on y parlait sociologie, féminisme, on y dézinguait les complexes et les idées reçues dans des dossiers et des témoignages parfois poignants. Puis MadMoizelle a passé la barre des cent milles pouces sur facebook, certaines plumes de la rédac se sont un peu désolidarisées du projet. Et là mon newsfeed a été inondé du jour au lendemain d'infos de chez MadMoizelle. Des promos sur des petites culottes en Lurex, des sites d'artistes qui redessinent les princesses Disneys en fringues 90'/break-coreuses/version mâle/pop culture, des articles ne se voulant pas sérieux mais devenant relayés et promotionnés jusqu'à la migraine oculaire. J'ai bien compris que l'article récent sur la typologie des différentes façons de pisser ne cherchait pas à décrocher le Pulitzer hein. Mais méritait-il donc d'être bastonné sur mon newsfeed pendant trois jours? <br />
<br />
En parlant de matraquage médiatique, je suis allée voir La Vie d'Adèle sans tenir compte du charivari monstre à son sujet depuis cet été. Quand on est une nouvelle vieille conne, la première leçon qu'on retient, c'est qu'une mauvaise promotion reste de la promotion. Et qu'on ne soupçonne jamais assez jusqu'où les gens peuvent aller pour se faire mousser. Donc vaut mieux pas s'occuper de la communication autour de ce film, et y aller pour voir une histoire d'amour au cinéma.<br />
<br />
C'est fait, donc la Vie d'Adèle est un film bancal, le personnage de Léa Seydoux n'a aucune substance, les dialogues sont à se taper la tête contre les murs, Adèle Exarchopoulos subit les assauts permanents d'un réalisateur fétichiste, plus préoccupé par les muqueuses de la petite que par le confort visuel du spectateur (même Gaspar Noé est moins maltraitant avec son public), et la scène de sexe, mon dieu. Une catastrophe. A voir Exarchopoulos et Seydoux enchaîner les fessées, feuille de rose et autres ciseaux, j'ai pensé à Spielberg, président du jury de Cannes ayant récompensé ce film nul, Spielberg qui aurait déclaré "c'est la plus belle histoire d'amour que j'ai jamais vu, je la montrerai à mes enfants". Steven, tes enfants, c'est nous, bordel, pourquoi tu nous fais ça. J'ai l'impression d'entendre un grand-oncle adoré se mettre à encenser le Front National pendant un repas du dimanche. Une histoire d'amour au ciné, c'est sur lécran entre ses personnages, et c'est aussi entre le film et ses spectateurs. Et moi je suis sortie de la Palme d'Or 2013 en la détestant cordialement, avec ses clichés puants, sa fracture sociale traitée comme dans un Onteniente, si ça, Steven, si c'est ça pour toi l'amour, moi je préfère l'abstinence.<br />
<br />
Vide, néant grotesque, gênant, encore plus terrible est celui du quotidien, car pour une brève de comptoir, combien de platitudes, de banalités, quelle angoisse si commune et injuste que celle du silence. L'impardonnable phrase entendue dans la bouche d'un obscur confrère animateur radio: "boah, nous notre métier, c'est de parler pour ne rien dire". Mon cher je ne me souviens même plus de ton nom, étoile filante que tu étais, comme nous tous, CDD animateurs à Radio France, à passer quelques jours dans une station où j'officiais en même temps que toi. Mais où que tu soies, sache que je pense, chaque jour d'antenne, à ta maxime. Pour toujours veiller à faire le contraire. </span><br />Pauline Espagnohttp://www.blogger.com/profile/17406982288866432244noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7400077080513855716.post-7959166419288915362013-10-10T18:14:00.001+02:002013-10-10T18:19:30.616+02:00Season of the bitch<br />
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Il est important, essentiel pour une
société, pour un être humain civilisé, d'avoir des rituels et de
les respecter. Toute société harmonieuse l'est grâce au maintien
en son sein de certaines formes de déviances. Je suis quelqu'un
d'assez gentil et discipliné, qui paye des impôts, aime bien les
vidéos de petits chats et pense parfois à trier ses ordures. Alors
je m'accorde le droit d'écouter des groupes qui vénèrent Satan
pour de faux, et de regarder des films et des séries parlant du Mal
sous toutes ses formes.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<iframe seamless="" src="http://bandcamp.com/EmbeddedPlayer/album=1098002908/size=small/bgcol=ffffff/linkcol=0687f5/t=5/transparent=true/" style="border: 0; height: 42px; width: 100%;"><a href="http://cobra06130.bandcamp.com/album/le-pont-des-extremes">LE PONT DES EXTREMES by COBRA</a></iframe>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Le Mal m'intéresse. Quand on le tourne en
dérision, quand on l'explique. Mais aussi quand il prend sa source
dans les comportements les plus triviaux et banals, en tout un
chacun, quand aucune force plus grande ne peut s'opposer à lui.
C'est pour ça que j'aime American Horror Story. La troisième saison
vient de débuter aux Etats-Unis, je sors à peine du visionnage du
premier épisode.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: -webkit-auto;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
En 2011 nous avions eu droit à une
époustouflante histoire de fantômes, mal exploitée à certains
égards, certes (un spectre de nourrisson vénère dans une cave
qu'on voit à peine deux secondes, c'est du gâchis), mais dont la
noirceur, la beauté graphique et l'implacabilité de ses scénaristes
m'avaient propulsée au septième ciel. Il m'avait été difficile de
digérer le bordel monstre que représentait la deuxième saison
d'American Horror Story l'an dernier. J'avais suivi les treize
épisodes de cette saison de façon désabusée, hyper enthousiaste
au premier épisode, impatiente d'en finir dès la moitié de la
saison. En matant <a href="http://youtu.be/iwsqFR5bh6Q" target="_blank">Sharknado </a>entre copains il y a peu, nous nous
attendions à un pandémonium de dialogues à se pisser dessus,
testostérone et faux raccords, tous les défauts qui font la
différence entre un merveilleux nanar et un film simplement mauvais.
Une tornade remplie de requins qui déferle sur la Californie? Mais
bon dieu, même si Léa Seydoux et Louis Garrel avaient joué dedans,
ça gardait une chance d'être le nanar de la décennie. Donc un des
meilleurs films qui soit, selon mon échelle de valeurs. Nous nous
sommes retrouvés devant un film idiot qui faisait l'erreur fatale de
se prendre au sérieux. Trop propre. Un peu comme le Through the Never de
Metallica que j'évoque sans même vouloir le mater parce que je sais
déjà qu'il ne sera pas drôle. Alors que quatre gonzes qui sont devenus multi millionaires en chantant des horreurs sur la Bible, ya rien de plus drôle que ça. En théorie. Mais je sais déjà que ça sera une salade indigeste et pas scénarisée pour un sou, pourtant sur-produite, mais hyper frustrante au final. </div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Bref la deuxième saison d'American
Horror Story, c'était ça aussi: un parc d'attraction télévisuel
autoproclamé, mêlant possession démoniaque, nazis, zombies,
extra-terrestres, racisme, homophobie et hippies. Parfois un scénar
c'est comme une bouffe, il vaut mieux une assiette de jambon-purée
maison, préparée simplement avec attention et amour, qu'un monstre
en sauce à huit mille couches de viandes sorti de chez Epic Meal
Time.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Et là je crois, j'espère, je prie
pour que ça soit bel et bien le cas pour cette nouvelle saison. Mais
j'aime ce que j'ai vu à l'instant.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Evoquons quelques menus détails malins
qui m'ont faite battre des mains: un clin d'oeil au Romeo + Juliet de
Baz Lurhmann lors de la rencontre entre le couple d'amoureux de cette
saison, un morceau d'Iron Butterfly sur une scène de meurtre, la
présence de Gabourey Sidibe et Jamie Brewer en apprenties sorcières
badass avec des pouvoirs bien guedins, alors qu'elles sont
respectivement noire et obèse pour la première, et atteinte du
syndrôme de Down pour la seconde. Manoeuvre de casting ultra démago?
Peut-être. Perso je m'en fiche. C'est fini les sorcières Barbies à
la Charmed, Dangereuse Alliance et autres horreurs aseptisées.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Et pour finir , abordons la présence
d'Emma Roberts au casting de cette saison. L'actrice renommée
« Nepotism Roberts » par la presse américaine se
retrouve avec un rôle qui désamorce la polémique à son sujet.
Emma Roberts a la réputation d'être une starlette dénuée de
talent, aurait tabassé son mec (Evan Peters, présent dans la
série), bref, la petite n'a pas été accueillie à bras ouverts par
les fans d'AHS, cf. la page facebook officielle de la série. Emma
Roberts hérite donc du rôle d'une... starlette à la ramasse,
insupportable, incontrôlable, langue de vipère, mais qui dès le
premier épisode, subit quelque chose de si horrifique qu'on passe en
deux secondes du mépris à l'empathie pure pour son personnage. La
manip est énorme, et très efficace. Venons-en maintenant aux
gorgones de la série.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
J'aime que le premier épisode s'ouvre
sur une Kathy Bates monstrueuse, boursouflée, dans le rôle de
Delphine LaLaurie, une serial killer et dame de la haute société de
la Nouvelles Orléans au 19ème siècle. Kathy Bates sera toujours
Annie Wilkes dans « Misery », en fait, incarnera toujours
la folie la plus immonde, et là elle a dû s'amuser comme une petite
folle. Elle est cruelle, assoiffée de sang, tabasse sa fille,
torture ses esclaves, se badigeonne avec leurs organes pour tenter de
conserver sa jeunesse éternellement.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
En face, Jessica Lange, au début du
21ème siècle. Reine des sorcières, robe Versace noire, talons
aiguilles, nez dans la cocaïne, désespérée voir une seule chose
lui résister, malgré ses pouvoirs fabuleux et les milliards de son
défunt mari: sa mortalité. Elle aussi. Et elle a, elle aussi, une
relation bien pourrie avec sa fille. On n'en sait pas vraiment plus
sur Angela Bassett, qui incarne Marie Laveau, reine du vaudou et
contemporaine de LaLaurie au début de la série. D'emblée, cette
trinité féminine séduit, intrigue, mais on se demande comment les
scénaristes d'AHS vont manier ces trois harpies pour que la nouvelle
saison ne sombre pas dans le grand-guignol une fois de plus. C'est ma
principale inquiétude.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Cette quête de la fontaine de
jouvence et de l'éternité est un thème qui me turlupine en ce
moment. Il avait été très bien traité dans la « Comtesse »,
de Julie Delpy, que j'ai savouré récemment, un vrai petit bijou
austère et déprimant à souhait. Mais je viens de trouver un
article sur Regine-déco.fr qui me révèle que vu mes trente balais
passés, j'ai déjà perdu 90% de mes ovules. J'ai moins kiffé.
Souvent je pense à ce moment de ma vie, où, vieille, parcheminée,
quand la peau sous mes bras fera flop-flop, je réaliserai que je
n'ai pas fait un stage dive ou l'amour depuis vingt ans. Peut-être
qu'à ce moment-là je n'en aurai plus rien à cirer, mais en octobre
2013, cette pensée me terrorise jusqu'aux os. Cette terreur est donc
un moteur surpuissant. Assez pour donner corps et vie aux trois
tarées d'American Horror Story Coven? Largement. Messieurs les
scénaristes, ne me trahissez pas. Comprenez-moi dans mes peurs les
plus intimes et exorcisez-les sur le petit écran. Je vous rejoins
pour le sabbat hebdomadaire, en confiance, et avec un parfait amour.</div>
Pauline Espagnohttp://www.blogger.com/profile/17406982288866432244noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7400077080513855716.post-79343394007053341942013-10-09T00:01:00.003+02:002013-10-09T00:01:56.373+02:00On a tous à y gagner.
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm;">
En premier lieu, ne touchez pas au
distributeur automatique de la Banque Postale de la rue du Taur. Plus jamais.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Ensuite voilà l'histoire. D'une
trivialité affolante, mais là ça me fait plaisir de pouvoir au
moins raconter cette petite heure de ma vie, vu que je ne la récupèrerai
jamais.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Je me pointe aujourd'hui rue du Taur ,
à l'ESAV, pour assister à la projection du dernier court-métrage
de mon cher et tendre, et pense aller retirer un peu de thune parce
que les étudiants, ça boit des bières en terrasse sous n'importe
quel prétexte, alors après une projection n'en parlons pas.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Guillerette, enfin, autant qu'on peut
l'être en ayant déjà passé la journée à préparer assez de
photocopies Pöle Emploi pour vider la forêt des Landes, à réclamer
de l'argent bien mérité à un grand groupe de cinéma international
qui serait sans doute plus prompt à payer le salaire de Léa Seydoux,
et en ayant constaté de surcroît que même en ayant trois métiers
à la fois, je ne pouvais toujours pas faire sourire mon banquier. Je
ne me sentais pas trop mal, certes, mais peu confortable. Pas très
trop insérée dans le système. A se sentir coupable de regarder
d'autres vitrines que celles du supermarché.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Donc un peu distraitement, j'introduis
ma carte bancaire dans ce distributeur, effectue une ou deux manips
pour retirer un billet de vingt, et là, tout aussi, distraitement,
nonchalemment même, l'écran m'indique que ma carte ne me sera pas
restituée.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
C'est cruel une machine. Dieu sait que
je les aime, dieu sait que cet amour n'est souvent pas réciproque.
Mais c'est une injustice dont je sais m'accommoder, dans l'humilité,
dans l'effort, en me disant que toutes conneries confondues, la
machine ne fait que ce que l'homme lui a dit de faire. Marvin, mon
ordi, est au bout du rouleau, et je pense qu'il aurait pu tenir six
ans de plus si entre ses touches, n'étaient pas coincé l'équivalent
d'un paquet de clopes et d'un Best Of Royal Cheese. Si un ordi que je
manipule se met à faire n'importe quoi, je m'accuse en premier. Mais
là c'était hors de question.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Bien que mon compte en banque soit dans
un état famélique, il restait assez d'argent dessus pour que je
puisse tirer vingt dols. Aisément. Je n'étais pas non plus partie
dans une rêverie impromptue qui aurait laissé ma carte plus de
trente secondes dans un distributeur inactif. Résultat? Je me
retrouvais sans carte bleue à cause d'une machine défectueuse, et
ce n'était pas ma faute. Un gars s'est approché de moi pour me
prévenir qu'il venait aussi de se faire bouffer sa carte, et
d'autres personnes avant lui, là, la culpabilité m'a de nouveau
assaillie, et j'ai cherché du regard le panneau placé en évidence,
indiquant la panne dudit truc, qui m'aurait prouvé que oui, je me
faisais vieille, que la cataracte frappait enfin, précédant le
crépuscule, l'abandon de tous les êtres chers et le tic-tac aride
d'un réveil posé près d'un verre à dentier.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Rien. Rien du tout. Le petit DAB
luisait, le colibri de son logo flottant paisiblement sur l'écran.
Nul panneau n'indiquait que la sournoise machine dévorait les cartes
de tous les malheureux qui osaient déranger son écran de veille et
le colibri sacré. J'appelle un numéro en 08 horriblement cher pour
expliquer à la dame du téléphone de la Banque Postale, donc, que
c'est une affreuse méprise, que je me demande à qui m'adresser pour
récupérer ma carte immédiatement: « ah mais vous pouvez rien
faire hé, et nous non plus, faut faire opposition hé ».</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
J'ai tracé chercher mon mec pour lui
expliquer la situation, cinquante mètres plus loin. Camille est très
grand, plutôt balèze, a en ce moment une quasi boule à zéro
depuis que j'ai parié pouvoir lui couper les cheveux après avoir
torché une demi-bouteille de vodka mais c'est un autre incident
malheureux qui ne mérite pas qu'on l'évoque plus avant. De plus il
est assez old school dans ses manières: très poli, pas plus
souriant que nécessaire avec le reste du monde, il déteste qu'on
m'emmerde et le fait savoir sans ambiguité, avec une ferveur parfois
toute latine. Lui qui a un huitième de sang belge tout de même. Il
m'a attrapée par la main, et nous sommes partis en direction des
locaux de la Poste du Capitole.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Il m'est difficile d'être désagréable
et cassante avec des gens qui me font suer, certes, mais parce que
leur travail les y oblige. Une empathie confinant parfois à la
lâcheté, plus souvent au fait que je me souviens aisément de tous
ces tafs alimentaires pourris que j'ai fait, traitée de haut, à
peine considérée, vivant un sourire et un merci comme une
bénédiction. Une empathie venant du fait que mon propre père a un
travail difficile, qui l'expose souvent à la vindicte de ses
clients, et que je ne supporterais pas avoir pourri le papa de
quelqu'un d'autre. Sentimentalisme assumé. Donc nous n'avons pas
pourri le premier employé de la Poste que nous avons interrogé au
sujet de ma carte bouffée. Non. Il n'avait pas les réponses à nos
questions, bien que s'étant visiblement fait assaillir par une
dizaine de personnes dans la même journée, sur le même problème.
Dix personnes avaient déjà vu leur carte confisquée, et le
bonhomme en chiait. C'était la fin de la journée, il voulait
retrouver sa femme et ses gosses et ses pantoufles, et une rouquine
furibarde accompagné d'un géant au regard patibulaire venaient lui
remettre dix balles dans le jukebox. On n'a pas voulu s'énerver sur
toi Michel, on t'a compris. Tu n'avais pas les infos, personne ne
t'avait dit quoi faire. C'était pas ta faute, mais celle de ta
hiérarchie. Et t'avais la tête à être le papa de quelqu'un. Alors
j'ai demandé à voir ta responsable.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Alors la responsable s'est ramenée,
agacée, pleine de cette tension qu'on ne sent que certains jours de
pleine lune. Elle savait, elle était au courant que le DAB chiait
dans la colle. Et elle nous a reçu avec cette phrase malheureuse,
celle qui a soudain fait clignoter des petits points écarlates dans
mon champ de vision: « Bonjour, alors la discussion va
s'arrêter sans avoir commencé, ya rien à faire, c'est pas notre
problème ».<br /><br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Plus j'avance dans l'âge adulte, plus
j'en apprends les codes avec surprise et fatalité. Et cette phrase
fait partie des trucs qu'on ne dit pas, jamais, à des clients. Ni a
des collègues, ni à des amis, ni à ton mec, ni à ton éboueur, ni
rien ni quedalle. Camille a employé le mot kafkaïen dans sa
première réplique. Elle a eu l'air saisie, juste assez pour nous
permettre de l'ouvrir et de lui imposer cette discussion qu'elle ne
voulait pas avoir. On a appris que le DAB, siglé La Poste, ne
dépendait pas de la Poste, mais d'une obscure société de
convoyeurs de fonds qu'il nous était impossible de contacter, sous
aucun prétexte. On a appris qu'ils étaient au courant pour les
dysfonctionnement du DAB. On appris que j'avais plus qu'à attendre
gentiment et à retourner de là d'où je venais, et vite parce qu'au
regard peu cillant de la dame, elle en avait maté des plus coriaces
peuchère.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
« Vous êtes en train de me dire
qu'un équipement dont vous vous servez pour votre business, vient de
me paralyser dans ma vie personnelle et professionnelle, que je dois
faire opposition, me mobiliser pendant trois semaines pour gérer ma
vie, mes réservations d'hôtel, mes billets de train, sans carte
bleue, que vous ne voulez rien faire, et qu'en plus, l'essentiel pour
vous, c'est que vos services soient au courant du problème en
interne, mais que le fait qu'il n'y ait aucune signalétique pour
tous les gens qui sont en train de se faire avaler leur CB en ce
moment même, ça vous passe au-dessus? Vous êtes au courant
que moi-même et une autre personne sommes allés chercher un
marqueur pour écrire à côté de la machine, et prévenir les gens
de ne surtout pas s'en servir? »</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
« Ah ben il me faudra vous
signaler à la Mairie de Toulouse pour dégradation alors! »</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />Go ahead, maintenant tu sais
comment je m'appelle. J'ai pas tenu le marqueur, mais si ça avait
été moi, je l'aurait fait en lettres de deux mètres. J'aurais fait
un tag de Gandalf en train de tomber dans les mines de la Moria au
dessus du distri, hurlant « Fuyez, pauvres fous »!
