mercredi 21 décembre 2011

Space truckin

 Dans les Goonies, la binoclarde à grande gueule apostrophe sa copine pom pom girl lors d'un instant de crise avec cette phrase qui m'a durablement marquée: "Toi t'as la tête dans les étoiles, mais nous on a les deux pieds dans la merde." Ayant quelques soucis également bien terrestres dus à des formulaires arrivant trop tôt ou trop tard, j'ai choisi de me mettre au moins la tête dans les étoiles, le temps de quelques bobines et morceaux, pour relativiser. Mais ça commence pas top.

Inspiré de l'une des attractions du parc Disneyworld en Floride, Mission To Mars prouve que son réal peut justement être un bon gros mickey. Avant même d'avoir posé un pied sur Mars, sachez que pour Brian de Palma, quand on a une avarie dans l'espace, genre un trou dans la coque, on le repère en renversant du soda et en matant par où il est aspiré. Ca fait un placement de marque, en plus. On envoie aussi des astronautes en couple dans une équipe en arguant que c'est un facteur stabilisant pour l'équipe, alors que même le spectateur éprouve des pulsions d'agacement pouvant virer au sanguinaire à voir Tim Robbins et Connie Nielsen se galocher en apesanteur sur du Van Halen.  Ensuite, toujours selon Brian de Palma, sur Mars, on peut faire pousser de l'ail de Garonne sous une serre protégée par de simples bâches en plastiques. Ecoute mec, mon plant de fraises sur mon balcon toulousain a tenu un mois, alors t'arrêtes tes mythos. Le gars n'a même pas eu le bon sens paysan de taper "faire pousser des plantes sur Mars" dans Google, et il va vous faire croire qu'avec quatre bâches plantées sur une planète sans vie, youpi on a une serre et même qu'on peut s'y balader sans scaphandre. Je ne confierai jamais mes gosses à Brian de Palma.
Au-delà de ces détails fâcheux, soit-disant validés par des mecs de la NASA, le film est une catastrophe intégrale. Partir sur Mars, c'est une odyssée de deux ans, dont on ne voit que quelques instants, parce que ça emmerdait De Palma, de pas pouvoir passer direct aux scènes de catastrophes et de bons sentiments à dialogues faméliques. Syndrome Roland Emmerich. 100 millions de dollars de budget. Cimer, au suivant.



Heureusement que Sandy Collora passe par là pour réaliser une curiosité underground hyper distrayante. Hunter Prey, 450 000 dollars. Un film de chasse sobre, de par ses petits moyens, mais qui chauffe la rétine, une course-poursuite entre des soldats et leur prisonnier sur une planète désertique. On sent planer l'ombre des premières scènes de Dune, quand Paul Atréides et sa mère sont poursuivis dans le désert par les tueurs Harkonnen, un hommage direct à Predator également, et on obtient un thriller convenu mais efficace et honnête. Et fait avec des bouts de ficelle, des chutes de métal glanées à la casse. J'aime ces petits détails, la peinture qui s'écaille, les idées de môme de huit ans.  Les armes des soldats sont inspirés de jouets très aimés des geeks, les pistolets Nerf, avec lesquels on devait passer le réveillon à se foutre sur la gueule avec mes copains mais je travaille et j'en suis hyper frustrée, parce que j'aurais aimé me prendre pour l'un des soldats de Hunter Prey, et sans aucun mal, tellement Collora m'a faite plonger la tête la première dans son film. Il est presque aussi crade qu'un Alien low budget, et courageux, dans sa simplicité, sa mise en scène dépouillée.

Le titre originel de Hunter Prey est "Prometheus". C'est aussi le nom d'un film que j'attend avec un espoir démesuré: il est signé Ridley Scott, 72 ans, qui se remet à la SF. Ay papi. Prometheus devrait être lié à la mythologie Alien, qui n'a jamais été abordée en plus de trente ans d'existence au cinéma. Les Aliens sont jusque là restés un mystère. Ils se contentaient de s'introduire dans tout être humain ou vaisseau les approchant de trop près, symbolisant une punition monstrueuse pour quiconque voudrait jouer les pionniers victorieux un peu trop loin dans la grande prairie de l'espace. Là on va peut-être savoir qui ils sont, comment ils vivent, au lieu de suivre le schéma habituel à base d’œufs zarbis et de navette spatiale qui se salit bien vite. Une petite précision: Prometheus va se situer bien avant la naissance d'Ellen Ripley, madone de la quadrilogie Alien. Faut en faire son deuil et accepter qu'il y ait eu quelque chose avant Ripley. Donc potentiellement, que personne ne botte le cul des Aliens dans Prometheus. Que faut-il espérer de Noomi Rapace et Charlize Theron, les deux héroïnes? En fait, juste qu'elles ne fassent pas trop de bruit et qu'elles courent vite. Comme ça, nous, on pourra voir ce qui se passe autour d'elles, observer les Aliens avec recueillement, dans l'univers entier créé pour eux par H.R Giger qui a accepté de bosser main dans la main avec Ridley Scott pour le projet.



Autre univers qui m'intrigue, celui d'un copain musicien multicasquettes, puisqu'il est batteur mais aussi MC et beatmaker: c'est Raphaël Herbière, aka MC Monsieur. Au début des années 2000, quand Brian de Palma partait tout seul faire son crétin sur une Mars en carton, la musique du futur naissait dans des esprits désabusés, ceux des labels Def Jux, Big Dada, Ninja Tune, Ipecac, Anticon. On pouvait appeler ça de l'abstract hip-hop, si on tenait vraiment aux étiquettes. MC Monsieur est passé sous les coups de pics à glace de Clouddead, a dû vivre quelques insomnies à écouter Cannibal Ox. C'est la sensation que j'ai eue en écoutant son E.P, "Le Loup et la Panthère".  Dans son hip-hop à lui, ayant le même substrat acide, se greffent ses rêveries nomades, une certaine science du calme également, grâce à des productions soignées où l'on entend ça et là les fantômes de New Flesh (for Old),  DJ Krush.  La musique de MC Monsieur m'évoque le monde de Kaïro, excellent film japonais où la civilisation se meurt de ne plus savoir communiquer simplement. Ce mec, lui, il y arrive. Itadakimasuuuuuu.
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