jeudi 23 février 2012

Blonde Redhead

Alors que je zguenais sur Internet en attendant mes invités du jour pour les enregistrer, à la radio, je suis tombée sur divers articles parlant des choix musicaux de Sarkozy pour sa campagne.

J'étais déjà nauséeuse à l'annonce de sa candidature, un non-évènement, un haussement d'épaules. Quand on sent que la moitié des français vont encore faire un choix désastreux, il ne reste plus qu'à rigoler des petits détails. C'est pour ça qu'en apprenant que la chanson de campagne de Sarko serait "Chanson pour l'auvergnat", de Brassens, je suis d'abord restée muette devant tant de cynisme. Comme dirait Tina Arena, qui avait chanté place la Concorde avec d'autres ringards absents de la playlist de campagne du président candidat, il est possible d'aller plus haut. Dans le mépris, la taille des glaviots. Mais impossible, toujours en paraphrasant Madame Arena, d'oublier ses souvenirs, comme me l'a prouvé Google il y a un instant. Quand on tape Sarkozy + auvergnat, remonte à la surface, non pas ce qui fait swinguer le nabot, mais le fait d'armes fâcheux de son copain Brice Hortefeux, un dérapage verbal raciste comme il est coutume d'en commettre chaque jour à l'UMP. Ce sont leurs histoires du week-end à la machine à café.

Je suis fatiguée de ces beaufs. Je suis fatiguée des gens qui les soutiennent, fatiguée d'essayer de ne pas les mépriser cordialement. Pour un électeur UMP conscient de ce qu'il fait, huit autres votent pour la cravate Cerruti et le sourcil condescendant. Et un dernier ne peut pas continuer à voter FN car maintenant c'est une gonzesse qui mène la barque, et c'est ça qu'il ne peut pas accepter.

Je n'ai pas vu Marine le Pen chez Ruquier. Juste les trente secondes de son arrivée sur le plateau, et la polémique autour d'Izia qui lui aurait serré la main comme les autres avant de l'essuyer sur son pantalon. Non-évènement bis. Elle aurait pu commencer par ne pas la lui serrer, mais vous vouliez pas qu'elle se la lèche après, non plus? Le plus inquiétant n'était pas là, il était dans le public, qui a applaudi, chaleureusement, au début et à la fin. Quand Laurent Ruquier menait Rien à Cirer sur Inter, grand-messe de mes dimanches en famille quand j'étais petite, si les Le Pen avaient débarqué dans le Studio A, on aurait entendu les mouches voler, ou une huée générale.

 Ce sont toujours les pourris qui génèrent le plus d'intérêt.  Je souscris à cette règle via ce billet, de façon désabusée. Parlons maintenant de vilains qui bichent, toute cette mélancolie me brouille le teint.

    Iliythia. Nom à coucher dehors, de ma nouvelle vilaine préférée, celle de Spartacus. Il est un peu douloureux de suivre une série sur plusieurs saisons quand on connait la fin de l'intrigue depuis deux mille ans. Je ne pense pas que le scénariste de Spartacus s'accordera une fantaisie uchronique à la Inglorious Basterds et fera mourir Spartacus entouré de ses petits-enfants dans un champ d'oliviers. Le seul truc fantaisiste de la série étant d'ailleurs le nombre incalculable de levrettes qui y sont pratiquées, un point commun avec Game of Thrones, mais on va y revenir. Dans la saison 1, c'était Lucy Lawless, ex-Xena, alias Lucretia, qui tenait le rôle de la superbitch arriviste, femme du maître de Spartacus, moitié d'un couple de Thénardier, sauf que là, Cosette, elle a des pectoraux huilés et si tu l'appelles Cosette, elle t'arrache la trachée au glaive, tellement fort que les caméras prennent peur et se mettent à filmer plus lentement à chaque baston.
Bref, Lucretia, superbement entogée, passait une saison entière à lutter pour l’ascension sociale auprès son beauf de mari au sourcil condescendant, via les combats de leurs gladiateurs dans l'arène de Capoue. (Pour les plus jeunes: Pokémon n'est pas basé sur un concept de 1996).
Lucy Lawless était magnifique, une splendide salope, pas assez sensuelle pour être pardonnée de ses vilenies par les hommes, assez frustrée sexuellement pour attirer une confuse empathie chez les femmes. Dans la saison 2 de Spartacus, qui arrive depuis un mois sur vos plateformes de téléchargement pirates, elle se fait dégommer, purement et simplement, par Viva Bianca, alias Iliythia.