à tous les passants. L'exercice de mauvaise foi d'aujourd'hui me
reste en travers de la gorge, pendant que ma carte bleue dort dans je
ne sais quel conteneur anonyme, géré par une mystérieuse société
trop surpuissante, tellement surpuissante que même les grands
manitous de la Poste n'osent prononcer son nom à voix haute.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Décidément la vie est plus facile
quand on s'appelle Léa Seydoux.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
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<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
Pauline Espagnohttp://www.blogger.com/profile/17406982288866432244noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7400077080513855716.post-9338666298823613432013-09-10T17:04:00.000+02:002013-09-10T17:04:48.490+02:00Year Zero <span style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px;">Faire simple. C'est devenu le leitmotiv depuis que j'ai passé la barre fatidique des trente ans. En novembre dernier, j'ai passé quatre jours à me soûler, danser, faire des bêtises, pensant juste célébrer l'arrivée d'une nouvelle décennie. En repensant aux derniers mois, il est évident que j'ai bel et bien eu droit à ma crise de la trentaine. L'heure d'un bilan que je n'avais pas envie de faire, tenir les comptes, résumer ces trente années sur quelques lignes et aviser.</span><br />
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
<br id="yui_3_7_2_35_1378823416754_94" /></div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
2013 est une année de deuil pour le moment. La mort des illusions, des idéaux. La fin des certitudes. Déménager une fois de plus, atterrir dans l'improbable maison de ville avec jardin dont tout trentenaire rêve sans savoir pourtant ce qu'il en ferait. Repenser à toutes ces moments amers où je me sentais prisonnière de Toulouse, et maintenant empiler les billets de train, savoir faire tenir ma vie dans une valise, et ne plus vraiment savoir où c'est, « chez moi ». Choisir de laisser filer, de lâcher prise, de dire au revoir à ce qui fait mal et handicape, préférer être dans un brouillard total où on avance pas à pas, plutôt que des situations parfaitement claires et douloureuses.</div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
C'était à mourir de trouille, mais j'ai balancé à la poubelle tous mes joli préceptes. Et je n'ai jamais été aussi heureuse que depuis le jour de cet enterrement, le jour de mes trente ans. Rien de sensationnel où de fou pour les fêter, des films Z pendant<a href="http://www.lacinemathequedetoulouse.com/extremecinemas" target="_blank"> Extrême Cinéma</a>, une teuf marathon terminée à midi le lendemain, avec pour bande-son emblématique, les Misfits et leur « Project 1950 », ou comment pimper de vieux machins sentimentaux pour les rendre crades et délirants, avec le morceau suivant en fer de lance.</div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.youtube.com/embed/EfxCFd5Y6LE?feature=player_embedded' frameborder='0'></iframe></div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
J'ai loupé Danzig au Hellfest, c'est Ghost qui ont pris leur place sur scène. Des mois qu'on me parlait d'eux, en superlatifs, il a fallu attendre le 24 juin à minuit pour que je prenne une gifle monumentale, tant musicale qu'humaine. Si un groupe est lui, emblématique de ma nouvelle façon d'aborder la vie, c'est Ghost. Ils sont tous planqués sous des masques, le chanteur est grimé en pape. Ils produisent un mélange de disco, de revival 70 et de black metal totalement lobotomisant, et quand ils nous l'ont livré sur la Mainstage, dans une brise glaciale sous la pleine lune, tout le festival a vibré l'unisson.</div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.youtube.com/embed/gkBt7yLXyDk?feature=player_embedded' frameborder='0'></iframe></div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
J'émettais quelques réserves face à ces grandes communions, allant au Hellfest en totale anonyme, perdue dans une foule éructante, dépenaillée, follement drôle et chiant dans les bois. Autant les reportages signés M6 et les pétitions indignées qui suivent me font crever de rire, autant j'ai du mal à me définir comme faisant partie de la meute, et en communion avec toute autre chose qu'un bain moussant et un spliff quand la journée a été dure.</div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
Ghost nous a filé l'hostie et nous l'avons tous avalé sans discuter. Un problème technique les a interrompu pendant un quart d'heure, les musiciens ont repris leur set plus tard comme si de rien n'était, dans un calme glaçant. The show must go on, et Papa Emeritus II, gueule de goule affamée et humour dévastateur, n'avait qu'à lever un petit doigt en chantant pour qu'on soit tous hypnotisés. Les rumeurs vont bon train quand à l'identité des musiciens de Ghost. Il a été confirmé que Dave Grohl avait fait quelques concerts sous l'un des masques. On n'en sait pas plus. Je n'ai pas envie d'en savoir plus le moment. Comme dirait l'un des personnages de « Au matin tombe la brume », l'une des <a href="http://www.amazon.fr/Une-chanson-pour-autres-nouvelles/dp/2290075701/ref=pd_sim_sbs_b_2/277-7001320-1975339" target="_blank">magnifiques nouvelles hors GOT</a> de George R.R Martin, « des réponses, il leur faut tout le temps des réponses. Mais les questions sont tellement plus belles... »</div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
Un des potes techniciens de ma radio toulousaine dirait qu'on comprend comment vivre à trente ans parce qu'on commence à sentir le goût de la terre dans sa bouche. Cruel mais lucide. Accepter à voix haute que sa propre mortalité est en fait une idée sur-chiante m'a demandé un effort dingue. Accepter de ne plus être une post-ado à qui on excuse tout, me rendre compte que non, je ne savais toujours pas ce qu'était une vie harmonieuse, ça a été vraiment violent. J'avais besoin d'un nouveau miroir. Quelque chose ou quelqu'un qui me montre ce que j'étais vraiment, et ce que je voulais sans me l'avouer.</div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
J'étais passé par ce questionnement en rejoignant Opium du Peuple, c'est ce même questionnement qui m'a fait prendre conscience que la troupe allait en fait continuer sans moi. J'en parle brièvement ici parce que je ne peux pas faire l'impasse sur cette partie de ma vie. J'y ai mis tout ce que j'ai de meilleur, mon sens de la provoc à me montrer peu vêtue alors que je ne suis pas dans les canons de beauté de l'époque, dirons-nous. Avoir réussi à nous coller dans le <a href="http://www.metalunamag.com/accueil/" target="_blank">Metaluna</a> d'avril, mon envie de faire marrer les gens et de leur faire descendre des pintes. Avoir revisité "Poupée de cire, poupée de son" de France Gall et attendre qu'elle me descende dans la presse comme Jenifer, m'être un jour réveillée en sursaut dans le camion en bégayant putain les gars les gars mais oui de la cornemuse, les gars, il nous faut un morceau dans le style irish punk à la Dropkick Murphys et on le colle en fin de set et on les embarque tous et ça va être la guerre les gars. Guerre il y a eu, cornemuse il y a eu, et j'en serai toujours fière.Mais ODP c'est fini. Constance Chagasse c'est fini. Les tenues affriolantes sur scène et jouer la comédie, c'est fini. Exister autrement, bigre, il était temps.</div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
Par une semaine ensoleillée de février, je suis allée me faire tatouer un énorme micro entouré d'un casque par<a href="http://www.mahelldenarval.com/" target="_blank"> le talentueux Mahell</a>, histoire de valider une fois pour toutes cette autre partie de ma vie, la seule dont j'étais sûre que j'en serais éternellement fière. C'était le cadeau que je me faisais pour mes trente ans. Quelques jours après, lors d'une nuit glaciale, à dessiner des bites par désœuvrement sur une fenêtre embuée dans une teuf d'étudiants où ma coloc m'avait incrustée, le vrai cadeau est arrivé.</div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
La fête était naze jusque là, trente pioupious qui papotent poliment en écoutant de la folk anémique et de l'électro molle, la bière était tiède, ça sentait la Fleur de Pays et la quiche froide. Et puis j'ai tourné la tête vers la chaîne hi-fi, et j'y ai vu un géant châtain de quasiment deux mètres, aux yeux rigolards, qui a balancé, sans crier gare... un vieux Dropkick Murphys. Il s'est retourné vers moi, en m'adressant un clin d’œil alors que les furieux de Boston faisaient rugir guitares et cornemuse dans une fête où jusque là Lykke Li régnait en dame patronnesse.</div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
J'aimais bien Lykke Li et sa mélancolie étudiée de, justement, post ado attardée qui se tatoue des triangles et cache ses vieux posters de Whitney Houston dans le grenier chez ses vieux. J'aimais bien cette vie où je me ramassais toute seule à la petite cuillère, haussant les épaules si la bière était tiède, si le film était nul, si le mec du moment était trouillard. Rien n'était trop grave, rien ne me faisait pleurer, ni vibrer ni vraiment rire, je mincissais à vue d’œil, je flottais dans mes fringues et ma vie. J'écoutais Lykke Li, quoi. Et d'un coup c'était terminé.</div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.youtube.com/embed/HzF0hHb7xMc?feature=player_embedded' frameborder='0'></iframe></div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
Je suis repartie de la fête une demi-heure après, le géant à mon bras. J'étais avec lui dans la fosse du Hellfest devant Ghost, notre première discussion était un débat enflammé sur le destin de Tyrion Lannister. On danse la polka, on se soûle à l'hypocras, on chante du Maiden, on a hurlé en choeur au ciné, d'adoration devant Pacific Rim et de mépris devant Man Of Steel. Être avec lui me rend plus douce, être sans lui, plus bagarreuse. Et je pourrais me faire un tatouage pour tout ce qu'on a déjà vécu ensemble, car même si on devait ne plus s'aimer un jour, tout ce qu'il m'a apporté, j'en resterai heureuse et fière, métamorphosée pour le meilleur. Je n'ai pas encore de maison bien à moi, je n'ai pas de bon gros contrat CDI juteux qui nique sa mère, je refuse de changer pour être sur le devant de la scène, j'ai attrapé autant de mecs que de Pokémon, j'adore Bon Jovi, Immortal et Rihanna, j'aime me servir de mon cerveau, et j'avais un cœur anesthésié. Et il est le premier et le seul à avoir eu la patience de m'accepter sans rien changer.</div>
<div id="yui_3_7_2_35_1378823416754_97" style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
2013 année de deuils oui, et ce que j'ai enterré de plus important, c'est ma solitude.</div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="background-color: white; font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 13px; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
Pauline Espagnohttp://www.blogger.com/profile/17406982288866432244noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7400077080513855716.post-17230401775501307412012-10-26T16:52:00.000+02:002012-10-30T01:45:17.484+01:00Cracks<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6yxIP4Fo201e-HTNKYjbUkdV_xMybGpZWtNjsAvuC6zzDE_Y1HTGh2Nxjp1ykrJd7KmPp3g_2d9KXR6CWjeryABgsydsY4uT2pqNj3Lkm7fnq_pU3LLodUqLrQSSkZitbp5PBc2gtlfI/s1600/690534529.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><br /></a></div>
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgoTTx6SYjVnd68LC2rKxnne7ezVQHJmEoBXor1jgCB5sQulrILDTbNQjnsoaeTEIkgMtrGINaeZmDBDKM-l9RxJLdb5vtYcX47mMXoefXnhPj9EriQ4aM5bCeV_g6iLtBJRVieKZXBEyY/s1600/Oussama.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"></a>La synchronicité est un terme élaboré et long en bouche qui pour moi pourrait se traduire par "les planètes s'alignent". C'est une expression qui nous fait énormément rire avec mes amies, et qui désigne en général ces moments où dans la même journée, l'ex te rappelle, le boulot te félicite et la banque te lâche la grappe. Je serais bien incapable de désosser ce terme de façon plus savante, mais il revient souvent dans mon esprit, comme ce matin où, geignant de rire devant<a href="http://youtu.be/xabyRtznFNk" target="_blank"> les performances des opposants au mariage gay</a>, je me suis rendue compte que le livre de Theodore Roszak que je savoure en ce moment traite précisément de la question de l'obscurantisme et de l'intolérance. Comme souvent chez cet auteur incroyable.<br />
<br />
Roszak je l'ai découvert via "La conspiration des Ténèbres". Un polar fleuve cachant en fait une ode au cinéma, tellement passionnelle qu'elle en a aggravé mon propre cas. Vous prenez l'atmosphère étouffante du "Maître des Illusions", de Donna Tartt, l'érudition d'un vétéran de Mad Movies et vous confiez le tout à Rozsak et son sens de la mise en scène: ça donne un livre qui m'a tenu en éveil des nuits entières et fait noircir un calepin entier de notes fiévreuses sur les millions de films que j'ai loupés.<br />
<br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6yxIP4Fo201e-HTNKYjbUkdV_xMybGpZWtNjsAvuC6zzDE_Y1HTGh2Nxjp1ykrJd7KmPp3g_2d9KXR6CWjeryABgsydsY4uT2pqNj3Lkm7fnq_pU3LLodUqLrQSSkZitbp5PBc2gtlfI/s1600/690534529.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6yxIP4Fo201e-HTNKYjbUkdV_xMybGpZWtNjsAvuC6zzDE_Y1HTGh2Nxjp1ykrJd7KmPp3g_2d9KXR6CWjeryABgsydsY4uT2pqNj3Lkm7fnq_pU3LLodUqLrQSSkZitbp5PBc2gtlfI/s320/690534529.jpg" width="195" /></a><br />
<br />
<br />
Roszak n'est pas pour autant un Robert Merle bis, étant moins bon sociologue, quand il s'est frotté à une réinterprétation de Frankenstein, je l'ai trouvé bien moyen. Et pour "Le diable et David Silverman", là par contre, il m'a de nouveau secouée. Son héros, David Silverman, est un auteur de second plan, spécialisé lui aussi dans la ré-écriture de monuments littéraires. Décrire la grossesse d'Emma Bovary, raconter Moby Dick du point de vue de la baleine. Autant d'excuses pour ne pas se livrer corps et âme à son art, et surtout cacher sa vérité profonde et ses convictions aux yeux du monde. Ayant des factures en souffrance, David accepte de tenir une conférence sur l'humanisme dans une petite université chrétienne du Minnesota. Ca donne un écrivain juif, gay et pas téméraire de nature, se retrouvant en face d'un auditoire de chrétiens fondamentalistes pro-life, anti-homos, et peut-être même un petit peu nazis, on va se régaler les enfants. Ma page est cornée au moment où notre héros réalise, après avoir tenu une conférence ressemblant à un procès kafkaïen, qu'une tempête de neige le bloque à l'intérieur de l'université, bien au chaud, seul contre deux cent extrémistes rôdant dans des couloirs obscurs.<br />
<br />
Peu importe comment finira "Le Diable et David Silverman", ce que j'en retiens c'est l’honnêteté intellectuelle profonde qui s'en dégage. Il est troublant de lire les argumentaires des fafs cathos de Roszak, élaborés, découpés au laser et d'une logique implacable à en donner la nausée à ceux comme moi, qui ne croient ni à Dieu ni au Diable, mais veulent croire en quelque chose. <br />
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Le vieux Nietzsche disait qu'à regarder dans l'abîme, il finissait par regarder en nous aussi. J'ai eu ce sentiment moultes fois cette année. Dans les cuites, les chagrins et d'autres livres, d'autres œuvres mises sur ma route par ce soit-disant hasard. J'ai tenté d'écrire une chronique sur le "Oussama" de Norman Spinrad: méta casse-gueule. A t'en faire passer l'envie d'écrire tellement tu te retrouves choquée et à six ans d'âge mental, quand tu as tenu un brûlot pareil sous tes yeux.<br />
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"Oussama", c'est encore de la fiction à l'heure où on en parle, se déroulant dans un monde où plusieurs pays du Moyen-Orient forment un nouveau conglomérat baptisé le Califat, puissance mondiale et vivier des héritiers spirituels de Ben Laden. Dont l'un d'entre eux se retrouve accidentellement à la tête d'une révolution. Ca part comme ce bon vieux Candide, ça prend l'ampleur des chants des Croisades. Et toi, l'Occidental, l'humaniste, l'éclairé auto-proclamé, tu te retrouves dans une situation bien inconfortable: celle où tu comprends que chacun d'entre nous porte la graine du terroriste en soi. Et quand le monde entier est suspect, qui appeler à la rescousse?<br />
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Claire Danes n'était pas mon actrice préférée jusqu'alors. Destinée sans surprise aux rôles en costume élisabéthain et à incarner un truc diaphane pour une dizaine d'années avant de s'effacer devant les soeurs Fanning, la blonde a pourtant mis un gros, gros coup de pied dans la ruche avec Homeland. Elle me scotche. Carrie Matheson me scotche. <br />
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Agent de la CIA, Carrie incarne un de ces remparts invisibles contre la menace terroriste, et elle le fait sans aucun glamour. Exit les effets de cheveux de Tom Cruise. Exit l'image d'Epinal de l'espionne bombasse multitâches qui ne s'en tirera pourtant pas sans une intervention masculine cinq minutes avant la fin du film. Carrie Matheson porte des fringues informes, une vieille sacoche en bandoulière, est d'une dureté minérale en apparence, et finit par tomber amoureuse du GI qu'elle soupçonne d'être devenu un ennemi de la nation pendant sa captivité de huit ans en Irak. Elle est pragmatique, têtue comme une mule, travaille dur, c'est l'anti Ally Mc Beal, vous vous souvenez, l'avocate qui passait sa vie au bar plutôt qu'à plaider. Et puis elle n'a pas des goûts pourris en matière de musique, elle!<br />
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Carrie aime le jazz. Une musique complexe, de messages cachés, qui rythme le générique glaçant de Homeland, et symbolise le plus terrible secret de son héroïne: elle est bipolaire. Aussi douée que cinglée. Et elle sait que tout son boulot ne pardonnera jamais la moindre erreur qu'elle pourrait faire pendant une de ses crises.<br />
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Vous savez que la question de la féminité me taraude plus que de raison, que je manque de données, de certitudes sur ce que peuvent faire les femmes de ce monde. Carrie m'a apporté... un grand plein de sérénité. C'est un personnage féminin tout en failles, qui pourtant, ne se demande pas une seconde si elle est l'égale des hommes, si elle peut faire aussi bien qu'eux. Elle fait. Elle se bouge. Ses émotions désaccordées sont sa plus grande qualité. On parle de synchronicité? Il y a quelques jours, un homme qui me connaît depuis plus de dix ans m'a gentiment fait remarquer que les autres voyaient bien mes qualités. Mais que c'était pour mes défauts qu'ils m'aimaient vraiment. Si les qualités sont la carrosserie, les défauts sont les pièces du moteur. Et quand on a compris ça, on avance. Je me sens mieux d'avoir entendu ça, et d'avoir rencontré Carrie Mathison.<br />
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N’ayant quand même pas envie de laisser dire qu'on fait toujours moins bien que les ricains, j'ai aussi envie de profiter de l'occasion pour vous présenter un projet dont vous pourriez être le héros. C'est l'équipe de potes de <a href="http://fr.ulule.com/samuel-krohm/" target="_blank">Je ne suis pas Samuel Krohm</a> qui m'a fait connaître la plate-forme de financement participatif Ulule il y a quelques mois. Le deal du site est simple: si un projet ciné présenté dessus vous parle, vous pouvez participer à son financement, ça commence en général à 5 euros, ça fait du bien au moral de ne pas le mettre dans le dernier Onteniente un soir de désœuvrement, et ça marche, surtout. Alors voilà une interview concise des responsables d'un nouveau projet. Ca s'appelle Burn, ca sent l'onirisme et le voyage au bout des ténèbres. Entretien mail avec Hélène, Jonathan, Robin et Quentin.<br />
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<b>Comment avez-vous composé l'équipe qui va bosser sur Burn? </b><br />
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<b>Hélène Roux, actrice</b> : C’est Robin Mahieux en grande partie qui nous a réuni, il nous a rencontré au fil de ses pérégrinations ! De mon coté je ne connaissais qu’Ornella (actrice) avec qui je suis amie depuis plus de 10 ans et Robin, bien sur …<br />
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<b>Vous avez opté pour le crowd-funding avec Ulule. Peux-tu nous expliquer ce principe de financement? </b><br />
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Hélène : Pour trouver des coproducteurs, nous avons eu besoin de faire une première levée de fond afin de financer les premiers outils et l’équipe étant un peu partout dans le monde, la logistique n’est pas une mince affaire !<br />
Nous avons tous conscience que Burn a un long chemin à parcourir, et nous espérons tourner à Shangai en septembre prochain, il nous a semblé plus judicieux d’opter pour un financement participatif: nous en sommes à la toute première étape de la préparation du film et nous avions envie d’y faire participer nos proches, ce système leur offre des contreparties en échange de leurs soutiens (DVD dédicacés, places de concert pour QG….).<br />
Les délais ont également influencé ce choix, lorsque l on passe par une recherche de fond plus classique, les délais administratifs d’aide à la production peuvent prendre de 6 mois à un an, nous nous sommes dit que nous pouvions peut être gagner du temps sur cette étape, l’objectif final étant une sortie de Burn en mars 2014 ma bonne dame !<br />
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<b>Robin Mahieux, le réalisateur, mûrit cette histoire depuis très longtemps, d'après sa bio. Qu'est-ce qui te plaît à toi, dans cette histoire, pourquoi tu as voulu travailler dessus?</b><br />
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Hélène : Par coup de cœur ! D'un point de vue personnel, nous avions envie avec Robin de travailler ensemble depuis un moment et c’est l'histoire qui a fait le reste : Nicolas a une écriture très fine… D’un point de vue professionnel, c’est la première fois que je travaille sur un long métrage, et que j’interprète un rôle de « méchant ». Défendre un personnage indéfendable m’a vraiment beaucoup attiré, c’est un vrai rôle de composition et la liberté y est grande, le challenge était donc à relever ! Et plus on avance, plus je tombe amoureuse de cette équipe…<br />
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<b>Henry Chinsky: clin d'œil à l'alter ego de Charles Bukowski - Melas Khole qui veut dire mélancolie: d'emblée il y a des symboliques fortes dans les rôles principaux. De qui toi et les autres acteurs vous êtes-vous inspirés pour élaborer vos personnages? Quelques références à me donner?</b><br />
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Hélène : Ah là je vais poser la question à Jonathan également !<br />
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Jonathan : En base d'inspiration, le réalisateur m'a directement renvoyé à l'univers musical d'"Eternal Sunshine of the spotless mind" de Michel Gondry pour la mélancolie poétique qui caractérise le personnage d'Henry et à l'univers plus électronique de Q.G pour la nervosité, la brutalité de son monde intérieur. Sur un plan plus personnel, des références comme "Wendy & Lucy" de Kelly Reichardt ou encore "Lost in translation" de Sofia Coppola sont des moteurs de l'élaboration de ce personnage pour ce sentiment fort de se sentir exister en parallèle du monde et cette solitude titanesque, presque névrotique qui handicape le rapport aux autres.<br />
