jeudi 1 septembre 2011

Toulouse, un doux matin de septembre, il fait chaud et doré à St Aubin, et j'entends Julien Rouche ricaner, deux quartiers plus loin. Je viens de perdre un pari fait avec lui il y a deux ans: je refais un blog.
Avant d'aller plus loin, générique d'intro.



A l'heure où je vous parle, il est relativement tôt, mais j'ai dû subir de nouveau une discussion peu épanouissante avec un bonhomme de Pôle Emploi et mon café a le goût des bains de mer bretons post-Erika. Cela importe peu car je sors d'un mois de vacances merveilleuses. Et méritées, car, arrêtez les rotatives c'est énorme, j'ai bossé pendant sept mois avant cela, dans la maison mère, dans le Millenium Falcon des padawans saltimbanques: Radio putain de France. Et je ne saurais tarder à y retourner, ici où là, très près ou très loin, peu importe. Mais c'est la rentrée. Il me tarde de m'y recoller.

Sept mois ailleurs, sans la famille et les amis. Des amis, j'en ai découverts d'autres au boulot et il y avait un cinéma pas trop indigent dans cette petite ville des Landes, mais l'expérience a été assez chaude bouillante à vivre. Jusqu'à la caricature. J'ai passé Noël et le jour de l'An toute seule, ai trinqué toute seule au sky-coke à minuit en sentant quelque chose d'affolé en moi se taire pour toujours, comme une petite chenille épileptique qui se déciderait à s'enfermer dans son cocon, sans peur, juste pour voir ce qu'il pourrait se passer en décidant de grandir.

 Je vivais dans un loft, un truc incroyable au sommet d'un immeuble, baigné de lumière et d'un calme monastique. J'avais poussé mon lit contre l'une des immenses baies vitrées pour m'endormir à la belle étoile toutes les nuits. C'était magnifique.

 Et j'ai bossé comme une malade. Sans comprendre les trois quarts de ce qu'on me demandait au départ, en sentant le trac dans tout mon corps chaque fois que le micro s'allumait.
 La première minute d'antenne a été épouvantable. Trois ans de radio avant cette minute, à parler livres, ciné, musique et courriers du cœur, à être toute seule à la console ou à cinquante pendant les festivals, à criser de rire avec les potes ou papoter avec Sepultura, Orelsan, Lisa Kekaula, Ghinzu et j'en passe, prendre le mic' euphorique, soûle, déprimée, en colère, rêveuse, et pfuit! tout oublier en un quart de seconde, la lumière rouge de la bague du micro s'allume, et pendant ce quart de seconde, je n'étais plus, au mieux, qu'une franche envie de crever. Je n'ai jamais fait de black-out sauf pendant cet instant-là, et une autre fois avec de la vodka à la myrtille. Même la première scène en tant qu'Opiumette à Corsept, à côté, c'était moins difficile. On ne sait pas qui nous écoute. On ne sait pas combien ils sont. On sait juste qu'ils sont très, très nombreux, qu'ils s'en foutent pas mal de savoir que c'est le premier jour de taf et qu'il va falloir être ce qu'on n'a encore jamais été: professionelle.

Au moment où j'écris cela, je cherche aussi un nom pour ce nouveau blog, et je tiens absolument à rendre hommage à Joe Strummer ce faisant. Merci les citabooks: " Le jour où j’ai rejoint The Clash, je suis revenu à la case départ, l’année zéro. Le punk t’obligeait à oublier une bonne partie de tes acquis." Ca date de 1976 et ça trouve un bel écho dans ce que je ressens depuis des mois.

Mon métier est très simple et très compliqué à la fois. Quand je travaillais dans cette radio punk à Toulouse, c'était à tâtons, dans le noir, à faire ce que je voulais puisque rien n'était interdit. Sauf qu'il est finalement plus intéressant d'avoir des contraintes. Il est plus drôle, plus épanouissant d'être une tête brûlée et de se discipliner, je n'ai jamais été aussi punk que depuis que la grande maison ronde de l'avenue Kennedy m'a donné un matricule et des milliers d'auditeurs. Joe Strummer, repose en paix papa, disait également, que le punk, c'était traiter tous les êtres humains de façon exemplaire. Mon métier me permet d'être en contact avec plus de gens que je ne saurais en compter pour les faire sourire cinq minutes pendant un embouteillage. Une blague, un encouragement, une anecdote sur le morceau qu'on vient d'écouter, le dernier film que j'ai aimé, papoter quand l'antenne est ouverte aux auditeurs. Juste être là, avec bienveillance.

Dans une prochaine note, je vous parlerai peut-être du vernis Crack de chez H&M qui est une sacrée merde, ou de Pinocchio de Winshluss qui est la meilleure BD du monde. Voire les deux. C'est mon côté guedin.


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