Iliythia, c'est la nana qui te torturait au collège, la fille qui n'avait pas d'acné, qui était bonne en sport et dont les parents partaient en Espagne quand elle voulait faire des boums. Les options possibles: la suivre comme un petit chien, être sa rivale, la fuir comme la peste. Une quatrième option restait secrète: tu ne la détestais pas elle, mais toi, de vouloir lui ressembler. Iliythia est la femme d'un gradé, sommé de retrouver Spartacus et sa bande quand ils commencent à mettre le souk aux alentours de Capoue. Et très vite on apprend qu'au lieu de boire du résiné en terrasse avec les copines, la peste a un plan de campagne elle aussi: évoluer socialement, en obtenant le divorce pour épouser un sénateur plus classieux que son mari. Un gars qui ne sent pas la sueur des courses à cheval dans les campagnes. Qui aura glandé dans un amphithéatre toute la journée et donc gardé assez de forces pour lui faire sa teuf le soir, à la maison. Et elle risque de pousser très loin dans le sordide pour obtenir ce qu'elle veut.
Iliythia est une beauté blonde et vipérine, incarnée par Viva Bianca, une jeune australienne dont le talent force l'admiration. Elle donne vie à un personnage atroce, dépourvu de tout sens moral, une malade mentale, une meurtrière, d'une prestance impériale. De nos jours, elle serait la première femme de dictateur à faire la couverture de Vogue, si elle ne se fait pas coiffer au poteau par Lena Headey.

Game Of Thrones, ou comment expliquer la mafia dans l'univers de l'heroic fantasy. Lena Headey avait suscité nombre de fantasmes en apparaissant, brune et fière, en reine spartiate dans 300, elle redevient reine dans cette série incroyable.
La reine Cersei Baratheon-Lannister, beauté blonde, ayant commandité l'assassinat de son mari Robert Baratheon, roi de Westeros, et ayant mis sur le trône un gamin illégitime, fruit de ses amours impies avec son propre frère jumeau Jaime Lannister. Tout commence au château des Stark, la famille noble qui est le pilier de l'histoire de Game Of Thrones. La famille royale s'y pointe pour demander à Eddard Stark, noble suzerain du Nord de Westeros, de venir à la cour assurer la fonction de Main du Roi, en gros c'est comme François Fillon mais avec une cotte de mailles. Le petit Bran, cadet des enfants Stark, s'ennuyant ferme, grimpe le long des parois d'une tour abandonnée, et y surprend une royale levrette entre Cersei et son bro. Mal lui en prend, les amants tentent lui aussi de le tuer. Bran survit à une chute de vingt mètres, sa mère comprend qu'il y a anguille sous roche vu qu'il est excellent grimpeur, et donc là bim bam boum guerre.

Je ne peux pas développer tous les enjeux de Game Of Thrones ici, j'ai pas assez de clopes en stock pour tenir le coup. Mais Cersei Lannister me fascine depuis treize épisodes et six romans. Sa beauté elfique, rappelant celle de Galadriel dans le Seigneur des Anneaux, couplée avec la moue d'une Silvana Mangano dans Riz Amer, et la morgue d'une femme de chirurgien cocufiée, en font une biatch nucléaire. Elle incarne la féminité sournoise décriée dans la bible et autres pierres angulaires du machisme, à faire du vice une norme tant elle le respire. A côté de Cersei Lannister, toute autre femme est un petit pot suintant et plaintif.


A noter, fait curieux, que dans l'inconscient collectif, la blonde représentait la féminité passive et malheureuse, la femme-objet désirée mais non aimée. Via les plumes des scénaristes actuels, elle devient le danger suprême. Via le vote des français aussi, si vous décidez vraiment de faire les cons en avril.


La rousse que je suis file dormir, vous bécote. Non pas sans une pensée pour les rousses qui ont influencé mon choix de couleur de cheveux, Dana Scully il ya déjà plus de quinze ans, puis Shirley Manson, Julianne Moore, Candace Kucsulain. Parce qu'à la base, je suis blonde. Mais j'essaie de vous le faire oublier à chaque billet.
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