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Hélène : Pour ma part, l’actrice Helena Bonham Carter est une énorme source d’inspiration, elle possède cette mélancolie, cette sensibilité et cette force qui vont m intéresser pour travailler ce personnage.Sur les conseils de Cyrielle (rôle de Sarah) j’ai relu l’échange de Claudel, le personnage de Lechy Elbernon et Mélas Khol ont cette excentricité commune. Caligula est une de mes références également, sa tyrannie et son rapport aux autres sont de bonnes pistes de travail.<br />
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<b>Le film se tournera dans plusieurs endroits: Paris, Shangaï et un mystérieux parc d'attractions abandonné. Tu nous fais une petite visite guidée?</b><br />
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Hélène : La première partie du film se déroule à Paris, où notre protagoniste tente d’écrire un livre. Après sa rupture avec Sarah, il décidera de partir en Chine. Robin est actuellement en repérage là bas, entre Pékin et Shangai…Il souhaite dépeindre ce contraste entre la campagne chinoise et leurs mégalopoles, en passant par Wonderland, un parc d’attraction abandonné.<br />
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<b>QG signe la Bo du film. On se souvient de sa collaboration avec Pierre Teulières qui travaille également sur Burn: <a href="http://youtu.be/ZtX1kzo0Ts0" target="_blank">ca donnait du gros son électro-trash sur un vrai mini film d'horreur</a>. Burn ça sera ça aussi, ou pas du tout, ou un petit peu? A quoi doit-on s'attendre?</b><br />
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Q.G : Justement ca sera différent, une bande originale n’est pas le même exercice que de celui de faire danser les gens. C'est une occasion parfaite pour dévoiler un autre visage de Q.G ! Cette bande originale sera électronique bien entendu mais sera au service de l'image. Je m'inspirerai beaucoup des travaux de Wendy Carlos, Vangelis et JM Jarre pour cette bande originale.<br />
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Robin : Non. QG et Robin, c'est aussi une histoire de famille ! <i>(deux frères Mahieux, NDLR)</i><br />
Burn se veut être un drame mêlant une histoire d'amour profonde et le fantastique. Il y'a une marque profonde entre la noirceur du film, ou le personnage principal est plongé dans les ténèbres, et sa beauté, caractérise par un lien puissant entre les personnages et l'amour qu'ils se portent. Les sans visages sont la pour symboliser la mélancolie, le regret ou le non accomplissement de soi. Avant tout , le film est une histoire de cœur, un regard sur l'amour et la société, qui veut aller à l'essentiel de l'être humain.<br />
La bande son compose par QG sortira totalement des sentiers déjà battus . Mêlant électronique et classique, les sons seront accompagnés de mélodie futuristes, à la Vangelis ou Philip Glass.<br />
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Si vous souhaitez aider l'équipe de Burn, ça se passe sur leur page Ulule, <a href="http://fr.ulule.com/burn/" target="_blank">juste ici</a>. <br />
J'ai à peine le temps de finir ce post. L'abîme m'attend. Je me casse tout de suite à Albi mettre à l'épreuve mon sens du glamour pendant Halloween entre copains. Demain on joue avec Opium du Peuple <a href="http://www.ouest-france.fr/ofdernmin_-La-Boissiere-de-Montaigu.-Troisieme-Festival-canasson-ce-samedi_40771-2126282-pere-pdl_filDMA.Htm" target="_blank">en Vendée</a>. Dimanche je reviens jouer les belles de nuit pour<a href="https://www.facebook.com/alejandrogimenezzerodols" target="_blank"> Alejandro Gimenez.</a> <br />
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Je parle moins, je fais. Et je me mets au jazz..<br />
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<br />Pauline Espagnohttp://www.blogger.com/profile/17406982288866432244noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-7400077080513855716.post-42783600619970965832012-08-19T03:54:00.000+02:002012-08-19T03:54:23.040+02:00Double XL'été nous est tombés dessus comme un relou en after. Ce moment où tu passes d'une stase tranquille, pétillante, à la torpeur, l'ennui profond, et l'envie de ventiler l'importun. <br />Je suis présentement immobilisée dans mon fauteuil, un sac de glace sur le genou, histoire de bien démarrer les vacances. Le connard s'est de nouveau déglingué après une session déménagement corsée. Ca m'apprendra à être trop orgueilleuse et à chouiner pour qu'on m'aide mais trop tard, auprès de bien trop peu de gens. <br /><br />Ca fait partie de ces idioties qu'on fait en tant qu'aspirante amazone: se surestimer, et surtout, se tromper de combat. J'ai un mal fou à demander de l'aide aux autres. Pas que je m'estime géniale, mais j'ai juste pas envie de leur faire perdre leur temps, des fois que j'arrive toute seule à finir un taf, bouger une armoire normande ou me réparer un os. C'est complètement con et je travaille là-dessus. Sur cette impulsion qui me fait me dire "ah tiens, Wonder Woman, tu t'es pas encore confrontée à ce problème-là, vas-y, montre ce que tu sais faire. ET NON TU N'AS BESOIN DE PERSONNE, TU POSES CE TÉLÉPHONE". Rajouter quelques claquements de fouets et des trompettes romaines, et on y est.<br /><br />Je voue depuis toujours un mépris sans bornes aux nanas indolentes. Les Sévigné, celles qui trouvaient si joli de ramasser quelques gerbes de blés lors de leurs promenades, pour imiter les paysans ahanant leur race dans les champs de la France de Louis XIV. <a href="http://www.histwar.fr/assets/images/merveilleuse.jpg" target="_blank">Les merveilleuses</a>, sortes de hipsters femelles post-Terreur bannissant le "r" des mots par mépris de la Révolution, et n'ayant marqué l'histoire de la féminité que par leur look inspiré des nymphes (alors enlevez-moi de suite ces stupides sandalettes-jupon-moue boudeuse-flou Instagram, vous n'avez rien inventé, les Marie-Charlottes). La passivité féminine me donne des crises d'urticaire... en même temps qu'elle me fascine, bien entendu. Cette inertie n'existerait pas sans un support pour laisser rouler toute cette chair pâle et docile: l'énergie masculine. J'aimerais vraiment comprendre ce qui se passe dans la tronche d'un couple à l'ancienne, lui buriné rugueux gourdin chasseur, elle douceur origami rire perlé abonnement à Côté Sud. J'aimerais comprendre pourquoi je peux penser porter une commode toute seule, alors que des tas de meufs que je prends de haut, savent parfaitement comment demander aux hommes de se bousiller les genoux à leur place. Du coup je les prends moins de haut. Assise sur mon fauteuil avec cette glace fondue sur les cannes. <br /><br />Forcée de glander, je lis. Je lis sans ça, mais là au moins je me concentre et m'ouvre d'autres horizons que ceux du Trône de Fer. Et il m'est tombé sous la main une bombinette signée Dorothy Parker, le genre de cadeau qu'on glisse dans la pile à un mariage où on n'avait pas envie d'aller. C'est <a href="http://www.amazon.fr/La-vie-deux-Dorothy-Parker/dp/2264043415" target="_blank">"La vie à deux"</a>. Dorothy Parker l'a bien connue, moultes fois, entre deux articles cinglants pour le New Yorker. Imaginez Miss Marple, la charmante et abstinente vieille détective, qui garderait sa profonde connaissance du genre humain pour parler d'infidélités, de gâchages amoureux et d'attente près du téléphone en petite culotte. C'est ça, "La Vie à Deux". J'y ai retrouvé tous les couples en carton de mon entourage, les jeunes, les vieux, la lassitude, l'absurdité et les assiettes brisées.<br /> Parker est vraiment atomique parce qu'elle est en fait pleine d'indulgence pour les gens qu'elle semble dégommer. Elle a fini sa vie seule avec une bouteille et un chien dans une chambre d'hôtel, comme punie d'avoir osé avancer l’hypothèse que le mariage était moins le début de la vraie vie que la fin des haricots. Grâce te soit rendue, Dorothy Parker, toi qui a voulu éveiller un peu les consciences, très fort, et très tôt. J'ai ri parce que je me suis totalement retrouvée dans tes descriptions les plus acerbes...<br /><br />Il ya quelques jours, on savourait une petite cuite avec mes parents et leurs amis (tous nés post-Terreur mais encore verts), et au bout de deux-trois limoncelli, j'ai été en mesure de leur expliquer ce que je voulais d'un mec: qu'il soit mon égal. Qu'il s'aime autant que je m'aime, qu'il ne me prenne jamais pour son infirmière, sa maman, son souffre-douleur, mais pour sa co-équipière. Ne pas avoir besoin de quelqu'un, juste envie, que ça change rien à ma vie, que sans mec il me reste les clés de mon appart et un compte en banque à mon nom, et ma vie, et mes passions, et moi moi moi moi.<br /><br /> Puisque avant que je trouve l'étincelle de ma vie devant un micro, j'investissais beaucoup de temps et de talent à faire tomber les mecs amoureux de moi. J'ai cartonné en mes jeunes années, une vraie snipeuse. Et un jour je me suis rendue compte que je ne m'étais encore jamais vraiment occupée de moi et de ce que je voulais faire de ma vie. Là, tout a changé. D'amoureux transis, les mecs dans ma vie sont devenus... de parfaits reflets de ce que j'étais: bouillonnants d'énergie, de créativité, de sociabilité et totalement égoïstes. Plus je m'occupais de moi, moins les hommes de ma vie semblaient désireux de vouloir être prévenants et tendres. Il fallait que je les soigne, que je les sauve, que je les attende, que je les comprenne, que je les pardonne, que je la ferme... que je maigrisse... que je les laisse, au final, tout me demander sauf d'être heureuse avec eux, tranquille, et que je me mette de côté, en sourdine. Donc voilà pourquoi aujourd'hui je voulais mon égal, ni plus ni moins. Comme une pub Kooples mais dans la tête et les tripes. J'ai expliqué tout ça au conseil des anciens, un beau soir d'été autour de la plancha. A mon grand dam, ils ont tous eu un sourire attendri, tous. et m'ont dit "oui oui. Tu verras bien plus tard va. Tu changes, là. Et tes besoins vont changer aussi."<br /><br />Je me suis splittée en deux. Celle qui va avoir trente ans en novembre hurlait intérieurement "mais on EST plus tard, filez-moi enfin la recette, grouillez-vous, c'est moi qui paye votre retraite!!". Celle qui garde son sang-froid dans des artères de vingt-neuf ans et demi n'a pas posé plus de questions, et a commencé à observer les femmes autour d'elle. Celles qui ont des mecs, celles qui sont dans les clous, la norme. Celles que je crois différentes de moi...<br /><br />Hasard, synchronicité, sortait quelques temps après<a href="http://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/video-machisme-ordinaire-a-bruxelles_1144695.html" target="_blank"> le reportage de Sofie Peeters</a> sur le harcèlement de rue. Et un énorme coming-out s'en est suivi. Qui m'a calmée, sévèrement calmée. Il révélait que toutes les filles dont la mollesse, la paresse, la nunucherie me gonflent, subissaient au quotidien ces violences banalisées .Mais que la majorité d'entre elles baissaient la tête, étaient insultées proportionnellement à leur aspect fragile et doux. Là j'ai compris que j'avais de la chance. On me fait rarement chier depuis que j'ai appris à relever le menton, à assumer mes seins et à être aussi vilaine que le gars qui prétend les toucher sans permission. Je n'ai jamais eu peur de coller des gifles, de montrer mes canines, mon majeur et d'atomiser verbalement tout aspirant maquignon croisé depuis le début de ma puberté. J'ai de la chance d'être comme ça. La musique que j'écoute y a fait pour beaucoup. Dans un pogo, on fait pas la bergère en porcelaine et on ne parle pas de quotas, et si on y va en robe à fleurs, personne n'a rien à dire. Mes copains d'Opium du Peuple me subissent dans le camion, à chaque lecture de <a href="http://youtu.be/7fgrM2zK7Fo" target="_blank">"Fast Lean and Frightening"</a> de L7. C'est en les écoutant, après les avoir découvertes sur la BO de Tank Girl, que je me suis faite ma petite recette perso de féminité au napalm. Rebecca, son soutif en ogives et son tank, son intelligence au laser surtout, et les L7 derrière qui balançaient "Shove" et racontaient, en gros, le déroulé typique d'une de mes journées de fille libre et seule, ça m'a fait raccourcir mes robes et délier encore plus ma langue bien pendue. <br /><br /> Le reportage parlait donc de ces remarques qu'on se prend toutes dès qu'on sort, deux minutes, seules. Hey charmante, hey salope, t'as un numéro, un petit sourire? jolis nichons, oh je peux te parler? Il ne décrivait pas les glaçons dans les veines quand une voiture se met à rouler au ralenti à côté de nous la nuit. Ou quand un mec déjà pressant nous bloque soudain le passage avec son bras. Les filles savent. Les mecs bien, ne peuvent pas se douter. Les connards ne vont pas tous jusque là, mais peuvent être aussi atroces de façon plus banalisée. J'ai juste rigolé quand on taxé le film de Peeters de raciste. C'est la partie visible de l'iceberg, ce film, parce que les agressions sexistes que nous subissons le plus souvent viennent plutôt de gens bien insérés dans notre quotidien, bien sûrs de leur bon droit sur nous et de la toute-puissance de leurs petites couilles bien blanches.<br /><br /> Le reportage ne parlait pas de cette pression que nous subissons en fait TOUT le temps, PARTOUT, jusqu'à la fin de nos vies. Je ne peux pas partir en vacances cette année: pour les célibataires, ça coûte trop cher. J'ai récemment entendu un gros con parler de ce qu'il entendait à l'antenne: mes collègues mâles, sont "de super animateurs", moi "j'ai une bonne voix bien chaude". Beaucoup de filles autour de moi tortillent face à une attaque sur leur physique ou du machisme au boulot. Beaucoup de filles se planquent derrière leur mec en partie pour se protéger de tous les autres. Beaucoup de filles, enfin, sont intimement convaincues qu'elles sont différentes des mecs. Et là on en vient à un deuxième harcèlement quotidien: l'image de la femme en 2012.<br /><br />Nous aimons pour la grande majorité, avoir de jolies fringues, nous maquiller et imaginer comment serons nos enfants. Oui. C'est 5% de ce que nous sommes, et la presse féminine, les publicitaires, l'exploitent à 99%, donnent une image tronquée de la femme pour attiser que ses instincts de consommatrice, lui faire croire qu'elle n'est bonne qu'à soupirer devant des crèmes de jour aux algues et l'enfermer dans un stéréotype de personne inhibée, qui devrait "oser être soi", photos de Kim Kardashian à l'appui, et se voir offrir des cahiers de vacances spécial "test en amoureux" et crumbles de chèvre chaud. Et d'un numéro à l'autre, on se rend compte de la sournoiserie incroyable des articles proposés, contradictoires, manipulateurs, à rendre Héra en personne zinzin.<br /><br /> Quand nous avons le culot d'aimer notre travail, nous sommes décrites telles des harpies assoiffées de pouvoir malmenant les parquets avec nos dents proéminentes et nos talons aiguilles. Quand nous restons à la maison nous occuper de nos enfants, nous sommes des parasites angoissant les nullipares entre deux sessions tire-lait. Il nous faut trouver un juste milieu entre ces deux extrêmes définis, pour la plupart, tard le soir dans une rédaction enfumée pleine de quinquas mâles, ceux-là même qui décident aussi que les talons mode en 2013 seront plus haut qu'en 2012 histoire de nous empêcher de courir plus vite qu'eux. Le juste milieu donc? Il ressemble à un palais des glaces. Nous sommes trop grosses, trop minces, mais c'est la tendance/ca prouve la femme de caractère/de contrôle/de zen attitude (barrer la mention inutile selon le plus gros chèque de cabinet de tendances mode reçu). Chaque magazine feuilleté juste pour se détendre un peu, innocemment, à une terrasse, nous renvoie à chaque page à notre cauchemar de ne jamais rentrer dans la norme. Certains de ces magazines comportent des pages d'actus, dix fois moins nombreuses que celles du shooting d'une petite Bulgare de quinze ans sur une plage, affublée de fringues chimériques à "prix sur demande" (sous-titrage: tu le veux le maillot python? sors ton cul de cette terrasse et va t'épouser un armateur, ou retourne bosser à être moins payée qu'un mec, tu auras enfin une raison de te battre). Moi j'aime Causette et Fluide Glacial, et encore, pas les spécial nanas de Fluide, déghettoïsez-nous les mecs et arrêtez de tuer des arbres pour ça, de toute façon Edika me fait dix mille fois plus marrer que Diglee, alors pitié quoi.<br /><br /> <br />Le seul aspect de ma vie sur lequel aucun bovin n'est jamais, au grand jamais venu m'agresser, c'est dingue à dire: c'est le plus impudique et trash, c'est les Opiumettes. Je ne compte plus le nombres de paroles masculines bienveillantes, amusées, le nombre de regards bien bouillants mais pas vicieux, que me rapporte un concert. Le monde à l'envers? Non, pas tant que ça. Sur scène, je lâche prise. Et aucun tordu ne peut m'atteindre après avoir ressenti ça. Il me devient bien égal d'être en solo, imparfaite, pas encore maman ou mariée, pas protégée, je n'ai pas peur qu'on me saute dessus, de ne pas savoir me défendre. Toutes ces peurs s'envolent, preuve qu'elles ne font pas partie de moi. Qu'elles ne devraient faire partie d'aucune femme.<br /><br />Sur les dernières dates Opium Du Peuple, j'ai dû rester à Toulouse, pour le travail. Ils me manquaient tous, et j'ai reçu leurs textos alors que j'étais en train de mater un film hyper touchant: c'est<a href="http://youtu.be/NvoE-R8u3Dk" target="_blank"> "Tournée", de Mathieu Amalric.</a> Voilà un homme qui me décevrait beaucoup si jamais j'apprenais qu'en privé, c'est un sale muffle. Parce que son film est une lettre d'amour aux femmes, un amour que je ne peux pas croire feint. Amalric nous montre des femmes merveilleusement drôles et gonflées,<a href="http://cabaretsnewburlesque.com/" target="_blank"> les filles du cabaret New Burlesque</a>. Grâce à elles, on oublie le débat sur le féminisme: le combat est vain face à des forces de la nature telles qu'elles. Grosses, maigres, vaillantes, timides, sous l’œil énamouré de la caméra d'Amalric, elles sont nous. Elles ne se contentent pas de s'exhiber en demandant qu'on les aime sans conditions comme elles sont: elles donnent. Non-stop. Leur imagination est stupéfiante. Elles allient strip-tease et film d'horreur, dansent le lac des Cygnes dans des ballons géants, dénoncent l'impérialisme américain avec tant de virulence qu'on en oublie qu'elle le font en string à paillettes, elles jouent de sales blagues dans les couloirs de leurs hôtels, elles rigolent d'un rien, s'énervent vite et peu, bref, jamais au grand jamais pendant deux heures de film, on ne se dit "mais... ce ne sont que des gonzesses, elle vont bien craquer à un moment, un homme va arriver et calmer le jeu". Le mythe du sauveur, du prince charmant en prend un coup. Et c'est tant mieux pour les hommes, non?<br /><br />C'est l'un des pires hommes de ce monde, Vladimir Poutine à qui les Pussy Riot ont adressé un pied de nez. Il a mollement protesté contre ses propres hauts fonctionnaires à l'énoncé du verdict, hier, condamnant <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Pussy_Riot" target="_blank">Nadejda Tolokonnikova, Maria Alekhina et Ekaterina Samutsevich</a> à deux ans de prison pour avoir chanté une prière anti-Poutine dans une église de Moscou. Elles vont passer deux ans dans un bloc de sécurité, loin de leurs enfants, obligées de porter des jupes même par -40°. Leurs plus fervents détracteurs, liés à l’église Orthodoxe, le sont aussi aux mouvements d'extrême-droite russe. Elles vont peut-être mourir en prison, de faim et de froid. Voilà qui était bien mal joué. Car si la justice russe les avait laissé filer, peut-être aurait-il été possible à Poutine de rester encore un peu nébuleux sur sa politique obscurantiste et fanatique, aux yeux de ceux qui ne savent pas encore ce qu'il a fait de la Russie. Je ne vois pas la condamnation des Pussy Riot comme un acte anti-féministe, je le vois comme un acte de barbarie totale. Le jour du verdict, soudain, un single inédit de Pussy Riot a été joué très fort dans la rue en face du tribunal. Les filles auraient rigolé sans se cacher, en entendant ça, alors même qu'elles apprenaient leur condamnation. Leur histoire me désespère, je ne sais pas quoi faire pour elles. A part suivre leur exemple, me souvenir que le courage n'a pas de sexe, et rester entière...<br /><br />Entière, c'est ça le mot que je cherchais depuis un moment.<br />Pauline Espagnohttp://www.blogger.com/profile/17406982288866432244noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7400077080513855716.post-39540741136689301302012-07-11T05:08:00.002+02:002012-07-11T05:08:46.304+02:00Dirty Dancing<br />La crasse est passionnante. Lasse de devoir gérer celle de mon appart qui rafle toute la pollution de St Aubin, j’œuvre à la dégommer avant de partir de là pour toujours. C'est cool, d'arriver à tenir les promesses qu'on se fait, comme celle de ne pas passer le cap de la trentaine dans un endroit qu'on n'aime pas. <br /><br />Pourtant j'y ai vécu de belles choses, dans ce t1 bis au loyer exorbitant. Des teufs qui étaient, compte tenu de la surface habitable du truc, aussi bondées que celle du Projet X. Quelques bonne poignées de minutes accrochée au lavabo, gémissant "plus jamais le chien fou du Petit London, plus jamaaaaaaaais". La montée de flip avant le premier set Opiumettes, et la rédaction du journal de la tournée. Le hurlement de joie et Rancid au volume maximum toutes fenêtres ouvertes en plein mois de novembre, quand j'ai reçu le coup de fil qui me disait que j'avais décroché mon premier contrat à Radio France. Quelques histoires forcément, d'amour ou d'absurdité, parfois j'aurais voulu pousser les meubles pour danser le tango, parfois j'étais bien contente d'avoir trois verrous sur la porte.<br /><br /> Mon premier appart toute seule... et la crasse, toujours présente. Lutter contre elle, qui s'infiltre par les fenêtres usées, le bas de porte, ces vieux murs oppressants, le plancher en pente, roulis marin à domicile et écoeurement progressif. Je l'ai fuie de nombreuses fois, cette saleté domestique. Elle n'est drôle qu'ailleurs, sous le soleil d'un festival à carburer pendant une semaine, collée au t-shirt porté dans le camion en revenant d'une date. Là où je la préfère, c'est quand elle choque le puritain, en servant de gangue a des diamants de subculture tels que ceux dont j'aimerais vous parler cette nuit.<br /><br />Difficile d'être passé à côté de Die Antwoord ces derniers mois, mais parler d'eux me semble indispensable après être tombée sur cette info ce soir: pour vous resituer le truc, les membres de Die Antwoord proposent une zique oscillant entre la pire boîte de Lozère et des lyrics explosant violemment la bienséance, l'exclusion sociale, la morale, la circoncision, la famille aussi, Ninja décrivant la conception de sa petite fille comme suit: "Yolandi shows me twostripes on the fucking piss test. Oh fuck, broke ass Ninja gonna be a daddy." Même Eminem n'aurait pas osé.<br /><br />
