jeudi 1 septembre 2011

La guerre est déclarée.

La publicité comparative est autorisée en France mais se pratique pourtant rarement.  C'est une spécialité américaine, et n'étant pas farouchement anti-yankees, je vais l'utiliser ce soir pour vous expliquer pourquoi l'indispensable de cette rentrée, de cette année, c'est La Guerre Est Déclarée.

1) Je n'entend parler que de deux personnes depuis six mois (en excluant volontairement Natalie Portman car tout a déjà été dit à son sujet): c'est Lars Von Trier et Mélanie Laurent.

2) Je n'ai aucune envie de dézinguer gratuitement le premier, n'ayant pas vu Melancholia, mais il a surtout fait parler de lui cette année via une session provoc nazi à Cannes, et depuis John Galliano et le prince Harry, c'est très surfait. De ce que je sais de Melancholia, le meilleur acteur dedans, c'est la planète qui entre en collision avec la nôtre, Kiki Dunst y prend au moins deux bains en une heure, ce qui n'est pas eco friendly et Charlotte Gainsbourg y tousse pas mal. A ce compte, j'aime autant regarder un épisode de Maggy.

3) La deuxième est partout. J'ouvre la presse: Mélanie Laurent m'explique qu'elle a fait un album avec Damien Rice, qui vient du cœur. Puis qu'elle produit un film qui vient des tripes. Puis qu'elle va officier à Cannes (terre courage dites donc!) et que c'est vraiment cérébral. Je ne veux pas savoir avec quel organe elle va produire la suite. Cette jeune fille est bien dispersée. Je ne saurais l'en blâmer, j'aime aussi toucher à tout. Mais qu'elle commence à débattre de sa surmédiatisation, cela sent l'immaturité à plein nez. Que quelqu'un lui dise donc de descendre de ses grands chevaux, de la fermer une minute pour regarder le travail des autres, et d'aller se coller devant "La Guerre Est Déclarée".



Film quasi autobiographique de et avec Valérie Donzelli, celle-ci partage l'affiche avec son compagnon Jérémie Elkaïm, pour nous offrir un conte de fées à l'envers: celle du cancer de leur bébé.

Pour ceux d'entre vous qui viennent de partir à l'instant sur un tumblr plein de photos de cupcakes histoire de se changer les idées: dommage j'allais vous dire que le film ouvrait avec un plan d'Adam, non pas bébé mais petit garçon, et en bonne santé. Adam, dont les parents prénommés Roméo et Juliette, dans la tragédie annoncée de leur rencontre, offrent, par ce prénom, tout l'espoir du monde à leur fils, en toute innocence.

Il y avait beaucoup de parents dans la salle ce soir. Ils ont adoré les premières scènes, Adam a trois semaines et va bien, il est juste un peu agité et ne fait pas ses nuits. Les parents du public étaient morts de rire devant la tête abasourdie d'Elkaïm face à son fils crépi de biberon, ne sachant pas par quel bout le prendre, devant la pédiatre qui en a vu d'autres et explique pour la millième fois de sa carrière comment arrêter de flipper face à un bébé qui hurle, l'empathie fonctionnant en à peine deux minutes entre les personnages et les spectateurs.

 Le timing  du film est admirablement bien calculé. Petit tour de passe-passe essentiel quand l'inimaginable se met en place, Adam a alors un an et demi. La scène du diagnostic est odieuse, mais la réaction de Roméo et Juliette sera d'une intensité égale: la guerre est déclarée. No pasaran. Ils se battront comme des chiens pour leur fils, pour eux, pour la vie. Les scènes douloureuses sont aussi longues que les joyeuses, chacune est composée d'un mélange de gourmet entre tendresse et cruauté. L'amour juvénile et foufou de Juliette et Roméo se transforme sous nos yeux, en l'amour vrai, absolu... et le seul qui peut tenir la route, celui qu'ils ont pour Adam.

 A l'instar d'un conte de fées, vous savez que ça finira bien, on vous l'a dit au tout début du film. Mais rappellez-vous: dans Cendrillon, on ne vous a pas raconté en détails les années de souffrance de la petite bonniche. Dans le Petit Poucet, on ne vous a pas montré ça que ça avait fait au bûcheron de laisser tomber ses enfants. Dans la Guerre est Déclarée, vous allez le voir, le comprendre et en ressortir ... différent.

Moi j'ai beaucoup pleuré et je m'apprête à sortir boire un coup en bonne compagnie, sachant que c'est plus savoureux sans raison, qu'en ayant quelque chose à oublier. Merci à Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm pour cette leçon.
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2 commentaires:

Laurent a dit…

Constance back on ze web !
Hop, dans les favoris.

Unknown a dit…

Yeah, pareil!