Ils se composent un look de débiles consanguins, sous leurs tatouages fait au Bic, se cachent des cerveaux, et des esthètes. Pour résumer leur style, nommé "Zef", Yo-Landi Vi$$er dit que "Zef is like, you're poor, but you got style". Ayant fièrement porté la même coupe de cheveux qu'elle, avec Melle Coeur, je ne peux que confirmer. A l'époque, nous mangions peu et mal, mais nous étions fabuleuses.<br /><br />Impliqués dans le monde musical et créatif sud-africain depuis des années, Die Antwoord met le paquet pour exploser depuis 2008 et aurait dû connaître un tournant incroyable dans sa carrière en novembre dernier: après s'être vus offrir un million de dols par Interscope, ils se sont entendus dire que le label allait s'impliquer dans leur processus créatif et les formater sur le modèle LMFAO ou que sais-je... réponse du tac au tac: <a href="http://vimeo.com/31730747" target="_blank">"Fok Julle Naaiers"</a>. Allez vous faire mettre.<br /><br />Jusqu'à ce soir, j'étais amusée mais circonspecte face à Die Antwoord, comme j'ai pu l'être il y a quelques années face à, genre, Chloé Sevigny, livrant une performance d'un courage rare dans Kids de Larry Clark, et ne faisant parler d'elle que pour ses fringues haute couture, désormais, rattrapée par les paillettes, adoubée par les hispters comme copine idéale alors qu'aucun d'entre eux ne l'aurait touchée époque Kids de peur de graisser les verres de leur Ray-Bans. Revenons à nos Sud-Africains. J'essaie de m'imaginer avoir la même intégrité, avec d'un côté, mon art dans la balance, et si je suis aussi réfléchie qu'eux, jamais, au grand jamais je n'ose appeller ça de l'art. J'appelle ça mon bordel, ma crasse. Ce n'est rien. Ce n'est que moi et ce que je veux bien en montrer. <br /><br />Sur l'autre plateau de cette balance, un putain de million de dollars. La fin des fouilles de jeans en fin de mois pour trouver deux euros, la fin des noeuds au ventre en recevant mes relevés de banque. <br /><br />Et là je me dis que si on est prêt à payer aussi cher pour avoir le droit de coller le nez dans mes affaires et ma crasse, j'ai deux options. Soit j'encaisse le chèque et je me laisse vampiriser, peut-être pas voler mon âme, mais m'asperger d'un parfum qui vire sur moi, au minimum. Soit je comprends que je suis en train de me faire prendre pour un pauvre villageois à qui on achète son terrain contre deux cartouches de cigarettes parce qu'il y a du pétrole en dessous.<br /><br /> Die Antwoord a posé un acte quasi terroriste dans l'histoire de la musique, de l'Afrique du Sud même, une terre riche en ressources, volée aux indigènes par les blancs, craquelée par l'apartheid, le territorial, le quotidien, cette tentative de propreté via la séparation des races, traînée dans la poussière par Mandela, combattue dans les bars par Johnny Clegg au début de sa carrière, et définitivement ruinée par Die Antwoord, qui étend le combat au-delà du clivage Blancs-Noirs en disant aux colons d'Interscope de se la mettre sur l'oreille.<br /> Leurs clips sont fantastiques de bêtise et de beauté, la beauté dérangeante du travail de Roger Ballen sur <a href="http://youtu.be/8Uee_mcxvrw" target="_blank">I Fink U Freeky</a>, la connerie totale et les cascades hallucinantes de <a href="http://www.culturepub.fr/spots?filter=rates_average&director_id=9043" target="_blank">Terence Neale</a> sur <a href="http://youtu.be/HcXNPI-IPPM" target="_blank">Baby's on Fire</a>, y voir les écouteurs à 200 dols de Dr Dre s'y faire éclater à coups de galets, y voir les bombasses danseuses habituelles remplacée par des meufs normales ou des petites filles, pour moi qui rigole bien des richards et du cachemire, qui m'habille chez Tati volontairement, et qui croit encore et toujours que c'est la marge qui tient la page, que les gueules cassées, les freaks, sont la vraie richesse de ce monde, Die Antwoord me fait chaud au coeur. <br /><br />Les mômes se roulent dans la fange quand on ne les surveille pas, ils dessinent dans la poussière, mangent un goûter même tombé par terre et se foutent pas mal, quand ils font de la peinture, de faire un truc joli ou surtout marchandable: rappellez-vous de vos éclatades de couleur quand vous étiez des gosses, elles étaient sans doute bien plus sincères et belles que ce que vous feriez aujourd'hui, avec votre esprit d'adulte qui doit payer des factures. Dur dur, mais pas irréversible. Lâchez-vous de temps à autre. Où il y a de la crasse, c'est qu'il y a de la vie.Pauline Espagnohttp://www.blogger.com/profile/17406982288866432244noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7400077080513855716.post-3637266907781014732012-06-27T01:53:00.002+02:002012-06-27T01:53:46.274+02:00Fractures ouvertesEn ce mercredi, le mercure va grimper à 34 C° à Toulouse. J'irai me planquer au ciné, étant à peu près sûre de trouver plus d'entertainment dans Men In Black 3 que dans Prometheus. Merde j'ai rompu mon vœu pieux de ne jamais reparler de ce film. <br /><br />Mon court-métrage à moi, "Ogres", il va devoir attendre un petit peu. Si je veux faire ça comme je le veux, il me manque juste mille dols. Le seul avantage que j'en retire, d'avoir mon projet perso freiné par deux-trois abrutis qui utilisent mes dossiers Pôle Emploi pour caler leur bureau, c'est que je réfléchis à fond sur tout ce que je veux vraiment dire dans ce projet-là. J'écris, je rature, je m'engueule quand je me prends en flagrant délit d'hypocrisie. J'ai envie d'un court aussi vicieux qu'un bonbon au poivre, et jusqu'à il y a quelques temps, il ressemblait plus à un Gummy Bear fondu dans une trousse Dora l'Exploratrice. Et puis la vie te rattrape, et tu te souviens que pour créer et donner un truc qui te ressemble, il faut n'en avoir plus rien à foutre de rien. Et alimenter ses émotions jusqu'à la surcharge. C'est pour ça que j'ai fini par aller voir "De Rouille et d'Os".<br /><br /><br /><br /><br />J'y allais à reculons, d'abord à cause de Marion Cotillard qui a tendance à me gonfler plus sûrement qu'un premier jour de soldes, ensuite parce qu'ayant un petit cœur en papier mâché, les histoires d'amour au ciné, c'est pas ce vers quoi je me rue spontanément. Le cinéma et la musique que j'aime sont des boucliers levés au-dessus de ma tête: metal, punk et gore, pour oublier les bobos de l'âme au lieu de les inciser proprement pour qu'ils guérissent. A l'image de ce qui arrive à Stéphanie, le personnage de Cotillard dans ce film.<br /><br />De Rouille et d'Os, ce sont deux trajectoires humaines, dont rien ne dit qu'elles vont un jour finir par se rejoindre. Celle d'Ali, paumé, vaguement boxeur, qui débarque en catastrophe chez sa grande sœur à Antibes, avec un gamin de cinq ans dans les bras, le sien, qu'il a arraché à sa mère dealeuse. Celle de Stéphanie, qu'il rencontre en travaillant comme vigile dans une boîte de nuit, belle comme une sirène grimée en pouffiasse, arrogante, qui répond à la moindre insulte sur sa dégaine à grands coups de boule. Stéphanie est dresseuse d'orques. Elle dirige ses monstres avec grâce devant un marineland rempli de touristes rougeauds, en dansant sur "I like to move it", tableau qui serait à mourir de rire si la caméra d'Audiard, nerveuse, comme dans un reportage de guerre, ne nous préparait pas très vite à l'innommable.<br /><br />Sur Facebook, en cherchant plus de renseignements sur le film, je suis tombée sur un groupe intitulés "Pour ce qui pense que "De Rouille et d'Os", c'est Intouchables 2". J'allais écrire cette chronique sans avoir trouvé ce groupe, mais ma réflexion s'en trouve un peu enrichie, merci à eux.<br />Intouchables partait d'une idée que les gens de ce groupe trouvent donc similaire, deux individus qui n'ont rien en commun, finissent par s'épauler mutuellement, l'un étant le garde-malade détonnant et optimiste de l'autre, paraplégique et désespéré. De Rouille et d'Os, c'est une histoire sur les monstres et la peur. Stephanie voit ses orques échapper à son contrôle, elle y perdra ses deux jambes, sa beauté, l'envie de vivre. Ali, lui, ne sait même pas pourquoi il vit, fonctionne binairement, un pas après l'autre, ne se pose aucune question, mais le monstre, celui qui doit être dressé, c'est lui, et on le comprend dans une scène où, ne se rendant pas compte qu'il est en train de brutaliser son fils, il ressemble plus à un orque balourd qu'à un être humain. On est bien loin d'Intouchables.<br /><br />La guérison aura bien lieu. Et bizarrement, c'est Stéphanie qui va reprendre le dessus de façon fulgurante et faire naître un beau brasier dans le cœur des spectateurs. Audiard a produit un film, pardon de le dire maintenant qu'on est débarrassés de Sarkozy, totalement décomplexé. Marion Cotillard incarne une femme lumineuse, qui bien vite se rend compte qu'elle aime la vie, passionnément.<br />
<br />Elle se baigne à poil, plus magnifique que la fameuse couverture de "Elle" où Emmanuelle Béart faisait de même, et avait causé je ne sais plus combien de carambolages en voiture. Dans son fauteuil roulant, seule à l'aube, elle se remet à esquisser sa chorégraphie de dresseuse, avec Katy Perry à donf en fond sonore, choix qui m'a estomaquée, française que je suis, pour finalement me ravir, me faire marrer, et m'émouvoir. Elle retourne affronter son monstre, cet orque qui lui a volé ces jambes, et la rencontre tant redoutée devient un moment de pure poésie. Elle revit aussi grâce à Ali, qui la sort dans ses combat de boxe clandestins, la secoue, et devient son amant. Point de voyeurisme dans les scènes de nu, le corps mutilé de Stéphanie est filmé avec adresse, sans fard, et enrobé d'un éclairage totalement érotique. <br /><br />Peut-être trouverez-vous d'autres leçons dans ce film, la mienne est incarnée par l'actrice qui me faisait le plus soupirer de lassitude au monde, et qui a fini par m'émouvoir avec une classe... oui, hollywoodienne. <br /><br />Pour affronter ses plus grandes peurs, il faut partir d'un seul principe: quoi qu'on fasse, qu'on dise, la terre ne s'arrêtera pas de tourner. Moi ma plus grande peur, c'est de perdre le goût de vivre. Mais même si ça se produisait... la terre continuerait à tourner, sans moi. Alors que faire? L'admettre. L'accepter et se remettre en marche. En aimant, en rigolant, en faisant des conneries, en me battant, parfois aussi violemment que Stéphanie qui, bien qu'handicapée, reste une fille au sang chaud avec beaucoup d'orgueil. <br /><br />J'ai adoré de Rouille et d'Os parce qu'il finit bien. Sa morale est simpliste mais superbement traitée: l'amour ne rend pas immortel, ni plus intelligent, mais il nous fait tenir debout, comme nos squelettes, pauvres carcasses qu'on malmène tant avant d'apprendre à les protéger.<br /><br /><br /><br /><br /><br />Pauline Espagnohttp://www.blogger.com/profile/17406982288866432244noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7400077080513855716.post-78128821751838806342012-06-16T00:32:00.004+02:002012-06-16T00:46:21.489+02:00Parce qu'il le faut.J'ai beaucoup de mal avec les phrases toutes faites. Le silence ne me dérange jamais, il est souvent préférable à un remplissage vain. Dur de ne pas juger, donc, les inepties qu'on entend lors de périodes difficiles, quand seul le silence pourrait être un vrai signe d'émotion.<br />
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Je ne supporte pas qu'on me dise que mon grand-père ne souffre plus, que c'est mieux comme ça, qu'il a retrouvé d'autres chers disparus, que bla que bla que bla. <br />
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J'ai eu le temps d'y penser, depuis quelques jours. Je pensais vivre un mois entier complètement déglingo, de suractivité, micros, fiestas et bon bordel, je l'ai vécu, oui finalement. Mais mon grand-père est mort à la fin de cette course. Et quelque chose s'est écroulé en moi.<br />
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Le pire truc que je puisse entendre en ce moment, c'est "tu sais, à son âge, c'est normal". J'aimerais être d'accord à cent pour cent. J'aimerais que mon côté Scully se manifeste, là, maintenant, pour m'apaiser et me dire que oui, un bonhomme de 94 ans, c'était ça, son prochain voyage, rien d'autre.<br />
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Mais je ne peux juste pas l'admettre, pour une fois, je renonce à la logique et à l'anesthésiant. Je n'ai pas perdu un vieux monsieur quelconque, j'ai perdu quelqu'un que j'aimais. Que j'aimais de tout mon coeur, et qui me le rendait bien, sans conditions, depuis l'instant où je suis née, comme peu de personnes l'ont fait pour moi de toute ma vie. Il n'y a rien de logique à ça. Rien de juste. Rien ne légitimise le vide que je ressens, comme si mon coeur était en Lego et que soudain, une pièce du milieu manquait. La structure tient bon, garde la même forme. Mais elle est altérée. <br />
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Mon grand-père était le dernier de mes quatre aïeuls. Je n'ai pas connu mon grand-père paternel, et assez peu la mère de mon père. Mais du côté de ma mère, Papy et Mamie ont été mes seconds parents. Je vous en ai déjà parlé, précédemment, de ma mamie cuisinière et courageuse, mon grand-père maternel était quand à lui un véritable roc. Si je n'avais pas été sa petite-fille, il m'aurait bien trop impressionnée.<br />
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Face à la mort, il est essentiel de respecter certains rituels, sociaux, religieux, spirituels, plutôt, je préfère largement ce terme-là. J'en ai vécus, des enterrements, des messes, des têtes baissées et des petits gâteaux secs. Là, en disant au revoir à mon lion de grand-père, je me suis rendue compte, que définitivement, j'étais une sale païenne. <br />
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Il me manque plein de choses à savoir sur lui. Mais je sais, du fond de mon cœur, qu'une messe et un caveau sont à l'opposé de ce que j'aurais voulu lui offrir pour le célébrer une dernière fois. Mon grand-père a eu une femme et cinq enfants. Il a résisté, pendant la deuxième guerre mondiale. Il a tenu une entreprise familiale pendant trente ans, bourlingué sur je ne sais combien de continents, eu des amis qui l'ont accompagné jusqu'à son dernier souffle. Quand les gamins de Toulouse faisaient la queue à la balançoire du jardin des Plantes, il y en avait une pour moi et mon cousin plus âgé, que mon grand-père avait installée dans son jardin, avec un trapèze, et des poules à aller emmerder, des œufs à leur chiper, un potager immense, un grenier plein des livres de ma mère et de ses frères et sœurs. Et un vélo. <br />
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Longtemps je suis restée sur mon petit vélo bleu, à stabilisateurs, trop trouillarde pour oser les enlever, des fois qu'un gadin fasse plus mal qu'une fin de livre de Roald Dahl. Longtemps j'ai fait le tour de l'immense maison de mes grands-parents en Aveyron, sur ce vélo bleu qui très vite, a commencé à devenir trop petit pour moi. Mes genoux touchaient le guidon quand je pédalais. Un jour, à sept ans, j'ai fini par me secouer les tripes un bon coup, et j'ai pris le vieux vélo Renault rouge qui rouillait d'ennui au fond du garage. Et putain oui il y en a eu des gadins. Des beaux. Je dévalais la pente douce le long de la maison, jusqu'au potager, blême de trouille, en m'interdisant de penser une seconde de plus au confort menteur du vélo bleu de bébé. Les étés ont filé, doucement, toujours torrides. Faire du vélo est devenu aussi facile que de respirer. Je prenais des centimètres tous les quarts d'heure, le poulailler me semblait plus petit, les poules moins effrayantes, le jardin moins gigantesque. Seuls, dans ce décor que je croyais immuable, mes grands-parents ne changeaient pas. <br />
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C'est dans leur grenier que j'ai découvert la vieille guitare acoustique de ma mère, l'été de mes treize ans. Il restait deux cordes dessus, à peine de quoi sortir une ligne de basse de Big Soul, et c'est ce que j'ai fait. C'est sous l’œil de mon grand-père que j'ai joué mes premières notes, sous la véranda de la maison, vivant devant lui le début du tsunami d'émotions, de rencontres, de claques odieuses et de bonheurs fous qui ont composé ma vie dès ce moment-là.<br />
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Papy, avant que tu t'en ailles, j'étais à Montauban pour couvrir Alors Chante. J'écoutais France Inter quand j'étais gamine, avec mes parents, moi aussi avec mamie et toi. J'étais avec elle à la cuisine, on écoutait les infos, le jeu des mille francs, j'avais déjà la langue bien pendue à l'époque, et tu rigolais toujours en disant "Toi tu pourrais faire ça, parler à la radio, Mistinguett".<br />
Avant que tu t'en ailles, j'étais au Zguen Fest, en cuisine pendant quatre jours, pensant à Mamie et ses soixante couverts quotidiens, à toi et à toutes ces fois où c'était moi qui avais surveillé la soupe, séparé le blanc du jaune, fait un infâme gâteau au yaourt que tu mangeais de bon coeur, à vous deux avec qui je suis devenue tchapaïre sans regret.<br />
Avant que tu t'en ailles, j'ai été non-stop entre deux hôtels, deux canapés, des lessives en speed, des nuits de trois heures, des bornes par centaines, et je me suis souvenue que les moments de calme absolu de ma courte vie, je les ai vécus chez toi, pendant ces étés de plomb, mais tellement silencieux et doux. <br />
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Papy, j'ai hyper mal au cœur que tu sois parti. Tu étais toute mon enfance. L'une des seules personnes à qui je n'avais rien à prouver pour être aimée tendrement. Je ne sais pas avec quoi combler le trou béant que tu laisses en moi aujourd'hui. Peut-être qu'il va rester comme ça. Un bout de rien, de silence, justement, pour pondérer toutes ces fois où ma raison voudrait parler et où mon cœur lui coupe la parole.<br />
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Tu étais un homme pudique, et fier, alors on va faire comme ça. Je te garde en décidant de conserver ce calme en moi, face à la vie. Parce que c'était le tien.Pauline Espagnohttp://www.blogger.com/profile/17406982288866432244noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-7400077080513855716.post-86122336782907673722012-04-09T01:14:00.004+02:002012-04-10T20:26:13.251+02:00L'Apocalypse selon George R.R. Martin.Être complètement marteau, mordue, ravagée d'amour pour Game Of Thrones me fait plus de bien que je ne saurais dire. Une bonne tranche de fan attitude, dans une vie, ça se savoure. C'est vraiment, totalement, comme de tomber amoureuse. Le moindre détail devient crucial à retenir, plus on en sait, plus on veut en savoir sur ce qui nous fascine, nous renvoie une image de nous qu'on ne soupçonnait pas. Avec cette série de livres, je retrouve des sensations plus éprouvées depuis un moment. Vous vous doutez que j'avais commencé trois ou quatre posts à ce sujet, surtout si vous et moi on est copains Facebook: chez moi, c'est devenu une fan page non officielle frappadingue, où mes copines pourtant moins autistes se sont également prises au jeu des trônes. Je fais à vingt-neuf ans ce que je ne faisais pas à treize: je suis FAN des pieds à la tête d'un univers virtuel et de tous ses personnages. <br />
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Ce qu'on appelle coup de foudre est en fait soigneusement préparé par l'esprit pendant des années, l'esprit qui accumule des références, des souvenirs, des ressemblances: les fondations de notre âme. On tombe amoureux de ce qui nous ressemble, ou de ce qu'on voudrait être, ce qui est au fond, la même chose. Ben pour Game Of Thrones, ça a été le coup de foudre: tout ce que j'ai aimé avant ce livre, je le retrouve dans mon nouvel amour de 2000 pages.<br />
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C'est effectivement un jeu, gigantesque. Il y a quelques années, un livre de <a href="http://www.stefanzweig.org/" target="_blank">Stephan Zweig</a> m'avait laissé un souvenir cuisant: le "Joueur d'échecs".<br />
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L'histoire d'un affrontement entre deux joueurs sur un paquebot, l'un d'entre eux, Mr B., ancien notaire autrichien ayant développé ses talents de façon troublante: enfermé pour interrogatoire par les nazis dans une cellule vide de toute distraction, son esprit commençant à tourner, lui aussi, à vide. Les jours passent, deviennent des semaines. La vraie séance de torture commence: la folie commence à faire bouillonner l'esprit de Mr. B. qui a épuisé tous ses souvenirs pour passer le temps, qui a fini de compter les points de couleur de sa couverture, les craquelures du plafond, pour ne pas s'ennuyer. Il ressent la douleur des fans de Megaupload, fois mille, et bien plus longtemps. Atroce hein?<br />
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Et là, miracle, Mr B. avise un livre dans une veste oubliée dans la cellule par l'un de ses geôliers. Cruelle farce: ce n'est pas un récit, ce n'est pas de la nourriture spirituelle toute prête à consommer: c'est un livre d'échecs, composée du code des parties les plus connues de l'histoire du jeu. Comme si après des mois de disette, vous espériez une bonne bouffe, et qu'on vous file juste un livre de recettes. A devenir fou à lier.<br />
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L'esprit humain étant une mécanique merveilleuse, Mr B. échappe à la folie en apprenant ainsi les échecs, coup par coup, en quelques mois, il se met ainsi à jouer des parties... contre lui-même, et trouvera ainsi la clé de son évasion. On se connaît un peu mieux vous et moi, depuis le dernier post, alors ça ne me fera pas rougir de vous dire que j'ai pleuré comme une madeleine sous beuh pendant une bonne partie de ma lecture. Zweig s'est suicidé l'année précédant la parution du "Joueur d'Echecs", désespéré de voir le monde sombrer dans l'obscurantisme, considérant que si les nazis avaient le pouvoir, son existence d'homme de lettres, de défenseur de la culture face à la barbarie, était vide de sens. Que n'aviez-vous l'optimisme forcené de Mr B., Mr Z... <br />
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Voilà pour la première référence qui m'est venue à l'esprit alors que je commençais à arpenter Westeros, ballotée par la plume de Martin, et prenant un plaisir sauvage à me faire autant malmener. Passons à une révélation encore plus croustillante...<br />
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Peu à peu, alors que commençait à se dessiner toute la hiérarchie du monde féodal de Westeros dans mon esprit, un royaume divisé entre plusieurs maisons nobles principales, d'autres, plus petites, leurs vassales, et toute sous la houlette d'un seul souverain, je me suis rendue compte que je ressentais la même excitation à en apprendre tant et plus sur les caractéristiques de chaque famille que quand j'avais ouvert... <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Dune_%28roman%29" target="_blank">Dune, bien sûr</a>.<br />
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J'ai pas envie, pour le moment, de lire une seule interview de George Martin. Mon ressenti me suffit, et puis j'aime pas me tromper, en connasse suffisante autoproclamée que je sais très bien être. Mais je pense que Saint George, le premier à faire naître le dragon au lieu de le tuer, connaît bien son guide du petit geek, et est forcément tombé la tête la première dans la saga cruelle de Frank Herbert.<br />
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On ouvre le livre avec la maison Atréides, descendants directs des héros grecs d'une vieille planète nommée la Terre, avec à leur tête le duc Leto Atréides, sommé par l'empereur Padishah d'aller régner sur Dune, seule planète de la galaxie à fournir l'épice. L'épice est une drogue décuplant les capacités du cerveau, et permettant aux officiers de la toute-puissante Guilde des Marchands, véritable maître du système impérial, de piloter leurs vaisseaux sans l'aide des ordinateurs, tous éradiqués et prohibés depuis des milliers d'années. En gros, vous léchez un caillou sur Dune, vous devenez une calculette de 1ère S. Revenons à Leto Atréides: un patriarche bourré d'honneur et de loyauté, qui se fera dézinguer en trois chapitres par ses ennemis héréditaires, les Harkonnen, des psychopathes avides de pouvoir et des kilochiées de fric que représente la gestion de Dune. Les Harkonnen = <a href="http://youtu.be/dJm1Wicp4Dw" target="_blank">les Lannister de Game Of Thrones</a>, des enflures finies de père en fils, Leto Atréides = <a href="http://youtu.be/LW7Xk82dU14" target="_blank">Eddard Stark</a>, le justicier décapité. Pour être un bon écrivain, on tue le père, rapidement, proprement, mais on le tue. Et on s'identifie au fils.<br />
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Paul Atréides est un môme intelligent, beau, escrimeur-né. Lors de l'attaque des Harkonnen, il s'enfuit à temps de son château en compagnie de sa mère Jessica, pour trouver refuge dans une tribu aussi vieille que la planète elle-même: les Fremen. Il deviendra leur leader, leur prophète, et bien plus que cela, leur dieu, ayant absorbé une telle quantité d'épice que ses dons de prescience en font un surhomme. Pour le meilleur et pour le pire. Paul Atréides = tous les gamins de Game Of Thrones. George Martin a pris le matériel de base de Herbert et l'a multiplié: le résultat, et c'est dur pour moi de vous en parler sans spoiler, c'est que le jeu des trônes, dans toute son horreur est aussi joué par des gosses, y compris pour ses coups les plus terrifiants. De Paul Atréides, sont nés <a href="http://youtu.be/JLF5afwjvQQ" target="_blank">Robb Stark</a>, roi du Nord malgré lui à quinze ans après l'assassinat de son père Eddard par Joffrey Baratheon, et chef de la rébellion qui oppose donc le Nord de Westeros au reste du royaume, et de l'autre côté du ring, on y vient:<a href="http://youtu.be/nRoVIpczcrY" target="_blank"> Joffrey Baratheon, son ennemi juré</a>, roi de tout le reste, immonde petite pute couronné à douze ans et un fou sanguinaire et illégitime au trône de Westeros, car issu de l'inceste de la reine avec son propre frère.<br />
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On n'a jamais dit que ça serait simple, chers lecteurs. Moi-même je vais sniffer un Doliprane et je reviens.<br />
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Dernier hommage suprême de Martin à Herbert, qui m'a faite frétiller de façon indécente sous ma couette lors des nuits de glace de février dernier: Paul n'est pas seul dans son combat pour reprendre son fief et sa vengeance. Sa petite soeur naît, quelques chapitres après que Leto soit mort. Elle est vive comme une anguille, a des dons paranormaux et est aussi dangereuse que son frangin: elle s'appelle Alia.... Alia Atréides = <a href="http://youtu.be/5NGAf6DnDWo" target="_blank">Arya Stark.</a><br />
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Dieu sait que j'avais aimé Alia, gosse rejetée par tous dès sa naissance parce que trop intelligente, semi-sorcière, puis adolescente finalement venérée par toute un peuple pour ces mêmes dons de prescience, mais fragile, menacée par la folie, ne trouvant quelques chapitres de paix que dans son premier amour. Arya Stark est du même bois, lui ressemble beaucoup, en plus guerrière cependant, moins Perséphone qu'Athéna. Arya Stark est aussi âpre et vive que son nom, c'est une des raisons qui font que je mettrai les deux milles pages du Trône de Fer dans les mains de ma propre fille, un jour. Arya est fille de lord, elle est née pour faire un beau mariage et perpétuer un nom, et elle s'en bat la race. Tout ce qu'elle aime au début du livre, c'est jouer de l'arc et de l'épée, et faire tourner en bourrique sa grande soeur plus élégante. J'aurais aimé la connaître quand j'étais pré-ado et faible comme un poussin. J'aurais eu le coup de boule moins complexé, ça m'aurait sauvé deux-trois cartables. <br />
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Dune était plus qu'un indispensable à lire, c'était aussi l'expérience d'une immersion dans un univers complexe, politique, où la science-fiction s'effacait souvent devant les jeux tactiques. C'était mon premier livre engagé, ma première vraie histoire d'adulte. C'est pour ça que je suis aussi contente de la retrouver un tant soir peu dans Game Of Thrones...<br />
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Mais le chef-d’œuvre suprême de Martin, son bijou, sachant que ce qu'il fait de mieux, c'est créer des femmes plus fortes que des titans, sa vraie fille, c'est <a href="http://youtu.be/T6UITpdLt-s" target="_blank">Daenerys Targaryen</a>.<br />
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Elle a les yeux violets d'Elizabeth Taylor, les cheveux blonds-blancs de Marylin Monroe. Je pense que ce n'est pas un hasard si Martin a donné à sa star es caractéristiques des deux plus immenses pin-up malheureuses d'Hollywood. Sa mère meurt en la mettant au monde, pendant une tempête, ce qui lui vaut le surnom de Stormborn. Elle est, avec son frère Viserys, la dernière descendante de la famille qui a régné sur Westeros pendant plusieurs centaines d'années, les Targaryen.<br />
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Si on se base uniquement sur ce que vous avez pu voir de la série télévisée, et je m'en tiendrai là pour ne pas vous gâcher tout les plaisirs qui vous attendent dès demain matin via vos plateformes de téléchargements pirates, les Targaryen n'ont pas une super réput' à Westeros. Leur dernier roi, Aerys, père de Daenerys, était surnommé le Roi Fou, et ses agissements macabres ont amené à une guerre, gagnée par les familles qui règnent au tout début du livre et de la série. Daenerys naît pendant cette guerre, doit s'enfuir de sa terre natale et ne jamais y remettre les pieds. <br />
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Son frère Viserys et elle errent depuis des années de l'autre côté de la mer, sur un continent exotique où une tribu nomade de guerriers règne en maîtres, par le pillage et les massacres: les Dothraki. Viserys, légitime héritier du Trône de Fer, même si c'est un gros connard, mais c'est comme ça, a besoin d'une armée pour revenir chez lui et poser les pieds sous la table. Pour l'avoir, il marie de force Daenerys à un seigneur dothraki nommé Khal Drogo, qui en plus de ressembler à un Conan passé au brou de noix, est à la tête d'une armée gigantesque.<br />
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Voilà comment on rencontre Daenerys. Dans le livre, elle a quatorze ans, elle est un peu plus âgée dans la série, sinon, du propre aveu des scénaristes, toute l'équipe aurait fini en prison. Effectivement, rien n'est épargné à la gamine.<br />
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On la marie à un gars qui est taillé huit fois comme elle et ne parle pas sa langue. Qui bien sûr, la viole la première nuit. Elle n'a aucun droit, juste celui de la fermer et de convaincre son mari d'aller mener bataille à Westeros, en se laissant violer nuit après nuit. Daenerys est une princesse par le sang, mais elle subit le sort d'une femme sur trois dans notre monde, elle est une intouchable, un bout de viande...<br />
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Sauf qu'on est pas dans notre monde, qui est bien plus injuste que celui du trône de Fer. Daenerys va se rebiffer. Violemment. Intelligemment. Je peux pas vous en dire plus, vous dire si elle est gentille ou méchante. Pas de ça dans Game Of Thrones, juste votre jugement personnel qui de toute façon, ne compte pas, Martin se moque allègrement de la bienséance, comme je l'ai compris dans un gros brouillard de larmes en lisant le huitième volume de la saga, les "Noces Pourpres". Daenerys est l'incarnation du credo de Martin: tous les coups sont permis, et les plus violents seront donnés par les plus faibles.<br />
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Daenerys est le personnage féminin le plus incroyable que j'ai pu rencontrer depuis l'âge de quatre ans, depuis que j'ai lu ma première ligne. Elle pense comme un sage, agit comme un guerrier, a le magnétisme d'un dictateur, la beauté d'une icône. Mais elle ne l'a pas reçu en héritage: elle se le forge, page par page. Dans le sang et la douleur, en se défiant de quiconque lui dicterait sa conduite. <br />
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J'ai pensé à toutes les femmes de ma vie en lisant l'histoire de la petite princesse aux yeux violets: ma grand-mère paternelle, Yvonne, qui faisait des maths quand elle s'emmerdait, qui fumait trois clopes à la fois, avait un caractère de cochon, mais avait illustré à l'aquarelle ma première nouvelle fantastique. Ma grand-mère maternelle, Simone, fille de boulanger, qui a appris à conduire à quatorze ans pour aller porter du pain aux maquisards aveyronnais pendant la guerre. Sa propre mère, Anna, qui, en voyant sa boulangerie saccagée par des officiers allemands, est allée péter un scandale monstre à la Kommandantur de Rodez, exigeant que le bordel des nazis soit nettoyé par ces même nazis, et a eu gain de cause. Ma prof de français au collège, Mme Clée, qui chérissait l'intellect et la culture, et m'a appris aussi bien à affiner mon écriture qu'à blaster verbalement ceux de mes petits copains qui n'aimaient pas les rêveuses à lunettes. Danielle, ma propre mère, bien sûr. Elle a contribué à créer l'éducation spécialisée à Toulouse, ses vinyles de Led Zep et sa guitare, elle me les a légués à treize ans, et avec, tout un tas de petits trucs pour slalomer dans cette vie, à commencer par l'humour, alors que pour tous les machos de la terre, ça serait bien le dernier truc à apprendre à une femme. <br />
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Voilà pourquoi j'aime Game Of Thrones. Parce qu'à chaque page, j'y retrouve une leçon de ma propre vie, j'ai déjà croisé chacun de ses personnages dans le monde réel, les salopards, les intrigants, les héros. C'est beaucoup plus qu'un livre, c'est une expérience troublante, de celles dont on ne sort pas indemne, de celles qui font se dire: si demain je perdais tout, il me restera toujours la rage. Et je pourrai tout reconstruire et mieux encore. Pour cela, il faut abandonner son innocence. Les vainqueurs le font tous, dans Game Of Thrones. Je vous dirai dans soixante ans si dans notre monde, c'est aussi comme ça qu'il faut faire...Pauline Espagnohttp://www.blogger.com/profile/17406982288866432244noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-7400077080513855716.post-91074019606738326062012-03-12T04:28:00.004+01:002012-03-12T07:58:59.127+01:00Poupée de cire, poupée de sonJ'aime les défauts. Les anti-héros, les personnalités qui claquent, d'une honnêteté brute, les imperfections me touchent peut-être plus que les qualités. Et ça, je le dis sans souci depuis la quiétude de ma chambre-cocon aux bougies à la vanille, mais je ne l'avouerai pas à voix haute, ça, c'est parce que je suis hypersensible.<br />
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Quand on est hypersensible, les émotions sont d'autant plus dures à maîtriser qu'elles arrivent emmêlées, en bloc, et deux fois plus fort que pour un individu aux boulons mieux vissés. On sait qu'on est ultra mal, on ne sait pas pourquoi, quelle est l'émotion qui prédomine, et pour un hypersensible, arriver à dire non pas "je me sens pas bien" mais "je suis en rogne - triste - déçu", bref, arriver à identifier son mal-être et sa cause, c'est un vrai soulagement. <br />
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Avant d'en tirer parti, c'est quand même une putain de méga-plaie. L'an dernier, quand pendant un journal, on devait parler de Fukushima, par exemple, je le faisais sans que personne n'entende que j'avais une enclume dans la gorge. J'avais une heure entre chaque canard pour faire face à l'émotion, mais elle revenait, marée montante, marée basse. Quand je me prend une baffe personnelle, je fais comme si de rien n'était, et progressivement, je balance des vannes de plus en plus osées, je dors de moins en moins, et puis ça finit par sortir, et deux fois sur trois, personne ne le sait, ne le voit, n'assiste au tsunami. Mais ça se travaille. On peut avoir une personnalité volcanique. Faut juste choisir d'être le Stromboli qui déverse son feu tranquillement, jour après jour, que le supervolcan du Yellowstone...<br />
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Et il faut se rendre compte aussi, vite, tôt, des avantages merveilleux de ce "handicap". <br />
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D'après Charlotte, une de mes collègues fan absolue des Kills, Alisson Mosshart n'aurait pas plus de cinq albums à la fois dans son iPod, jugeant qu'en avoir plus que ça en stock empêche de vraiment savourer ce qu'on écoute. Ça me rassure un peu, vu que j'ai la même attitude. J'évolue dans un milieu où il est aussi difficile d'être totalement à la page au niveau musical que d'avoir la robe qu'il fallait à chaque nouba royale à Versailles. Parce que j'ai rarement le temps, parce qu'un seul morceau peut aussi me faire la journée, trente fois de suite. <br />
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Quand j'étais ado, je m'endormais avec mon casque sur les oreilles, en boucle dedans, une seule chanson, différente chaque soir. Quand j'étais petite, je connaissais note pour note chacun de mes albums de musique ou de contes, maintenant, l'âge adulte franchement entamé, ce régime n'a toujours pas changé. Ce qui compte pour moi, plus, bien plus que d'avoir survolé un maximum de disques, de livres et de films, c'est de creuser à fond la poignée d’œuvres qui m'ont secouée, émue et forgée. Gourmette, plus que gourmande. Grâce à l'hypersensibilité. <br />
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La première fois que j'ai entendu <a href="http://youtu.be/VyqNyjuTCuA" target="_blank">Voodoo Chile</a>, de Jimi Hendrix, a été une telle explosion dans ma petite tête blonde de treize ans, qu'elle a marqué la fin de l'enfance, le début du goût pour le sel, l'électrique, le sensuel. Je l'ai écoutée une fois, deux, dix fois, incrédule, suffoquée, me doutant bien que j'allais aimer Jimi et sa guitare, mais pas au point de ressentir, ben oui, quelque part, le premier orgasme de ma vie. Plus de quinze ans après, je la réécoute en écrivant, et j'ai des frissons plein la nuque.<br />
Un an après, casque sur les oreilles à écouter "Fun Radio fait du bruit", et puis ce groupe que je connais encore mal, Metallica, et leur <a href="http://youtu.be/pB8OvPtf_d0" target="_blank">Hit the Light</a> soudain balancé sur les ondes, un titre qui a mon âge, qui arrive comme le grondement d'une armée au loin, un titre crétin, on a fait mille fois mieux depuis, mais cette nuit-là, je n'ai pas dormi. Je suis arrivée au bahut blanche comme un linge et j'ai rien compris aux cours de la journée, ne pensant qu'à un truc: retourner à la maison, me replonger dans cette furie sonore qui m'avait mordue à la carotide comme un cobra enragé.<br />
Je me revois encore, deux ans après, en cours d'anglais au lycée... Si seulement vous aviez pu voir ma tête la première fois que j'ai lu Richard III, de Shakespeare. "Here is the winter of our discontent, made glorious summer by this shining sun of York..." J'ai pris toute la magnificence de ces quelques vers direct dans la face, la morsure du froid et le picotement des nerfs caressés par le soleil, l'amertume et le soulagement, et, sous-jacente, la musicalité parfaite de ces strophes, aussi glorieuse et cinglante qu'une symphonie de Beethoven. Mon premier vrai gros concert, à l'ancien Bikini, Lofofora, 1998, mon premier slam, à peine le temps de comprendre ce que j'étais en train de faire, et la montée d'adrénaline qui transforme en plume, apesanteur, oubli, comme quand je prenais une bonne vague sur ma board à l'océan, tout n'est plus que chaos et rires, en oubliant totalement que l'atterrissage risque de faire ultra-mal. <br />
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J'ai d'ailleurs des souvenirs bien plus vivaces des bons moments que des mauvais, et je l'attribue à l'hypersensibilité, ce drôle de capodastre posé sur mes cordes à moi, qui fait d'un évènement intense un trauma, et d'un bonheur, une intervention divine, balayant les traumas. J'ai déjà manqué me noyer en bodyboard, j'étais jeune, conne et seule, coincée sous la masse d'eau, du sable plein les yeux, je ne me souviens que de la petite voix dans ma tête qui disait "calmos, bien sûr que tu vas sortir de là. T'as pas fini cette grosse tuerie de Seigneur des Anneaux, alors tu vas forcément sortir de là". Et après, la bataille du gouffre de Helm m'a au moins autant marquée que cette fois où j'ai manqué boire la tasse de ma vie. Voire, cette émotion à lire ces pages-là, comptait plus, était plus importante que tout le reste. Je me souviens à peine de la douleur que j'ai ressentie à être quittée par un gars qui comptait pour moi, il a quelques années, mais je sais que de la fureur, de la tristesse de ce moment, est née ma première émission de radio, une émission littéraire. Et le bonheur qui allait avec est encore vivant en moi, bien plus que tous les moments ou j'ai chouiné pour ce mec.<br />
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Être hypersensible est finalement devenu une bonne grosse blague permanente. Je me fous de ma propre gueule non-stop, en m'émerveillant devant une barbe à papa, un clip de Neil Cunningham, autant de trucs que je trouve non pas cool, mais magiques. Quand je vois un couple s'embrasser pour la première fois, je le sais, je reconnais un premier baiser entre mille, cette maladresse bouillante, je la vois en 3D comme si je n'avais jamais été myope, et je revis chaque bon premier baiser de ma vie quand je regarde les vôtres. Les hypersensibles sentent ces ambiances spéciales, ces tensions, bonnes ou mauvaises. J'essaie de puiser de l'énergie dans les bonnes...<br />
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Il reste un nombre incalculable de créations qui me laissent de marbre. On en discutait avec des amis, <a href="http://www.senegasbros.com/" target="_blank">deux frangins albigeois:</a> on était d'accord sur le fait que notamment sur Facebook, tout devenait "génial". On aimait tout et nawak en bloc. Like-moi ça jeune. C'est nouveau, c'est underground, va donc liker. Et dire que c'est trop génial. Mon hypersensibilité filtre énormément de trucs. Quand on me tanne avec un court-métrage amorphe d'une minute pourtant liké par deux douzaines de potes, ou un énième groupe de tough guys blah blah pow pow, la petite voix dans ma tête dit "la base de données anti-trucs sans âme a été mise à jour". <br />
C'est ça qui entre en résonance avec ce que je suis, les créations, les chansons, les films, les livres imparfaits, mais francs, simples, fait avec l'âme, sans calcul, qui vont m'empoigner le cœur comme le vilain gourou dans Indiana Jones et le temple maudit, ou comme Neo qui ressuscite Trinity. Une œuvre qui me touche ne va pas juste me toucher, elle va se tatouer à moi. Mais il faut qu'elle soit sincère, qu'elle sente le boulot, et la bagarre.<br />
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Alors voilà les derniers trucs qui m'ont défoncé le cœur. Ya du neuf, ya du vieux. Pour le très neuf, on commence par TURBOWOLF. J'ai abandonné l'exercice de la chronique détaillée de disques ya un moment, n'aimant pas vraiment disséquer ce qui doit juste se vivre. Faisons simple: ces mecs allaient se noyer dans la masse avec un nom pareil. Turbonegro, Wolfmother, j'aime bien ces deux-là, Turbowolf pouvait être leur petit frère né tardivement, le malingre, qu'on envoie au monastère des groupes attardés quand les grands frères sont élevés en chevaliers du rock n'roll, bien nés, au bon moment...<br />
Que dalle. L'intégralité de leur premier album est un buvard de LSD sonique, un rejeton de Boris, New Bomb Turks, Marvin et Ted Nugent. Et il a les joyeuses bien descendues pour un nouveau-né.<br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.youtube.com/embed/mPn8yb0l5sg?feature=player_embedded' frameborder='0'></iframe></div><br />
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Eux ne sont pas des chevaliers, plutôt des petits branleurs de mercenaires ripailleurs. Ce sont les vikings de KVELERTAK. Leur premier album me tenait réveillée dans le train de cinq heures du matin qui allait et repartait de Toulouse tous les week-end quand je bossais dans les Landes. Je les ai découvert au générique de fin de Troll Hunter, film d'horreur sympathique mais peu rigolo, et Kvelertak lui donnait enfin des couleurs dans ce générique final. Ils bossent avec Kurt Ballou de Converge, leur artwork est signé John Dyer Baizley, le gros ouf de Baroness qui fait moins des dessins que de véritables vitraux d'églises... et la caution arty s'arrête là. Kvelertak, c'est du steak tartare. C'est le coup de hache que tu rêves de coller entre les deux yeux de ton ex, ton patron, ton conseiller Pôle Emploi. C'est un album inégal, avec pourtant quelques titres comme <a href="http://youtu.be/r7sIqyoRFiU" target="_blank">Blodtørst </a>ou <a href="http://youtu.be/5o4SMlL6-s8" target="_blank">Utrydd Dei Svake</a>, qui donnent envie de tourner un reboot de Délivrance.<br />
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Regardez d'ailleurs ce que c'est pour eux, le rock n' roll, quand ils vont jouer à Singapour, état ultra-surveillé où la censure est appliquée, les manifestations interdites et où on coupe les cordes vocales aux chiens qui aboient la nuit. <br />
Forcément, on va pas aller les couper à des loups.<br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.youtube.com/embed/LeksEMcnePw?feature=player_embedded' frameborder='0'></iframe></div><br />
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J'ai beau ne pas être fan de M, il m'avait faite rire avec le complexe du corn-flakes, évoquant en un morceau funky ces micro-hontes qui taraudent tout rocker débutant né à Brive et pas à L.A. S'il faut vraiment, éternellement comparer le rock français à celui des ricains, ok, j'ose: on a nos Bouncing Souls.<br />
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Ils s'appellent The Decline!, leur premier album se nomme Broken Hymns for Beating Hearts, et c'est une suite jouissive de chansons de marins, un résumé de ce qu'est le punk: la seule musique au monde qui ne peut jamais rendre triste. Je vais les voir avec Justin(e) le 16 avril à Toulouse, un jour, je pense les revoir en première partie de Gaslight Anthem. Je leur souhaite. J'écouterai <a href="http://thedecline.bandcamp.com/track/this-citys-mine" target="_blank">This City's mine</a> en partant à Bayonne à la fin du mois, dans le train, sur la plage, saluer l'arrivée du printemps les pieds dans l'eau avec cette chanson frénétique, qui m'a déjà servie de pacemaker en janvier, sous la neige de Pau quand mon petit cœur venait de prendre très cher. Vous n'auriez pas pu choisir un meilleur titre d'album, les mecs.<br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.youtube.com/embed/kfCyvkFv9fo?feature=player_embedded' frameborder='0'></iframe></div><br />
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En parlant de Rennes, il y en a une qui boit régulièrement des canettes avec The Decline!, qui apparait même, tout en jaune soleil, dans le clip de "A Punch in my head", ci-dessus, et qui, hasard des communautés de meufs sur le Net, est devenue depuis deux ans, une amie. Yuna et moi, on ne s'est jamais vues. On n'a jamais ni le temps ni le blé pour le faire. Et c'est très nul parce que je dois à Yuna des crises de rire monstrueuses, de longues discussions dans nos QG virtuels, des moments d'apaisement quand je flippe, et un apprentissage de la féminité qui manquait à mon CV. Yuna est une artiste. Elle joue de la basse et enfile les vannes comme les perles, mais elle a aussi des pinceaux.... à maquillage.<br />
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Hé oui, s'occuper de soi, ca passe aussi par ça. Catastrophée par les tirades puantes de gens qui trouvaient à redire sur les victimes de prothèses PIP, sur la manucure de Mallaury Nataf, je tiens à vous rappeller qu'une fille qui prend manifestement soin d'elle sera plus à même de, par exemple, trouver du boulot, qu'une fille moins coquette (loi implicite définie par des hommes) et qu'en plus, si on veut se chouchouter, personne n'a rien à y redire. Je suis la danse des pinceaux de Yuna sur sa chaîne youtube, et elle m'aide à comprendre ce que j'ai de joli, de spécial, qu'on peut illuminer. Moi et plein d'autres. Alors quand je lui ai demandé de m'aider à élaborer vraiment mon maquillage d'Opiumette, voilà ce qu'elle a fait, pour moi, mais pour plein d'autres aussi. Je t'en remercie encore profondément, Yuyu. Surtout que quand on est hypersensible, on ne sait jamais par quel bout se prendre pour s'occuper de soi, toi tu me files quelques clés de compréhension, pour être gentille avec moi-même et me distraire. Quand je me maquille, je fais le vide dans ma tête, les émotions se taisent. Je suis juste zen, et appliquée. Et ça, tu le sais, tu me connais... c'est pas du luxe.<br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.youtube.com/embed/fpATcwFCJCI?feature=player_embedded' frameborder='0'></iframe></div><br />
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Quatre heures du matin. Cendrier plein, de la musique plein la tête, encore trois jours d'un long week-end devant moi avant de ré-attaquer pour les matinales du week-end prochain sur France Bleu Toulouse. Quelques albums en stock à écouter, peut-être de futurs gros trips, des livres ouverts et cornés qui attendent que je leur redonne une chance, le soleil qui revient. Chaque jour de plus en plus fort, plus longuement. C'est bon d'y être si sensible. J'attends le printemps comme un deuxième Noël...Pauline Espagnohttp://www.blogger.com/profile/17406982288866432244noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7400077080513855716.post-29608672705277938112012-02-23T23:55:00.003+01:002012-02-24T12:08:56.281+01:00Blonde RedheadAlors que je zguenais sur Internet en attendant mes invités du jour pour les enregistrer, à la radio, je suis tombée sur divers articles parlant des choix musicaux de Sarkozy pour sa campagne.<br />
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J'étais déjà nauséeuse à l'annonce de sa candidature, un non-évènement, un haussement d'épaules. Quand on sent que la moitié des français vont encore faire un choix désastreux, il ne reste plus qu'à rigoler des petits détails. C'est pour ça qu'en apprenant que la chanson de campagne de Sarko serait "Chanson pour l'auvergnat", de Brassens, je suis d'abord restée muette devant tant de cynisme. Comme dirait Tina Arena, qui avait chanté place la Concorde avec d'autres ringards absents de <a href="https://www.facebook.com/music/playlist/Mes-classiques/10150568971029331" target="_blank">la playlist de campagne du président candidat</a>, il est possible d'aller plus haut. Dans le mépris, la taille des glaviots. Mais impossible, toujours en paraphrasant Madame Arena, d'oublier ses souvenirs, comme me l'a prouvé Google il y a un instant. Quand on tape Sarkozy + auvergnat, remonte à la surface, non pas ce qui fait swinguer le nabot, mais <a href="http://youtu.be/RcgtqhIwKRU" target="_blank">le fait d'armes fâcheux de son copain Brice Hortefeux,</a> un dérapage verbal raciste comme il est coutume d'en commettre chaque jour à l'UMP. Ce sont leurs histoires du week-end à la machine à café.<br />
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Je suis fatiguée de ces beaufs. Je suis fatiguée des gens qui les soutiennent, fatiguée d'essayer de ne pas les mépriser cordialement. Pour un électeur UMP conscient de ce qu'il fait, huit autres votent pour la cravate Cerruti et le sourcil condescendant. Et un dernier ne peut pas continuer à voter FN car maintenant c'est une gonzesse qui mène la barque, et c'est ça qu'il ne peut pas accepter. <br />
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Je n'ai pas vu Marine le Pen chez Ruquier. Juste les trente secondes de son arrivée sur le plateau, et la polémique autour d'Izia qui lui aurait serré la main comme les autres avant de l'essuyer sur son pantalon. Non-évènement bis. Elle aurait pu commencer par ne pas la lui serrer, mais vous vouliez pas qu'elle se la lèche après, non plus? Le plus inquiétant n'était pas là, il était dans le public, qui a applaudi, chaleureusement, au début et à la fin. Quand Laurent Ruquier menait Rien à Cirer sur Inter, grand-messe de mes dimanches en famille quand j'étais petite, si les Le Pen avaient débarqué dans le Studio A, on aurait entendu les mouches voler, ou une huée générale. <br />
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Ce sont toujours les pourris qui génèrent le plus d'intérêt. Je souscris à cette règle via ce billet, de façon désabusée. Parlons maintenant de vilains qui bichent, toute cette mélancolie me brouille le teint.<br />
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Iliythia. Nom à coucher dehors, de ma nouvelle vilaine préférée, celle de <a href="http://www.dailymotion.com/video/xk95fe_spartacus-vengeance-spartacus-blood-and-sand-saison-2-trailer-bande-annonce-vo-hd_shortfilms" target="_blank">Spartacus</a>. Il est un peu douloureux de suivre une série sur plusieurs saisons quand on connait la fin de l'intrigue depuis deux mille ans. Je ne pense pas que le scénariste de Spartacus s'accordera une fantaisie uchronique à la Inglorious Basterds et fera mourir Spartacus entouré de ses petits-enfants dans un champ d'oliviers. Le seul truc fantaisiste de la série étant d'ailleurs le nombre incalculable de levrettes qui y sont pratiquées, un point commun avec Game of Thrones, mais on va y revenir. Dans la saison 1, c'était Lucy Lawless, ex-Xena, alias Lucretia, qui tenait le rôle de la superbitch arriviste, femme du maître de Spartacus, moitié d'un couple de Thénardier, sauf que là, Cosette, elle a des pectoraux huilés et si tu l'appelles Cosette, elle t'arrache la trachée au glaive, tellement fort que les caméras prennent peur et se mettent à filmer plus lentement à chaque baston. <br />
Bref, Lucretia, superbement entogée, passait une saison entière à lutter pour l’ascension sociale auprès son beauf de mari au sourcil condescendant, via les combats de leurs gladiateurs dans l'arène de Capoue. (Pour les plus jeunes: Pokémon n'est pas basé sur un concept de 1996).<br />
Lucy Lawless était magnifique, une splendide salope, pas assez sensuelle pour être pardonnée de ses vilenies par les hommes, assez frustrée sexuellement pour attirer une confuse empathie chez les femmes. Dans la saison 2 de Spartacus, qui arrive depuis un mois sur vos plateformes de téléchargement pirates, elle se fait dégommer, purement et simplement, par Viva Bianca, alias Iliythia. <br />
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Iliythia, c'est la nana qui te torturait au collège, la fille qui n'avait pas d'acné, qui était bonne en sport et dont les parents partaient en Espagne quand elle voulait faire des boums. Les options possibles: la suivre comme un petit chien, être sa rivale, la fuir comme la peste. Une quatrième option restait secrète: tu ne la détestais pas elle, mais toi, de vouloir lui ressembler. Iliythia est la femme d'un gradé, sommé de retrouver Spartacus et sa bande quand ils commencent à mettre le souk aux alentours de Capoue. Et très vite on apprend qu'au lieu de boire du résiné en terrasse avec les copines, la peste a un plan de campagne elle aussi: évoluer socialement, en obtenant le divorce pour épouser un sénateur plus classieux que son mari. Un gars qui ne sent pas la sueur des courses à cheval dans les campagnes. Qui aura glandé dans un amphithéatre toute la journée et donc gardé assez de forces pour lui faire sa teuf le soir, à la maison. Et elle risque de pousser très loin dans le sordide pour obtenir ce qu'elle veut.<br />
Iliythia est une beauté blonde et vipérine, incarnée par Viva Bianca, une jeune australienne dont le talent force l'admiration. Elle donne vie à un personnage atroce, dépourvu de tout sens moral, une malade mentale, une meurtrière, d'une prestance impériale. De nos jours, elle serait la première femme de dictateur à faire la couverture de Vogue, si elle ne se fait pas coiffer au poteau par Lena Headey.<br />
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<a href="http://youtu.be/8ixEWrTLiZg" target="_blank">Game Of Thrones</a>, ou comment expliquer la mafia dans l'univers de l'heroic fantasy. Lena Headey avait suscité nombre de fantasmes en apparaissant, brune et fière, <a href="http://youtu.be/wDiUG52ZyHQ" target="_blank">en reine spartiate dans 300</a>, elle redevient reine dans cette série incroyable.<br />
La reine Cersei Baratheon-Lannister, beauté blonde, ayant commandité l'assassinat de son mari Robert Baratheon, roi de Westeros, et ayant mis sur le trône un gamin illégitime, fruit de ses amours impies avec son propre frère jumeau Jaime Lannister. Tout commence au château des Stark, la famille noble qui est le pilier de l'histoire de Game Of Thrones. La famille royale s'y pointe pour demander à Eddard Stark, noble suzerain du Nord de Westeros, de venir à la cour assurer la fonction de Main du Roi, en gros c'est comme François Fillon mais avec une cotte de mailles. Le petit Bran, cadet des enfants Stark, s'ennuyant ferme, grimpe le long des parois d'une tour abandonnée, et y surprend une royale levrette entre Cersei et son bro. Mal lui en prend, les amants tentent lui aussi de le tuer. Bran survit à une chute de vingt mètres, sa mère comprend qu'il y a anguille sous roche vu qu'il est excellent grimpeur, et donc là bim bam boum guerre. <br />
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Je ne peux pas développer tous les enjeux de Game Of Thrones ici, j'ai pas assez de clopes en stock pour tenir le coup. Mais Cersei Lannister me fascine depuis treize épisodes et six romans. Sa beauté elfique, rappelant celle de Galadriel dans le Seigneur des Anneaux, couplée avec la moue d'une Silvana Mangano dans Riz Amer, et la morgue d'une femme de chirurgien cocufiée, en font une biatch nucléaire. Elle incarne la féminité sournoise décriée dans la bible et autres pierres angulaires du machisme, à faire du vice une norme tant elle le respire. A côté de Cersei Lannister, toute autre femme est un petit pot suintant et plaintif.<br />
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A noter, fait curieux, que dans l'inconscient collectif, la blonde représentait la féminité passive et malheureuse, la femme-objet désirée mais non aimée. Via les plumes des scénaristes actuels, elle devient le danger suprême. Via le vote des français aussi, si vous décidez vraiment de faire les cons en avril.<br />
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La rousse que je suis file dormir, vous bécote. Non pas sans une pensée pour les rousses qui ont influencé mon choix de couleur de cheveux, Dana Scully il ya déjà plus de quinze ans, puis Shirley Manson, Julianne Moore, Candace Kucsulain. Parce qu'à la base, je suis blonde. Mais j'essaie de vous le faire oublier à chaque billet.Pauline Espagnohttp://www.blogger.com/profile/17406982288866432244noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7400077080513855716.post-87747254979031497032012-02-14T02:13:00.000+01:002012-02-14T02:13:14.826+01:00Run, baby, run.Je bosse demain, tôt. Être sur le pont à sept heures et demie me fait bicher comme une voleuse d'aurore qui savoure les premiers rayons de jour avant tout le monde. J'ai passé une super semaine de vacances, j'ai guinché, fait l'idiote, résolu de me tirer avant mes trente ans du nid d'hirondelle glacial qui me sert d'appart, bref, que du constructif. En plus <a href="http://letoutalego.blogspot.com/" target="_blank">Christophe Senegas</a> m'a fait un cadeau de dingues: en vous baladant sur ce blog, ça et là, vous le trouverez, via ses dessins insolents. Tout ça fonce et bouillonne, trace et tourbillonne...<br />
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Mais bien sûr, que j'allais écrire un truc pour la St Valentin.<br />
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Dans la Rome antique, le jour de la Saint-Valentin a longtemps été célébré comme étant la fête des célibataires et non des couples. Ce jour là, les filles jouaient à cache-cache avec les gonzes de leur village et dès qu'elle se faisaient pécho, aller simple pour le mariage, dans l'année, avec les gars qui les avaient débusquées. La Saint Valentin faisait partie des Lupercales, fêtes du renouveau, de la purification, et du début de toutes choses, on y prenait de belles mufflées et les toges volaient vite. (source: à peu près Wikipédia).<br />
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Non je ne dirai pas que tout se perd et qu'en ce temps-là c'était moins compliqué. No love, no problem? Non je ne le dirai pas. Mais je m'interroge. <br />
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Quand j'étais sur ma radio punk, un matin de St Valentin, j'ai débarqué dans le studio à dix heures du matin, pour finir une belle nuit blanche de bacchanale avec un petit dèj en compagnie des gaziers de <a href="http://www.myspace.com/tinkietshow" target="_blank">Tinkièt</a>. Bien sûr, ayant le sens du timing, il a fallu que je pousse la porte du studio au moment où ça a commencé à parler cul à l'antenne. Il manquait une sexologue à cette spéciale 14 février. Ils m'ont ouvert un micro, ces gros salauds, mise devant le fait accompli et m'ont demandé mon nom, cher docteur. "Constance Chagasse". C'est sorti plus spontanément qu'un tweet de Morano.<br />
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Je me suis souvenue plus tard qu'en plus d'être le prénom le plus culcul du monde, c'était aussi celui de Lady Chatterley. Hormis quelques passages d'un antisémitisme avéré, c'est un bouquin sympathique, racontant l'éveil à la sensualité d'une jeune dame dont le mari est devenu impuissant genre trois pages après le mariage. Constance s'alanguit au son des feuilles de mûrier ployant sous la pluie, s'alanguit à la verte senteur du gazon anglais poussant pas trop loin des mines de charbon dégueulasses de son richard de mec, Constance passe deux cent pages à s'alanguir tellement fort que tout le monde se demande si elle suit le régime Dukan.<br />
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Mais Constance ne lit pas encore Cosmo donc elle ne comprend pas de suite que ce qu'il lui faut, c'est un amant. Y'a bien le garde-chasse, Mellors, qui passe sa vie à arpenter le sous bois en bretelles avec un chien roux, pendant que Constance s'alanguit. Un jour, il lui montre des poussins à qui il a construit une petite cabane, et puis il la chope. Qui n'a jamais tenu un poussin dans ses mains, ne peut pas comprendre à quel point le cœur de Constance se fendille à ce moment-là, elle qui en plus, était déjà sacrément alanguie.<br />
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Après ils s'envoient en l'air grave, en se disant des trucs hyper cochons, et puis à la fin, Constance va voir son mari et lui dit "Cette vie m'alanguit. Je divorce". <br />
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Donc oui dommage pour les passages antisémites, Lady Chatterley, c'est Cosmopolitan en quinze fois plus long et sans interview de Mélanie Laurent, donc c'est cool, donc c'est ça qui a légitimement guidé mon esprit pour trouver le nom de la sexologue complètement frappée qui allait dès ce jour de St Valentin 2009, officier sur les ondes.<br />
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Je faisais tout en impro. La vie, c'est de l'impro. L'amour, le sexe, c'est la vie. Donc, impro obligatoire. J'écrivais mes thématiques une poignée d'heures avant, prenait de beaux copiés collés de questions sur Doctissimo, un shot de jack dans, et on y allait. Au début, ça s’appelait Radio Muqueuse, et mon propre père, dans un haussement d'épaules moins fataliste que provocateur, m'a soufflé que "A la Queue comme tout le monde" serait plus rigolo comme nom.<br />
Et c'est là que je me suis rendue compte d'un truc intéressant. Tu peux lire trois tonnes de bouquins, avoir vu trois films par semaine pendant dix ans, citer au moins trois muses et quatre auteurs japonais sans te planter, mais le truc qui fait le plus réagir au monde, qui va t'assurer des auditeurs, des fidélités (AHA!) et de l'interactivité: c'est le cul, et l'amour, vite fait.<br />
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Je me souviens de cette première fois, ouvrir l'antenne avec Ice Cube et "<a href="http://youtu.be/FRZ3TdpEn-o" target="_blank">Why we thugs</a>", à répondre au premier courrier qui disait, en gros: "J'y crois plus, à tout ça, alors je me suis inscrite sur un site de rencontres et maintenant, à cause de tous ces nazebroques en chien qui me poursuivent, je suis devenue asociale. J'y crois plus DU TOUT. Ça se passe comment maintenant?"<br />
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J'avais conseillé à la nana d'affirmer sa différence, sortir du lot, même un peu brutalement. Je lui avais dit que la séduction était du théâtre, un rôle à tenir en ne tombant le masque que millimètre après millimètre. Je lui avais dit que l'amour était peut-être mort, mais qu'en Louisiane, on pouvait toujours faire la fête à un enterrement, qu'il ne restait que ça à faire. Puis je lui avais dédicacé <a href="http://youtu.be/RyIQHEJTULQ" target="_blank">un morceau de Ted Nugent</a> et l'avait laissée là, en embrayant sur trois cent autres cas pratiques au fil des mois, freins qui claquent, pilules qui font grossir, triolisme par surprise, et le studio se remplissait de plus en plus à chaque édition, tout le monde voulait venir raconter des conneries, boire des coups et se moquer copieusement de nous-mêmes et des autres.<br />
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On a ri, putain, pendant cette année de chagasseries, qu'est-ce qu'on a rigolé. J'étais derrière la console à foutre des claques aux potards pour envoyer du Gojira, du Slayer, du Miss Kittin, du Seth Gueko à donf dans les enceintes, on buvait des silos de bière, on se payait des barres de rire, je tombais de mon tabouret toutes les dix minutes, à voir mes potes devenir complètement salaces avec panache et vocabulaire. Le 8 janvier 2010, on a fait la dernière, je le savais pas encore. <br />
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Allez, juste pour le souvenir, on peut en écouter un <a href="http://dl.dropbox.com/u/54138167/ALQworst080110.mp3" target="_blank">Worst Of</a> ici.<br />
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Pour en revenir à la nana de mon tout premier courrier, je suis un peu au jus de ce qui lui est arrivé, après mes bons conseils. <br />
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Elle a eu un peu de mal, quand même. Elle s'est bien ramassée plusieurs fois. Et ça c'est cool, parce que ça veut dire qu'elle a pas lâché l'affaire. Elle évite de s'alanguir connement dans les pâquerettes à attendre que ça passe, à devenir trop vieille et trop aigrie pour aimer à nouveau un jour. Elle voit la vie comme une lupercale géante, et elle court vite, la gredine. Et elle pense pas qu'un mec l'attrapera. <br />
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Elle croit plutôt qu'à force de foncer, c'est elle qui va lui rentrer dedans par mégarde. Et ça, c'est pas Constance Chagasse qui l'aurait compris à l'époque.<br />
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Fêtez l'amour, car lui ne vous fêtera pas.Pauline Espagnohttp://www.blogger.com/profile/17406982288866432244noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7400077080513855716.post-70988807856264707822012-01-25T01:26:00.003+01:002012-02-13T12:45:30.279+01:00Liberté et fin du monde. Une chambre d'hôtel à Pau, janvier 2012. J'attends que Julien Dinse et ses comparses de Freak AC sortent enfin leur dernier bébé, 2013, l'histoire brillante d'un français moyen dans une France à ras des pâquerettes, qui n'a pas besoin des Mayas et autres conneries alarmistes pour être devenue une zone de non-droit, où les délinquants sont maintenant ceux ont été élus démocratiquements, et où tout ce qu'il reste en temps de crise, c'est à dire le sexe, se trouve lui-même soumis à des restrictions qui feraient passer Hadopi pour un coup de règle sur des doigts gourds d'écolier morveux. Finalement, Julien remet les choses à leurs places, à une époque où on reboote des super héros à l'infini, où une mauvaise série est plus intéressante qu'un seul nouveau film, de part son teasing permanent: le seul truc qui fait tourner le monde comme il se doit, et engendre de bons scénarii, c'est bien le désir.<br />
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En attendant donc qu'ils se décident à balancer <a href="http://2013lefilm.com/" target="_blank">2013 en ligne</a>, j'ai eu tout le temps d'une balade en solo, d'un bain moussant en solo et de, bon, ok, trois semaines maintenant, en solo, pour réfléchir à ce qu'était devenue ma vie. <br />
L'inconvénient à être précaire, c'est d'être, donc, précaire. A moins de savoir exactement le planning de ses six prochains mois, on ne peut tirer aucun plan sur la comète. Il est même fortement déconseillé de commencer à rêver tant que l'encre sur le contrat du mois suivant n'est pas sèche. Petit calcul simple: 2,5 jours de congés par mois de cdd, un cdd de 6 mois, les CDD ne prennent pas de vacances car ils sont là pour pallier au manque d'effectif titulaire, donc les congés sont payés, donc à la fin du cdd, deux semaine de salaire en plus sur la fiche de paye, comptée en carence par Pôle emploi le mois d'après si tu as choisi de ne pas bosser pendant un mois pour te reposer = le fruit de ton labeur, le truc qui te fait passer la pilule de mois entiers à travailler sans t'arrêter, tu l'oublies, il te servira à compenser l'argent de poche que te refilera Pôle le mois d'après . Celui que tu rêvais de passer les pieds dans l'eau sur une lointaine île grecque, comme le font des tas de gens pris en photo en contre plongée dans Cosmo, stetson Zara vissé au crâne, les narines dilatées d'orgueil sous un titre en vert fluo "Année sabbatique, ceux qui ont dit oui". Comment ils ont fait? <br />
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En réfléchissant un peu plus avant, je me rends compte que ces reportages ont peu à peu disparu de la presse à la con que j'affectionne, mais c'est juste parce que j'ai des meubles à caler dans mon appart en pente, hein. Disparu, donc, au profit d'autres intitulés par exemple "Micro-entreprise, ceux qui ont dit oui". Pas que nous, génération Y, voulions être précaires, cimer, mais on se fait à tout, on s'adapte. C'est une génération entière qui change de priorités, et on en vient au principal avantage de ma situation pro actuelle.<br />
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L'avantage principal de la précarité, c'est d'être libre. Un boulot en CDD et précaire, c'est un peu comme un plan cul, on se retient de vouloir trop y investir pour ne pas y laisser des plumes, on y est juste naturelle et heureuse d'en profiter, et le reste du temps on va se marrer ailleurs. Et qué sera, sera. On a un boss cool? Mazel tov. On a un affreux jojo despotique à la place? On n'aura pas à le supporter trente-cinq ans. <br />
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Dans mon métier, il nous faut voir les choses de façon encore plus légère, nous les précaires, les têtards de la grande maison ronde. On va là où le vent veut bien souffler. Et il faut impérativement le prendre comme un jeu. A l'heure où je publie ça, je n'écris qu'à 200 bornes de chez moi et je suis presque à la moitié de mon contrat en cours. Le jour où ça sera trois fois plus loin, dix fois plus longtemps, là on va rigoler comme il faut.De ma chambre d'hôtel au studio de la radio, il y a à peine cinq minutes de marche en ligne droite. Tout le reste autour apparaît d'abord comme flou, plus grand et imposant qu'il n'est, les rues ont des noms bizarres, la pluie y est plus drue, les magasins y ferment plus tôt. Et au fur et à mesure, la vision s'ajuste. On donne une chance à cette parenthése de vie. Quand je suis partie à Mont de Marsan pendant sept mois l'an dernier, les premiers jours sont passés en un éclair, puis je me suis installée dans un appart. A partir de ce moment-là, le vrai challenge a commencé. Il n'y avait RIEN à faire là-bas. Si ce n'est boire un rosé avec les autres précaires le soir, à la terrasse de la pizzeria à côté du taf.<br />
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C'était un vrai nettoyage à sec. La liberté est terrifiante. On apprend à la dompter, à être authentiquement curieux de cette nouvelle ville où on doit passer six mois, se forcer à y rester le week-end pour se sevrer un peu du quotidien, du giron aussi tendre que collant de notre appart officiel plein de reliques post-adolescentes. Un besoin de vide, de propre arrive, comme décrit dans un livre adorable de Dominique Loreau que j'avais commencé à mettre en pratique avant de partir: <a href="http://www.cles.com/entretiens/article/l-art-de-la-simplicite" target="_blank">l'Art de la simplicité</a>. <br />
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Pendant les quatre premiers mois, volontairement, je ne suis pas revenue à Toulouse. J'aurais pu, peut-être dû, mais pas voulu. Et j'ai eu le plus long rencard de ma vie, avec moi-même. Tout était devenu l'exact opposé de ma vie d'avant: du fric, un taf exigeant, un appart confortable et vide de toute déco, la solitude. Pour une durée limitée, mais pas vraiment définie. <br />
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Quand on ne peut pas jurer de l'endroit où on sera dans trois mois, quand on ne peut pas s'installer dans la routine, quand on est payée à être une meuf chouette avec une jolie voix et un peu de piquant, et dieu sait que c'est du boulot, on apprend vitesse grand V à aimer la liberté et l'instant présent. J'aime les quais de gare des petits matins glaciaux. J'aime écorcher les adresses que je prononce pour la première fois au chauffeur de taxi. J'aime me sentir dépassée devant un conducteur d'antenne que je peine à déchiffrer. J'aime la trouille monstre qui m'aggrippe avant de rencontrer un de mes boss, et la terreur pure de la première fois au mic sur une fréquence que je n'ai pas encore touchée, quand tout ton corps te remonte juste en haut de la gorge et que tu te maudis, un quart de seconde, de ne vouloir faire aucun autre métier que celui-ci. J'aime par dessus-tout l'idée que cette vie ne fait que commencer. A Mont de Marsan, je pensais souvent à <a href="http://www.douglas-kennedy.com/site/la_poursuite_du_bonheur_&300&1&1&9782714437747&0.html" target="_blank">La Poursuite du bonheur</a>, de Douglas Kennedy, l'histoire d'une femme qui traverse le siècle portée par une histoire d'amour compliquée, et sa rage de ne pas en être l'esclave, apprendre à ne plus croire aux contes de fées, l'histoire donc, aussi, d'une indépendance sans compromis.<br />
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Cette peur est une vraie drogue, elle va de pair avec le statut précaire chez Radio France. Un jour peut-être, je serai titulaire. Et d'autres changements viendront avec ce statut, plus de douceur, de calme, la nécessité d'atterrir. <br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRC3D1Ofn33IzxU5ggrOkIjeWuQzYFMaSugGjHL8khWTHIQdxz40cw1wEv_4ZkjyfmvUwQxciCXXRjCh529Tlt2zKhGEC5SfIV00hRybzETdw2-e1KH7hweHfe6wH5x3o1A0xfmQc7cMU/s1600/tank+espagno+senegas.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRC3D1Ofn33IzxU5ggrOkIjeWuQzYFMaSugGjHL8khWTHIQdxz40cw1wEv_4ZkjyfmvUwQxciCXXRjCh529Tlt2zKhGEC5SfIV00hRybzETdw2-e1KH7hweHfe6wH5x3o1A0xfmQc7cMU/s1600/tank+espagno+senegas.jpg" /></a></div>Mais d'ici là on sera largement en 2013, et il n'y aura toujours en fait qu'un seul truc qui fera tourner le monde.Pauline Espagnohttp://www.blogger.com/profile/17406982288866432244noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7400077080513855716.post-72436438533441749622012-01-02T19:41:00.001+01:002012-02-13T12:45:01.718+01:00Dr Ducon.<i>"Le célèbre nutritionniste Pierre Dukan, connu pour son régime hyper-protéiné, qui estime que "le surpoids est un véritable problème de santé publique", a écrit au chef de l'Etat. Son ouvrage Lettre ouverte au président de la République sort jeudi et Pierre Dukan dévoile lundi dans le journal Le Parisien/Aujourd'hui en France ses propositions pour combattre l'obésité.<br />
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"L'idéal serait que les industriels français comprennent qu'il y a de l'argent à gagner en produisant des aliments moins gras", assure-t-il. Dans cet ouvrage, Pierre Dukan fait des propositions concernant l'Education nationale. Il prône "une option 'poids d'équilibre' au baccalauréat". Il s'agit, pour les lycéens, d'obtenir des points pour l'examen de fin d'année simplement en gardant "un indice de masse corporel compris entre 18 et 25 entre la seconde et la terminale". Pour le nutritionniste, "ce serait un bon moyen de sensibiliser les ados à l'équilibre alimentaire", explique-t-il dans le journal."</i><br />
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source:<a href="http://www.europe1.fr/France/Dukan-ecrit-une-lettre-ouverte-a-Sarkozy-886165/" target="_blank"> Europe1.fr</a><br />
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Cher Mr Dukan,<br />
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J'ai suivi il y a quelques années votre fameux régime protéiné. Après avoir été une adolescente pulpeuse, la vingtaine ne m'a pas épargnée, et vu que Mad Men n'existait pas encore, dans l'inconscient collectif, je n'étais pas un ersatz de pin-up sudiste, mais une GROSSE. Bouh, bouh, sale. Je n'en pouvais plus du regard des autres sur mes formes généreuses, je ne pouvais plus supporter de chercher la petite bague sur les cintres dans les boutiques, qui indiquerait 42-44 sur une jolie fringue, et de voir celles-ci s'arrêter au 40, un chiffre inscrit en lettres de feu dans mon esprit de GROSSE.<br />
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Un beau jour donc j'ai commencé à ne manger que des protéines. Le premier jour ç'a m'a fait rigoler, de déclarer la guerre à mon corps. "Les gars, ya un blème au secteur estomac: Bouboule ne nous envoie que des protéines ce matin!" "Les gars, le pôle cellulite est en feu, c'est pire que Wall Street en 29 là-dedans!". J'ai carburé au surimi de la colère, pendant dix jours, avant de revoir ne serait qu'un haricot vert dans mon assiette. J'ai fêté mon anniv en plantant 24 bougies sur un steak tartare. Je n'ai pas bu une goutte d'alcool, pas mangé un seul chocolat, et tous les dix jours, je disais au revoir aux légumes et repartait sur un régime carnassier. Quand j'avais le temps et le fric pour faire la fameuse crêpe Dukan, c'était la grosse teuf, l'illusion d'une douceur, d'une trêve, et je refusais, en me regardant dans la glace, de voir que je devenais aussi grise que ladite crêpe.<br />
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Au bout d'un mois, mes potes ne me reconnaissaient pas de loin. J'entendais mes parents se demander si je ne me droguais pas. Je passais ma main le long de mes hanches, sur mon ventre, effrayée par ce nouveau corps qui me paraissait mutilé, artificiel. Je voulais voir apparaître des plaines, des infinis lisses et fermes, je voyais les os de mes hanches et une peau creusée. Mais au moins, le regard des autres changeait aussi : on ne me regardait plus du tout. J'avais perdu douze kilos. Et je me détestais encore plus que quand j'étais grosse.<br />
<br />
Dans le régime Dukan, on a droit, lors de la phase de consolidation, à un dîner de gala par semaine, où on mange ce qu'on veut. Je ne savais même plus ce qui me faisait plaisir. Et je me suis ruée sur tout ce qui m'avait faite grossir avant, que je n'aimais pas forcément mais qui était interdit donc cool: de la graisse, du fast food, des trucs exécrables. Si on est ce qu'on mange, cette phase-là a été une énorme crise identitaire.<br />
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J'ai repris sept kilos. Avec des cernes en prime et une immense lassitude, un sentiment de défaite sur moi-même, sur la vie. Jouer les Tank Girl carnivores: fini. Savourer à sa juste valeur un éclair au chocolat: fini. La bouffe, saine ou grasse, régissait toute ma vie.<br />
<br />
On en était à l'ère des autoportraits Myspace, que je parcourais de longues heures. Le monde était bourré de gens trop gros qui maîtrisaient la contre-plongée. De gens trop maigres qui posaient à poil. Cicatrices, tatouages, scarifications, cernes, graisse, os, tout le monde commençait à se montrer, en deux clics de souris. Ces corps n'étaient pas photoshopés, ils étaient plein de défauts. <br />
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Alors il m'est apparu que si je voulais vraiment en chier grave et me poser des défis insurmontables, il y avait bien un truc que je n'avais pas encore tenté: m'aimer comme j'étais. <br />
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Un corps humain, c'est aussi des cheveux qui appellent la caresse, des bouches qui font chavirer quand elles sont gourmandes, une peau douce ou rugueuse qu'on parcourt avec les doigts comme pour lire un texte en braille, des odeurs chaudes, quasi magiques, qui rendent plus heureux, quand on va les chercher dans une nuque, que d'être arrivé à rentrer dans un 38. Tout ça, je l'aimais chez les autres, je pouvais l'avoir aussi, grosse ou pas. <br />
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Docteur Dukan, votre régime n'est pas le premier que j'aie essayé. Il a été aussi inefficace que les autres, mais en prime, il m'a rendue très malheureuse. Vous êtes un chantre de la minceur, et aussi un ennemi du bien-être depuis aujourd'hui, avec votre sale petit projet rappelant de façon moins crade les exactions du docteur Kellog, qui s'intéressait aussi de très près au développement des adolescents, à grand coups de céréales, mais aussi de phénol sur les parties pour les discipliner.<br />
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Je suis devenue une grosse rebelle qui se kiffe. Ma salle de bains croule sous les produits de beauté, j'hésite entre arrêter d'acheter des fringues et déménager. Je me suis forcée à montrer mes jambes, à balancer mes pulls trop larges. Je ne me goinfre plus, j'abuse, certainement, mais je sais que j'aime les macarons à la vanille, le foie gras au pain d'épices, des trucs de grosse, ouais, qui me mettent le rose aux joues et sont une mini-fête à chaque bouchée. Je refuse de haïr les maigres comme la presse féminine et la pression sociale pourraient m'inciter à le faire. Je me fais siffler dans la rue, bombarder de textos, je suis montée sur scène en corset et stilettos, et des copines pourtant bien foutues m'ont dit que ça leur faisait du bien de voir une meuf normale s'éclater sur scène, pas une GROSSE, non, une meuf normale. <br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2vy9NNlbcCsu6P2DPtjv3JGIHHthiwW1JC_OdRUlnJoh-UcGc3wzXqTrIgkyU8rK10r_kYSAORpGxtmrdZcsHZBM_v5MffEcS8a-h_DM3lsxHK_xzuubmW8HX0QSttbYG0JLmmUOhEpk/s1600/dukan+senegas.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2vy9NNlbcCsu6P2DPtjv3JGIHHthiwW1JC_OdRUlnJoh-UcGc3wzXqTrIgkyU8rK10r_kYSAORpGxtmrdZcsHZBM_v5MffEcS8a-h_DM3lsxHK_xzuubmW8HX0QSttbYG0JLmmUOhEpk/s320/dukan+senegas.jpg" width="320" /></a></div>Ce mot que je détestais et qui pourtant me va très bien, malgré ce que vous en pensez, cher Mr Dukan...Pauline Espagnohttp://www.blogger.com/profile/17406982288866432244noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-7400077080513855716.post-16168920580170666732011-12-21T14:23:00.002+01:002012-02-13T12:44:20.484+01:00Space truckin Dans les Goonies, la binoclarde à grande gueule apostrophe sa copine pom pom girl lors d'un instant de crise avec cette phrase qui m'a durablement marquée: "Toi t'as la tête dans les étoiles, mais nous on a les deux pieds dans la merde." Ayant quelques soucis également bien terrestres dus à des formulaires arrivant trop tôt ou trop tard, j'ai choisi de me mettre au moins la tête dans les étoiles, le temps de quelques bobines et morceaux, pour relativiser. Mais ça commence pas top.<br />
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Inspiré de l'une des attractions du parc Disneyworld en Floride, <a href="http://youtu.be/0QVj9msfJ9c" target="_blank">Mission To Mars</a> prouve que son réal peut justement être un bon gros mickey. Avant même d'avoir posé un pied sur Mars, sachez que pour Brian de Palma, quand on a une avarie dans l'espace, genre un trou dans la coque, on le repère en renversant du soda et en matant par où il est aspiré. Ca fait un placement de marque, en plus. On envoie aussi des astronautes en couple dans une équipe en arguant que c'est un facteur stabilisant pour l'équipe, alors que même le spectateur éprouve des pulsions d'agacement pouvant virer au sanguinaire à voir Tim Robbins et Connie Nielsen se galocher en apesanteur sur du Van Halen. Ensuite, toujours selon Brian de Palma, sur Mars, on peut faire pousser de l'ail de Garonne sous une serre protégée par de simples bâches en plastiques. Ecoute mec, mon plant de fraises sur mon balcon toulousain a tenu un mois, alors t'arrêtes tes mythos. Le gars n'a même pas eu le bon sens paysan de taper "faire pousser des plantes sur Mars" dans Google, et il va vous faire croire qu'avec quatre bâches plantées sur une planète sans vie, youpi on a une serre et même qu'on peut s'y balader sans scaphandre. Je ne confierai jamais mes gosses à Brian de Palma.<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiAxixVvA04-5-vjA7bNoBOtpLvLKcrHpMEzKH1FBRLinZQkKPLltrhJVUOiHL0mxiY5pEDdutMidXaRodesixb_hcFWWHvzRM0ZDKtcvA4lYC0JROwzCVQBxYKr6fV_sOmbZQw5o-7Wdw/s1600/mission+to+mars+senegas.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiAxixVvA04-5-vjA7bNoBOtpLvLKcrHpMEzKH1FBRLinZQkKPLltrhJVUOiHL0mxiY5pEDdutMidXaRodesixb_hcFWWHvzRM0ZDKtcvA4lYC0JROwzCVQBxYKr6fV_sOmbZQw5o-7Wdw/s320/mission+to+mars+senegas.jpg" width="288" /></a></div>Au-delà de ces détails fâcheux, soit-disant validés par des mecs de la NASA, le film est une catastrophe intégrale. Partir sur Mars, c'est une odyssée de deux ans, dont on ne voit que quelques instants, parce que ça emmerdait De Palma, de pas pouvoir passer direct aux scènes de catastrophes et de bons sentiments à dialogues faméliques. Syndrome Roland Emmerich. 100 millions de dollars de budget. Cimer, au suivant.<br />
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Heureusement que Sandy Collora passe par là pour réaliser une curiosité underground hyper distrayante. <a href="http://youtu.be/Vp4DzRFSeq8" target="_blank">Hunter Prey</a>, 450 000 dollars. Un film de chasse sobre, de par ses petits moyens, mais qui chauffe la rétine, une course-poursuite entre des soldats et leur prisonnier sur une planète désertique. On sent planer l'ombre des premières scènes de Dune, quand Paul Atréides et sa mère sont poursuivis dans le désert par les tueurs Harkonnen, un hommage direct à Predator également, et on obtient un thriller convenu mais efficace et honnête. Et fait avec des bouts de ficelle, des chutes de métal glanées à la casse. J'aime ces petits détails, la peinture qui s'écaille, les idées de môme de huit ans. Les armes des soldats sont inspirés de jouets très aimés des geeks, les pistolets Nerf, avec lesquels on devait passer le réveillon à se foutre sur la gueule avec mes copains mais je travaille et j'en suis hyper frustrée, parce que j'aurais aimé me prendre pour l'un des soldats de Hunter Prey, et sans aucun mal, tellement Collora m'a faite plonger la tête la première dans son film. Il est presque aussi crade qu'un Alien low budget, et courageux, dans sa simplicité, sa mise en scène dépouillée. <br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgy_HBzsrpk039AwoAIbCIcDY8eZugTHo9PP4LSPN2iY6LrBn7xqmm3PVda215MmfLvawPZ2oRou4BqR7aG2tEvLKNwVwCgQV6mQLiN6rpvaIrkWX5ay4NScTpyR0cWJXxKFQej-jQLkL4/s1600/alien+prometheus+senegas.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgy_HBzsrpk039AwoAIbCIcDY8eZugTHo9PP4LSPN2iY6LrBn7xqmm3PVda215MmfLvawPZ2oRou4BqR7aG2tEvLKNwVwCgQV6mQLiN6rpvaIrkWX5ay4NScTpyR0cWJXxKFQej-jQLkL4/s320/alien+prometheus+senegas.jpg" width="219" /></a></div>Le titre originel de Hunter Prey est "Prometheus". C'est aussi le nom d'un film que j'attend avec un espoir démesuré: il est signé Ridley Scott, 72 ans, qui se remet à la SF. Ay papi. <a href="http://youtu.be/vD7Z-CTbbKk" target="_blank">Prometheus</a> devrait être lié à la mythologie Alien, qui n'a jamais été abordée en plus de trente ans d'existence au cinéma. Les Aliens sont jusque là restés un mystère. Ils se contentaient de s'introduire dans tout être humain ou vaisseau les approchant de trop près, symbolisant une punition monstrueuse pour quiconque voudrait jouer les pionniers victorieux un peu trop loin dans la grande prairie de l'espace. Là on va peut-être savoir qui ils sont, comment ils vivent, au lieu de suivre le schéma habituel à base d’œufs zarbis et de navette spatiale qui se salit bien vite. Une petite précision: Prometheus va se situer bien avant la naissance d'Ellen Ripley, madone de la quadrilogie Alien. Faut en faire son deuil et accepter qu'il y ait eu quelque chose avant Ripley. Donc potentiellement, que personne ne botte le cul des Aliens dans Prometheus. Que faut-il espérer de Noomi Rapace et Charlize Theron, les deux héroïnes? En fait, juste qu'elles ne fassent pas trop de bruit et qu'elles courent vite. Comme ça, nous, on pourra voir ce qui se passe autour d'elles, observer les Aliens avec recueillement, dans l'univers entier créé pour eux par H.R Giger qui a accepté de bosser main dans la main avec Ridley Scott pour le projet. <br />
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Autre univers qui m'intrigue, celui d'un copain musicien multicasquettes, puisqu'il est batteur mais aussi MC et beatmaker: c'est Raphaël Herbière, aka MC Monsieur. Au début des années 2000, quand Brian de Palma partait tout seul faire son crétin sur une Mars en carton, la musique du futur naissait dans des esprits désabusés, ceux des labels Def Jux, Big Dada, Ninja Tune, Ipecac, Anticon. On pouvait appeler ça de l'abstract hip-hop, si on tenait vraiment aux étiquettes. MC Monsieur est passé sous les coups de pics à glace de Clouddead, a dû vivre quelques insomnies à écouter Cannibal Ox. C'est la sensation que j'ai eue en écoutant son E.P, "<a href="http://mcmonsieur.bandcamp.com/album/le-loup-la-panthere" target="_blank">Le Loup et la Panthère</a>". Dans son hip-hop à lui, ayant le même substrat acide, se greffent ses rêveries nomades, une certaine science du calme également, grâce à des productions soignées où l'on entend ça et là les fantômes de New Flesh (for Old), DJ Krush. La musique de MC Monsieur m'évoque le monde de Kaïro, excellent film japonais où la civilisation se meurt de ne plus savoir communiquer simplement. Ce mec, lui, il y arrive. Itadakimasuuuuuu.Pauline Espagnohttp://www.blogger.com/profile/17406982288866432244noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7400077080513855716.post-73268940569458062472011-12-07T00:00:00.004+01:002012-01-30T00:09:47.402+01:00MaïwennPar honnêteté intellectuelle, je n'ai pas voulu contribuer au débat houleux sur Maïwenn avant d'avoir vu tous ses films.<br />
Je m'étais empêchée d'avoir un avis sur Baise-moi quand j'étais ado, ne sachant sur quoi me concentrer, la brutalité de la forme, la légitimité du fond. Un peu plus tard, la trilogie Millenium de Stieg Larsson remettait la question du féminisme sur le tapis, via Lisbeth Salander, que ce con de Karl Lagerfeld verrait comme la femme parfaite dans sa maigreur, son mutisme, petit robot défaillant, pur produit de la méchanceté des hommes. Je pensais à tout cela en me penchant sur l'oeuvre de Maïwenn Le Besco ces derniers temps. Une oeuvre de trois films, où elle se met sans arrêt en scène, peu ou prou.<br />
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On lui crache dessus, on l'adore. Elle fait le buzz. Mariée à seize ans à Luc Besson, puis maquée à un homme d'affaires, puis à Joey Starr. Beauté un peu dérangeante, puisqu'on ne peut pas ne pas en parler, des façons de petite fille, la dureté du sang kabyle également. L'actrice,soit-disant passée à la trappe pour laisser place à la réalisatrice, commencant sa carrière avec "Pardonnez-moi", hurlement de rage plus ou moins chorégraphié. On l'y voit à chaque scène: c'est son histoire familiale pas vraiment romancée. Ensuite, "Le Bal des Actrices", que j'ai trouvé drôle, très satisfaisant pour mes pulsions voyeuristes (j'en ai comme tout le monde, et vous aussi, sinon vous ne sauriez pas qui est Maiwenn). "Polisse", le dernier, est en salles depuis cinq semaines, et il contient suffisament de scènes poignantes pour qu'on appelle ça un vrai film. <br />
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Ce qu'on reproche à Maiwenn, c'est son exhibitionnisme. Laissez-moi rire.<br />
A l'heure de Facebook et de l'appareil photo numérique à cent euros, les gens qui ne s'exposent pas sont des parias ou des créatures exotiques, au mieux. Ce qu'on reproche vraiment à cette meuf, c'est d'assumer son envie d'être vue, mirée, scrutée, ce qu'on lui reproche, c'est de vouloir à tout prix exposer sa vie, nous la raconter. Dans la cour de récré, on disait "oh bé té celle-là elle fait son ingtéréssante". Bah ça marchait bien, c'était les petites endives jalouses qui se faisaient pas remarquer. <br />
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Je suis touchée par Maïwenn pour un point commun que nous avons: aucune imagination. Comme elle, je ne sais pas inventer des histoires. Ceci dit, je sais raconter celles que j'ai vécues, ou juste vues. Elle c'est pareil. La moitié de son œuvre sonne faux, c'est celle où elle fabule, où ses personnages lui échappent et ne survivent que par le travail d'acteurs toujours bien choisis . Par exemple, Charlotte Rampling dans le bal des actrices, devant assumer le rôle de la doyenne du casting, sous-exploitée dans son rôle de matriarche recluse au point qu'on ne comprend pas son intervention - c'est quand même la bonnasse de Portier de Nuit, à la base!<br />
L'autre moitié de ce travail, celle issue de l'observation, d'un regard aigu sur le monde, d'une grande compréhension des gens, est vivace, fait sursauter, rire, et choque. L'engueulade entre Karin Viard et Marina Fois dans Polisse est un moment incroyable, elles se jettent gentiment, puis crescendo, pour finir dans une effroyable cacophonie ou giclent insultes et fournitures de bureau. Joey Starr se voit offrir pour la deuxième fois une chance de jouer les bons papas poules, il le fait tranquillement, se foutant pas mal d'être réhabilité aux yeux du public après avoir collé une bouffe à un singe, mais voulant faire plaisir à sa nana réalisatrice.<br />
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Dans "Pardonnez-moi", le tout premier, c'est elle l'héroïne. Elle raconte son enfance malheureuse, gamine battue par ses deux parents, sommée de courir les castings. Lors de la première de son spectacle au théâtre, son père vient dans sa loge pour lui offrir un pain maison, rappelant tout ceux, sans levure, qu'il lui a balancé dans la tête quand elle était petite, finalement. Elle voudrait qu'il lui offre enfin des fleurs, des bravos, des bisous. Elle ne les aura jamais car elle ne peut parler que d'un truc: elle, et son histoire familiale pourrie par ses parents.<br />
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Pour le Bal des Actrices, elle aurait pu tourner son faux documentaire sans s'ajouter au casting dans un rôle de copine de stars, c'est vrai. Mais ce faisant, elle n'aurait pas pu expliquer comment elle obtenait des confessions aussi crues de ses actrices, les larmes de Romane Bohringer qui craque après un casting foiré, Jeanne Balibar qui saccage la caisse de son ex, bref tout ce qui a fait de ce film un bon moment de cinéma.<br />
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Pour son rôle dans Polisse, c'est plus subtil, enfin. Que fait-elle dedans? Elle est photographe commanditée par on ne sait trop qui avec du bide et des galons, pour réaliser un reportage photo sur la Brigade des Mineurs du secteur nord de Paris. On la voit silencieuse, grignotant ses croissants bio, faisant apparts séparés avec le père de ses enfants, ils sont beaux comme une pub Kooples mais point de passion derrière, que tchi, donc elle rencontre Joey Starr, elle laisse tomber ses fausses RayBan à verres blancs et elle emménage à Barbès, ouf, le bad boy fait amende honorable en sauvant aussi la bobo, le quota romance du film est respecté. C'était un leurre.<br />
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Le rôle que Maïwenn aurait dû s'attribuer, si elle avait fait ce que tout le monde attendait qu'elle fasse, c'est celui d'Iris, alias Marina Foïs. Une fliquette vénère, jolie mais garçon manqué, soupe-au-lait, masochiste, anorexique, dont les terribles névroses et leurs conséquences sont sans doute le fil rouge du film. pas les errances de Maïwenn, qui arrive enfin dans Polisse à donner vie à un personnage consistant, en s'inspirant un peu de sa douleur personnelle, mais en lâchant enfin prise et en faisant confiance à une autre actrice pour gérer cette douleur.<br />
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J'adore pas Maïwenn, je ne lui crache pas dessus. Elle m'intrigue. Et dans le paysage cinématographique français aujourd'hui, c’est déjà pas mal.Pauline Espagnohttp://www.blogger.com/profile/17406982288866432244noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7400077080513855716.post-87916019166900347502011-11-21T23:21:00.002+01:002012-02-13T12:43:21.261+01:00Aligot straight to hell.L'âge apportant la sagesse, j'ai compris que je n'avais aucun talent culinaire particulier. Au delà du gloubiboulga consistant à poser un plat à tarte en bas du frigo, renverser ledit frigo dedans et mettre au four à 180°, c'est walou. Maintenant que j'ai trois sous, je délègue. Donc ça ne m'a pas dérangée ce dimanche, d'aller manger un aligot au restau.<br />
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Faut que vous sachiez que la famille de ma mère vient de l'Aveyron. On y fait bien deux choses: s'ennuyer, et la bouffe. Ma mamie était une bonne cuisinière, elle a tenu un resto-bar-hôtel-épicerie pendant trente ans, elle faisait la tambouille pour soixante couverts tous les jours. Ma grand-mère maniait le piano de cuisine comme Gershwin, et quand des parigots arrivaient à l'hôtel, elle levait les yeux aux ciel et disait à ma daronne: "Bopopopop qu'ils étaient maigres à faire peur comme des coucarels, va leur prendre la commande, qu'ils vont encore demander des citrons pressés ceux-là".<br />
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On s'est fait des tablées hallucinantes chez mes grands-parents. La nourriture aveyronnaise se compose de peu d'ingrédients, deux en moyenne, dans des quantités éléphantesques, et cuite avec soin, minutie, surveillée d'un œil soupçonneux comme Vulcain forgeait les éclairs de foudre de son père. Si c'est pas cuit, c'est Lascaux, si c'est trop cuit, ben tu meurs. Ma grand-mère ne ratait jamais rien, et surtout pas l'aligot. <br />
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L'aligot, c'est de la purée de pommes de terre, mélangée à de la tome de l'Aubrac. Dit comme ça, ça affole pas les foules, mais en vrai, la descente d'un bon aligot dans l'estomac, c'est du câlin organique, un plat qui te fait des choses que personne ne te fera jamais même dans une hutte du Club Med. C'est la douceur de trois millions de patates liées au fromage de l'Aubrac glacial, sorti des pis de braves vaches aux yeux placides. C'est la petite pointe d'ail savamment dosée qui te picote la langue telle le cornichon du Big Mac mais version rustique. C'est la saucisse grillée qui va avec, perdue, petitoune dans le giron de l'aligot, comme une métaphore sublime de la rencontre des gamètes. C'est le plat que tu peux manger en buvant n'importe quel vin pérave puisque tes papilles sont colmatées, étourdies, tsunamisées. <br />
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Voilà avec l'homme, on est allés à l'Aligot Bar à Toulouse, dimanche, cherchant un instant doudou de rabiot après un bon week-end, dans une petite assiette d'aligot-saucisse, genre pour voir. On a débarqué dans un fast-food de bois clair, plein de néons. On a commandé, un sourire frais et sincère se dessinant sur nos deux visages. Alors déjà la petite au bar, elle a rempli deux barquettes en plastique d'aligot et elle les a mises au micro-ondes. On s'est regardés, on s'est compris, on est restés, pour savoir, pour que le monde entier sache, plus tard. <br />
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On s'est assis à table, attendant notre aligot-saucisse d'ores et déjà condamné. Un panneau lumineux affichait des photos de l'Aveyron, un écran plasma, lui faisant face, gerbait des clips de PitBull et Nicky Minaj. Entre ire et joie, nous avons vu nos deux verres de vin arriver, pour patienter. Les verres étaient plus sales qu'un pare-brise, le vin bouillant. La petite au bar nous a apporté des glaçons. Je voulais me faire seppuku. Louis a tenu, le choc, ma main, il a tout tenu. Et l'Antechrist est arrivé dans sa barquette plastique.<br />
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En mâchant ce gravas infâme au goût de rhume dans lequel gisait une pauvre saucisse carbonisée, j'ai pensé à ma mamie. Ses cheveux noirs jusqu'à ses soixante-dix ans, ses bras touillant l'aligot avec une régularité implacable, telle une Parque filant la vie elle-même condensée dans de simples patates, de la tome tampon violet de Laguiole et une glissade d'ail. Je voulais pleurer. Ton aligot, mamie, c'était de l'amour, ce que j'ai mangé dimanche, je lui ai fait subir ce que je n'ai jamais fait au tien, jamais: j'ai joué avec. J'en ai fait des petits animaux qui dansaient, en faisant des bruitages atroces, je l'ai pas fini,on s'est tirés de là pour ne plus jamais y revenir.<br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjL-60gJLGONNxKZ2F79S4XX-t9G4x-gzZdieCsKXpw_rC254TpFikklXMwua5mFmMr-lj2gjJuwUQnbRFCxywos9TjjtB3gQHiybvwYVSY2EORHh9PWLcO_8apdMcU-QPh_XJ85E8JYKM/s1600/aligot+senegas.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjL-60gJLGONNxKZ2F79S4XX-t9G4x-gzZdieCsKXpw_rC254TpFikklXMwua5mFmMr-lj2gjJuwUQnbRFCxywos9TjjtB3gQHiybvwYVSY2EORHh9PWLcO_8apdMcU-QPh_XJ85E8JYKM/s320/aligot+senegas.jpg" width="252" /></a></div>Soyez chics et humains, n'allez jamais à l'Aligot Bar à Toulouse, vous y perdrez un bout d'âme.Pauline Espagnohttp://www.blogger.com/profile/17406982288866432244noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7400077080513855716.post-56784780036935686782011-11-16T02:08:00.003+01:002012-02-13T12:42:42.243+01:00Le retour de Saturne<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2FxlQD2Vi2AK2kLSzSInIvBglRfUFUSFpGLnFYexU6SGNsTDjXDzhRjuJCCna7-uM46E9CaSb17m4aRijK04adYRTEtM-EQSVz2WaqED8PNg82ctlFvf-ZfvfKZrzRZWf2hQwF4RX6Jc/s1600/saturne+senegas.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2FxlQD2Vi2AK2kLSzSInIvBglRfUFUSFpGLnFYexU6SGNsTDjXDzhRjuJCCna7-uM46E9CaSb17m4aRijK04adYRTEtM-EQSVz2WaqED8PNg82ctlFvf-ZfvfKZrzRZWf2hQwF4RX6Jc/s320/saturne+senegas.jpg" width="280" /></a></div>Quand Gwen Stefani avait 25 ans, elle venait de se séparer de Tony Kanal, le bassiste de NoDoubt, son premier amour. Le groupe a tenu le coup, difficilement, avant de sortir "Return Of Saturn" cinq ans plus tard, premier album studio du groupe depuis le titanesque "Tragic Kingdom". Disque achevant la mutation non pas tant de la musique de No Doubt, mais de leur chanteuse, figure de proue d'un punk ska foutraque, adolescent, n'ayant aucun besoin de grandir. <br />
Gwen, si. <br />
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Elle a passé sa rupture dans les clubs, dans l'électro et le hip-hop, ses cheveux châtains blondissant de plus en plus. Je serais Joyce Carol Oates, j'écrirais ma propre version de Blonde, version Gwen. Je l'imagine dans les vapeurs des clubs de Miami, en Jamaïque, soûle, défoncée, forte d'une carrière internationale à vingt-cinq ans, un trou fumant dans le coeur et la peur au ventre à l'idée que tout ça doit, selon la presse, selon les fans, selon le monde entier, continuer. Je l'imagine entendre "Don't Speak" en boucle à la radio, l'histoire de sa rupture avec Kanal, devenir le tube du groupe. A sa place j'aurais éclaté tous les postes de ma maison en le réalisant. <br />
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Et puis elle a rencontré Gavin Rossdale, le mec pas bien coiffé de Bush, et doucement, No Doubt a repris le chemin des studios. A l'époque ou Return of Saturn est sorti, elle avait dit en interview qu'elle avait choisi le titre du skeud à l'aube de ses 29 ans, temps qu'il faut à la planète pour revenir dans le ciel de naissance de quelqu'un, amenant avec elle la fin des illusions, la fin de la jeunesse idiote et débridée. <br />
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Return Of Saturn, je l'écoutais en boucle en 2000. Je venais d'avoir mon bac L émaillé de 5 et de 18, de me faire plaquer par un crétin dont je me croyais amoureuse parce qu'on choquait tout le monde à se rouler des gadins dans un lycée catho et que je bichais de risquer l'heure de colle et la mononucléose, sweat à capuche Tank Girl, mèches violettes, baggy beige, Osiris et collier de skateur, ayant vaguement conscience que la rentrée en fac de droit à Toulouse allait être moins flamboyante que si je m'étais décidée à partir en Angleterre faire du théâtre comme j'en rêvais. Juste Gwen qui chantait Ex-Girlfriend, et moi qui chantait par-dessus, assise dans un fauteuil gonflable argenté, dans ma chambre, inutile de rire,c'était très en vogue à l'époque.<br />
Impossible, impossible de m'imaginer à vingt-neuf ans. C'était trop vieux, ça sentait la crème de nuit, les responsabilités. Saturne censé dissiper le brouillard, révéler qui on est? Putain, je voguais sur Mars.<br />
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J'en avais dix-sept, j'étais une petite conne, et je ne pensais qu'à un petit con fan de tuning, de surcroît. Le monde, c'était la rue St Rome et le Bikini du chemin des Etroits. C'était mes copains de Seaside qui avaient mon âge et grimpaient sur scène pour faire de la pop vénère un peu yaourt mais terriblement sincère. C'étaient les paquets de dix clopes, et les pétards grillés sur le trottoir au rythme des planches de skate qui raclent le béton, les poches toujours vides et les kilomètres à pied dans la nuit pour aller faire la fête dans des pavillons carrelés en banlieue, c'était les lecteurs de cds fragiles bien calés dans des besaces militaires trouvées à la fripe à côté d'un portable Itinéris, c'était jamais de l'amour, jamais du sexe, mais un truc entre les deux qui au moins, apprenait le spleen, c'est l'année où j'ai déchiré tous les posters de ma chambre, Lords Of Acid, Red Hot, Helmet, Primus, pour laisser de la place à autre chose de plus adulte. Bonne auto-blague. <br />
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Si j'avais eu un truc à souhaiter en atteignant vingt-neuf ans, ça aurait été que le brouillard se dissipe d'ici là, apercevoir d'autres limites à atteindre, la frontière avant un monde nouveau. Il s'est levé petit à petit, au fil des années. Place à l'émerveillement constant, les nuits de fête qui s'allongent, les décibels qui grimpent, l'esprit critique qui s'affûte. Je n'ai jamais pensé que je vieillissais. J'ai foncé, vraiment trop heureuse de comprendre que le monde n'était pas une plaine brumeuse aux contours mal définis comme le Mordor, mais un gigantesque parc d'attractions, dans lequel on peut courir à en user cinquante paires de Converse, faire trois fois le même manège si on le veut, éviter ceux qui font vomir et inviter tous les gens qu'on veut, jusqu'à la fin.<br />
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Cette nuit, j'attends Saturne. Je n'ai pas une seule ride. Je suis plus jolie qu'à dix-sept ans. Sur les murs, du Kandinsky, du Doisneau, du zombie, du Hendrix. J'ai un boulot merveilleux qui reprend la semaine prochaine, qui consiste à déconner de façon hyper sérieuse et qui vaut tous les cours de théâtre au monde. J'ai des amis qui sentent la crème de nuit et les responsabilités, et qui vont pourtant me faire boire et rire avec moi comme on ne savait pas le faire à dix-sept ans. J'ai rencontré un homme, un vrai qui sent bon et qui pique, qui m'apprend le contraire du spleen. Un autre état méditatif et muet, lumineux, dur à décrire. J'arrête les mots. Saturne le marmoréen est là, drapé de silence, prêt à m'apprendre ce que je vais faire des vingt-neuf prochaines années. Salut ma poule. J'ai bien aimé ta dernière cuvée, sers-moi la petite sœur, et envoies-en une tournée pour tous mes potes, ma famille et mon homme. A la vie, tchin!Pauline Espagnohttp://www.blogger.com/profile/17406982288866432244noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-7400077080513855716.post-42492214588241129212011-10-20T01:05:00.000+02:002011-10-20T01:05:58.209+02:00Bullet with butterfly wingsOn a passé un week-end avec Opium du Peuple et les Opiumettes. Il nous manquait Klodia, du côté des nanas, Kris de Ta Gueule remplace Papas à la gratte, Sylvicious n'était pas à la console, mais ça restait un casting de bons crétins ravis de se retrouver.<br />
Les garçons vont s'atteller au troisième album. Ce qui veut dire que le spectacle en entier va changer. Donc c'était très certainement notre dernière date Opiumettes.<br />
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Voilà pour l'aspect dépêche AFP du truc. Maintenant,place aux nerfs, aux tripes, au coeur qui a battu jusqu'à faire mal, ces deux nuits, et pendant un an et demi.<br />
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Willy avait fait les photos de presse avec les mecs il y a deux ans, elle y faisait n'imp avec eux dans sa tenue d'écolière coquine. Et puis un soir de St Valentin, alors au chômage, démolie, seule, Slobi, le chanteur, mon pote, me demande de remplacer le Fourb', leur régisseur, sur scène, dans le rôle de Bijou, esclave accessoiriste. "Sois porno chic". Il disait ça à une fille cachée tout au fond d'une dégaine de skateur de quinze ans, qui s'excusait d'exister entre deux explosions de sincérité au micro sur une petite radio punk dont elle venait d'être remerciée. On l'a fait, moi et mes miches, moi et mes kilos en trop plus solides qu'une armure shogun. J'ai goûté le rouge à lèvres sur ma bouche, j'ai tiré sur mes bas résilles jusqu'à me marbrer la peau, et je suis allée être le contraire de ce qu'on attendait de moi, sur scène, au Rio Grande à Montauban. Je n'en avais plus rien à foutre. Morte de peur mais résolue à faire quelque chose de neuf, à coller un énorme coup de pied dans la fourmilière, moi qui n'était plus personne quand le micro s'était éteint pour la dernière fois à FMR quelques jours avant, qui pleurait à m'en rendre malade dans mon nouvel appart sans meubles. S'il suffisait d'un peu de maquillage et de gentil scandale pour ressentir quelque chose d'agréable à nouveau, j'y allais.<br />
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Six mois après, on était à Corsept, au Festival Couvre-Feu, devant dix mille personnes, et je l'ai raconté sur Metal Sickness.<br />
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Et là j'ai compris. <br />
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J'ai compris ce que j'avais lu dans Dune, des années auparavant, sur la nécessité de maîtriser la peur, de la dompter, de la chevaucher.<br />
J'ai compris que moi qui suis tellement inquiète du regard des autres, je venais de me foutre un électrochoc pour me guérir, au lieu d'y aller mollo, tranquillement. <br />
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J'ai compris que les garçons venaient de nous offrir une expérience qu'ont déjà vécue une poignée infime de gens depuis la musique existe. L'Eldorado. <br />
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Sur scène, cette nuit-là, j'ai vécu le plus beau moment de ma vie. On était en train de faire une reprise à la con, comme toutes celles qu'ils font, et bien. On chantait, on hurlait, j'étais presque nue, c'était absurde. Et c'était... enfin, j'étais moi. Enfin j'étais Pauline, la gosse qui a su lire trop tôt, l'ado renfermée qui se démolit les mains sur sa guitare, la jeune femme mal aimée, trop grosse, qui venait de perdre un taf qu'elle aimait, de passer un an dans des chambres d'hôpital à visiter ceux qu'elle aime le plus au monde, qui avait était lâchée par ses potes pour qui elle n'était plus assez fun, du coup, est morte de peur pour tout, tout le temps, j'étais tout ça, je l'assumais et je le balançais à dix mille personnes que je n'allais jamais recroiser. J'acceptais tout ça en bloc, d'un seul coup. Tout le crade, le moche, la somme de toutes ces fois où mon ego avait été malmené, par ma très grande faute, moi qui ne voulais pas comprendre que je valais quelque chose, des fois que la vie change radicalement en le pigeant.<br />
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J'acceptais que toutes ces douleurs, ces humiliations, ces échecs, fassent partie de moi et m'aient conduite à cette scène inondée de lumière. C'est pas grave. Maintenant tu souris et tu t'amuses. Une seconde sur scène, en vaut mille de souffrances.<br />
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Depuis j'ai continué à faire l'autiste à certains aspects. Quand j'apprends combien de personnes m'écoutent quand j'ai mes contrats à France Bleu. Quand des gens que je ne connais pas me parlent de la radio, du rock, de ce que j'écris. Quand je me balade à Toulouse, et qu'en croisant une mamie ou un chauffeur routier, je me dis que peut-être, je les ai fait rire il y a quelques heures de cela, à mon micro, et qu'ils ne sauront peut-être jamais que c'est moi, qu'ils viennent de croiser, une fille plantureuse, rousse, ses écouteurs dans les oreilles, et le sourire en permanence. Quand je me fais emmerder aussi, ça arrive souvent, comme à vous tous, à la moindre prise de tête gratuite, je ferme les yeux, j'entends le hurlement des guitares, j'entends la foule qui s'éclate et devient dingue avec nous, je replonge dans cette lumière magnifique, et le reste se racornit, et part en fumée.<br />
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J'aurai toujours une armure. Mais maintenant, elle est faite de mascara, de corsets et d'ondes sonores. Et ça, c'est le cadeau que m'a fait Opium Du Peuple.<br />
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Merci les mecs, mes sensei, vous m'avez armée pour tout le reste de ma vie.<br />
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.Pauline Espagnohttp://www.blogger.com/profile/17406982288866432244noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-7400077080513855716.post-70465784475339334242011-10-11T19:03:00.000+02:002011-10-11T19:03:14.393+02:00Le trailer pour The Avengers est sorti: deux trucs qui bichent, un morceau de Nine Inch Nails, et Tony Stark quand il rencontre Bruce Banner. "J'aime bien ce truc là, que tu fais, quand tu pètes un boulon et que tu deviens tout vert". Le reste débiche. J'attends American Gods. Voilà tout.<br />
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Demain: The Thing au cinéma, la préquelle, avec la go de Scott Pilgrim qui hurle très fort dedans. en passant, si des vidéastes me lisent: pourquoi les CGI créent-ils un débat pareil et vous divisent autant?<br />
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Je re-bosse à France Bleu Toulouse en novembre, c'est confirmé. Juste le temps d'aller faire deux dates avec Opium du Peuple ce week-end, de me faire le concert de Mötorhead, et de procrastiner paisiblement. <br />
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J'aime bien Hanni El Khatib. Le genre de truc à écouter en rentrant de soirée, respirer sur le balcon en laissant du rouge à lèvres sur sa clope, au bout mordillé, en se disant parfait, je suis soûle, j'écoute un truc vaguement inaudible qui swingue de temps à autre, je suis dans un bouquin de Nick Hornby, c'est-la-classe.<br />
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En écoutant un vieux Metallica, Better Than You, je me suis rendue compte que le solo était complètement pompé sur celui de Free Bird de Lynyrd Skynyrd. Donc je me suis demandée en quoi mon amour de Metallica avait influencé mon affection pour Skynyrd. Et du coup, par quoi avait été influencé aussi mon amour pour Metallica. <br />
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Et puis la playlist a basculé sur ça et j'ai arrêté de me prendre le chou.<br />
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<a href="http://www.youtube.com/watch?v=kEkCG907L-Y"></a><br />
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